Remember Me? (Buddie)

By Kit-chenSink

8.5K 486 1.9K

Elle doit être là, quelque part... Sûrement dans un vieux carton où au fond d'un tiroir. Cette maudite photo... More

1
2
3
4
5
6
7
8
9
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36

10

250 11 45
By Kit-chenSink

-C'est toujours la même chose.

Eddie pivota la tête, décrochant son regard des lumières de l'aube qui peignaient sur les bâtiments gris, des rayures dorées et rougeâtres. Il commençait déjà à sentir la chaleur du début de journée qui tapait les vitres, avec des rayons de soleil qui brûlaient la peau si elle n'était pas suffisamment protégée. Et à cet instant, il aurait sûrement préféré profiter de sa journée de repos pour aller se promener avec Christopher, et le faire monter dans la grande roue sur la jetée, mais il était coincé là. Son fils était avec son assistante sociale, sur qui Eddie pouvait compter les yeux fermés, et dans le meilleur des cas, si son état de santé s'était amélioré, il n'aurait sûrement pas risqué qu'il attrape à nouveau quelque chose en allant trop à l'extérieur.

C'était idiot, mais après avoir vécu toute son enfance à El Paso, aujourd'hui encore, il avait un mal de chien à s'adapter aux variables de Los Angeles. Par chance, Christopher n'avait connu que la Californie.

Ce qui s'était passé à El Paso et qui l'avait poussé à partir, devait rester enfoui dans sa mémoire et dans sa ville natale. Autre part, non. Certainement pas dans la tête de son fils. Du moins, pas tant qu'il n'en avait pas l'âge.

-Je commence par étouffer, et je finis par avoir la vision troublée, la migraine qui me prend, et mon corps ne m'obéi plus.

-Et il est toujours là?

Eddie reporta une nouvelle fois son regard vers l'extérieur, attiré par l'ombre d'une mouette. Il hocha lentement la tête, pensif.

-Est-ce qu'il fait quelque chose de différent par rapport à toutes les autres fois? Quelque chose comme...Bouger, parler, ou ne serait-ce que regarder quelque chose.

Eddie laissa son regard se perdre dans le vide, et il essayait, il essayait aussi fort que possible pour lutter contre cette mauvaise habitude, mais là encore, il n'y arrivait pas. Son esprit s'envolait et il pouvait rester des minutes entières comme ça, absent, sans répondre aux questions et sans réfléchir. Seulement rêvant de quelque chose auquel il pensait trop souvent.

-Non, souffla t-il, fatigué. Il ne bouge pas. Il ne parle pas, il ne cherche même pas à m'atteindre. Tout ce qu'il fait, c'est me fixer, et rester debout, à attendre que les flammes l'avalent.

Il cligna des yeux et essuya immédiatement la larme qui coula sur sa joue droite, du revers de la manche, avant de se frotter la paume des mains sur son jean, jusqu'à ce qu'elles soient rougies.

-Dîtes moi, relança t-il naturellement, est-ce que vous pensez que ça revient?

Le docteur Schieffer le dévisagea un instant avant de secouer les épaules, évacuant toutes les questions qui la submergeaient.

-Je ne pense pas que vos hallucinations reviennent Eddie, avoua t-elle. Je pense qu'elles ne sont jamais parties.

Il ferma les yeux, encaissant la nouvelle, alors qu'au plus profond de lui, il savait ce qu'elle dirait, et il savait aussi, qu'elle avait raison. Même s'il s'était forcé de le nier et de se convaincre qu'il était enfin libre, il savait qu'il ne l'était plus depuis bien longtemps.

C'est pas grave, il n'a pas besoin d'être libre. Après tout, il a bien réussi à construire sa vie à partir des morceaux de puzzle qu'il lui restait.

Et encore, plusieurs fois l'image s'était à nouveau détruite. Shannon était partie, son fils était malade, le puzzle n'avait plus vraiment d'aspect plaisant et agréable à regarder, et il trônait, dans un cadre, dans une pièce fermée à clef et où les araignées avaient élu domicile.

-Je peux vous prescrire des calmants, au cas où une nouvelle crise se présenterait, mais je sais que la dernière fois les effets secondaires ont été beaucoup plus agressifs que prévus, alors c'est à vous de décider.

Il secoua la tête, pendant un long moment, sentant en lui, le combat entre sa raison et son envie, qui luttaient l'une contre l'autre pour prendre le dessus, et il ne réussit pas à choisir.

-Pas pour l'instant, de toutes manières, il me reste quelques cachets à la maison si besoin.

-Je vous conseille un peu de repos également, et Eddie?

Il tourna la tête, un sourcil arqué, concerné.

-Rencontrez du monde.

Ca sonnait presque comme un reproche, mais il n'en tint pas compte. S'il avait appris une chose, en trois ans de consultations et de rendez-vous avec elle, c'était qu'elle avait bien souvent, totalement raison. Et il devait l'admettre, en dehors de ses collègues de travail, il n'avait jamais cherché à rencontrer qui que ce soit. Ca ne le dérangeait pas vraiment en soit, parce qu'il n'était pas non plus quelqu'un de très fêtard ou de très intéressé par les amitiés, mais récemment, il avait commencé à sentir seul, et à ressentir le poids du silence et de la solitude. Son fils grandissait, il passait du temps avec des amis, et parfois il ne dormait pas là le soir, et s'il se cachait bien de lui faire savoir, Christopher lui manquait parfois. Et il aurait aimé, certaines soirées, avoir quelqu'un avec qui échanger une partie de console, deux trois bières ou de la frustration devant le foot.

Mais inlassablement, il finissait par s'endormir dans son sofa et se réveillait en pleine nuit pour finalement rejoindre son lit, qu'il ne quitterait que le lendemain autour de dix heures.

-Je ne vois pas ce que rencontrer du monde va vraiment m'apporter en dehors des ennuis et des déceptions, baragouina t-il, désabusé.

Elle sourit, attendrie et raya quelque chose sur son calepin avant de le fermer et de le poser sur la petite table noire, dans un geste désinvolte.

-Vous êtes toujours aussi têtu, ça, ça n'a pas changé.

Il fit une grimace boudeuse avant de sourire, gêné et de se frotter le coin de l'oeil gauche.

-Qu'est-ce que vous diriez d'essayer au moins? Sortez prendre un verre, avec un ami, ou une inconnue, essayez de tisser des liens, et qui sait, ça pourrait avoir une bonne influence sur votre fils.

Il pencha la tête sur le côté, son égo légèrement blessé, alors que sa psy venait littéralement de remettre en cause son impact sur son fils. Pendant tout ce temps il s'était cru suffisant à Christopher, et là, alors qu'il était venu de son plein gré, il se faisait lyncher, parce que soit disant, il se renfermait sur lui-même. Et puis il était têtu, il se braquait facilement, et il était parano. Légèrement traumatisé, totalement bloqué sur le passé et très peu enclin à faire confiance.

Putain, elle avait totalement raison. Il était un cas désespéré et irrécupérable.

-J'ai revu un ancien camarade de classe il y a quelques jours, se rappela t-il, et la façon dont il l'annonça, ressemblait de près à de la fierté qu'il ne cacha pas.

Elle non plus, ne se priva pas d'exprimer sa satisfaction en affichant un sourire, et une mimique, presque impatiente.

-De quoi avez-vous discuté?

Elle s'était de nouveau avachie dans le fond de son sofa, et avait croisé les jambes.

C'était marrant, car d'après lui, la docteur Schieffer, était bien l'une des seules qui prenait la liberté de s'habiller comme tous les jours, et de simplement revêtir par dessus sa robe à fleurs, une blouse blanche.

Des plantes vertes, des cadres photos de voyages, et des dessins d'enfants trônaient au dessus et aux côtés du sofa, donnant à l'ensemble de la pièce, un air chaleureux et rassurant.

Eddie trouvait ça oppressant et étouffant. Mais d'un côté, le fait qu'elle ne soit pas habillée comme tous ces scientifiques ou médecins qu'on peut retrouver dans les asiles, à su le convaincre de revenir, et elle devait le savoir.

-Du fait que personne de tout mon bahut ne se souvenait de moi.

-Mais lui, renchérit-elle, il s'est souvenu de vous n'est-ce pas?

Eddie allait répondre, que ça n'avait été qu'un pur hasard, mais il se tut. Sur son visage, un grimace de surprise apparu et il se mura dans une profonde réflexion, avant de souffler.

-Oui...A vrai dire...

Il hésita une seconde, essayant de remettre en place les idées qui fusaient dans son esprit, mais il se rendit compte, qu'il n'y arrivait pas. Rien n'avait de sens, parce qu'il avait discuté pendant un quart d'heure avec lui et tout ce qu'il avait découvert, était qu'Evan en connaissait presque plus sur lui que sur sa propre personne. Ca l'inquiéta.

-A vrai dire, il savait des choses sur ma vie, je ne pensais pas que quelqu'un ai pu me cerner à ce point. On s'était pas vus depuis dix ans, et il se rappelait de chaque petite chose que je faisais adolescent, limite s'il pouvait lister chaque tenue que je portais.

Il fixa le vide, ne cherchant pas à cacher son doute et son incompréhension, avant de se frapper le front du plat de la main.

-Oh bordel, me dîtes pas que je suis tombé sur un psycopathe.

Il fit une mine déconfite et Alicia -son nom lui était revenu subitement- explosa de rire avant de secouer la tête et de rouler des yeux.

-Non, les probabilités pour que ça arrive sont tellement faibles, que je peux vous assurer que ce garçon ne va pas vous tuer dans votre sommeil.

Elle ricana encore un peu avant de se râcler la gorge et de faire des gestes, l'incitant à continuer.

-Vous n'avez jamais été proches au lycée?

Eddie secoua la tête.

-Je n'ai jamais été proche de qui que ce soit.

Elle fit une grimace désabusée.

-Sociable il disait, murmura t-elle suffisamment fort pour qu'il l'entende.

Eddie ne releva pas, par principe, il ne voulait pas se braquer et lui donner raison, mais aussi, il ne pouvait supporter qu'elle n'ai, une fois de plus, pas tord. Il semblait que toute sa vie était remise en question, par un simple détail qu'il n'avait jamais remarqué jusqu'ici: il n'était pas si seul que ça.

-Quoi qu'il en soit, c'est une bonne nouvelle? Suggéra t-elle. Une personne semble s'intéresser à vous et vous donne l'impression de ne pas avoir été...qu'une présence au fond d'une classe. Vous devriez essayer de tisser des liens avec lui!

Eddie secoua immédiatement la tête et croisa les bras, reportant son attention sur l'extérieur.

-Même si je voulais, ce n'est clairement pas le cadet de ses soucis, la dernière fois que je l'ai vu, il s'est enfui en ignorant mes questions et en me specifiant bien qu'on a "jamais été amis et que ça ne changera pas".

Il fini par hausser les épaules, assurant que ça lui était égal et que de toutes manières, il n'avait pas besoin de ça dans sa vie.

-De quoi avez-vous besoin alors?

Il se pinça l'intérieur de la joue.

-Qu'on me laisse tranquille. Et une bonne nuit de sommeil au passage.

-Ca fait combien de temps que vous n'avez pas vraiment fermé l'oeil?

-La dernière fois, c'était après la soirée chez une de mes amies, qui s'avère être en l'occurence, la soeur de ce type là.

Le docteur Schieffer grimaça, plus ça allait et plus elle avait l'impression que les noeuds se déliaient et que les coincïdences devenaient des évidences. Elle décida de passer outre.

-Et est-ce que vous en avez discuté? Du fait qu'il se rappelait de vous?

-Je ne l'ai pas revue depuis, donc non. De toutes manières je ne vois pas de quoi je pourrais lui parler, ce n'est pas quelque chose qui la concerne.

Elle haussa les épaules mais ne dit rien.

-Pour revenir sur vos hallucinations, est-ce qu'elles se sont accentuées à cause d'un évènement?

Eddie la fixa un instant, cherchant à savoir ce qu'elle pouvait bien vouloir dire par là et il finit par se frotter l'arrière du crâne, ressentant une légère démangeaison, et il imaginait déjà sa peau rougir au fil que son stress augmentait.

-Donc je vais supposer que oui, répondit-elle au bout d'un moment, voyant qu'il ne réagissait pas. Depuis combien de temps?

Il se pinça les doigts, nerveux et bougonna.

-Quatre mois...

Elle haussa les sourcils, dépassée et déglutit, avant de croiser les mains.

-A cause de l'intervention sur Hollywood Street?

Il croisa son regard et le trouva tellement intimidant qu'il baissa les yeux et les ferma, penchant la tête sur le côté, hésitant.

-Vous savez tout aussi bien que moi que ce qu'il s'est passé n'a rien à voir avec vous. Vous êtes pompier, mais pas superman.

-Vous savez Alicia, c'est toujours plus facile de dire que c'est pas la faute de l'un ou de l'autre, mais quand il s'agit d'assumer des responsabilités et de trouver un coupable, ça devient difficile tout d'un coup.

Eddie avait relevé des yeux accusateur vers elle, et il le regretta immédiatement, se sentant coupable et secoua les épaules.

-Je n'étais pas au bon endroit, je n'ai pas su tenir mon rôle et la gamine y a laissé la peau. Dix sept victimes dans cet incendie, une seule enfant, et c'est de ma faute.

Alicia hocha la tête, assimilant les informations sans broncher.

-Lève-toi.

Il haussa les sourcils et l'interrogea du regard, croyant ne pas l'avoir bien entendue.

-Lève-toi allez! Répéta t-elle en lui faisant signe.

Ils avancèrent jusqu'à la fenêtre et Eddie fronça les sourcils tout du long, perplexe.

-Regarde.

Le soudain changement de ton et de politesse de sa docteur le surprit, mais il ne trouva pas ça désagréable. A vrai dire, il aimait bien l'idée qu'elle puisse devenir une confidente. Une amie en blouse blanche.

-Tu vois ces gens en bas, ils vont tous à la fête forraine, et l'espace d'une journée, ils essayent d'oublier, leurs dettes, leurs disputes, leurs problèmes, leur santé en vrac et tous leurs malheures. Qui te dit que...Cette dame juste là, n'a pas, il y a quelques années, causé la mort d'un enfant en le renversant sur la route parce qu'elle était ivre? Qui te dit que ce gars là, n'est pas chirurgien et n'a pas laissé mourir sur sa table, un père de famille qui était juste venu se faire retirer l'appendice? Qui te dit que ce gosse, qui se marre avec sa bande potes, n'a pas harcelé un petit pendant tout son collège et qu'il ne s'est pas suicidé?

Eddie ne pouvait détacher ses yeux des trois personnes qu'elle avait pointé du doigt, et il ne pu s'empêcher de ressentir une légère rancune à leur égard.

-Mais si ça se trouve, ils n'ont rien fait du tout et ce n'est qu'en rentrant ce soir, que ce type va percuter une voiture, ou va laisser allumer son chauffage dans l'appartement, mettant ainsi le feu à toute une bâtisse.

Elle avait tourné la tête vers lui et l'avait penchée, le regardant de profil, cherchant à interpréter les tensions qui agitaient ses muscles de mâchoire.

-Ce que je cherche à te faire comprendre, c'est que ce n'est pas toi qui a choisi de perdre cette fille ce jour là, comme ce n'est pas toi qui est responsable de ce qui s'est passé à El Paso.

A l'entente du nom de sa ville, il se tendit et détourna le regard. Finalement, ces dessins d'enfants étaient plutôt bien réalisés.

-Ramon n'est pas mort par ta faute, mais bien par celle de celui qui a décidé de mettre le feu ce jour-là. Tu ne pouvais rien faire, tu n'étais qu'un enfant et tu n'as jamais été entraîné à lutter contre ce genre de fléau.

-Elle était sous ma surveillance!

Il s'était retourné et avait le doigt pointé vers le sol, les pupilles dilatées.

-Ils étaient partis au restaurant ce soir-là, c'était la première fois qu'ils me laissaient seul avec ma soeur. J'avais douze ans, j'étais capable de la surveiller, ils m'ont fait confiance, et pourtant! Et pourtant, se calma t-il finalement, elle est morte là-bas. En même temps que mon père.

Alicia cligna lentement des yeux et essaya de rester le plus calme et accueillante possible. Elle patienta.

-Alors ne me dîtes pas de me calmer alors que vous savez très bien qu'on peut pas rester calme après ce qu'il s'est passé, et ne me demandez pas d'oublier, je n'ai pas envie d'oublier.

-Eddie? Appela t-elle, essayant de le ramener à la réalité, ou du moins, de le sortir de sa tête. Tu sais bien que chacune de tes hallucinations ne sont que des images de ce jour-là, et je sais que tu veux que ça s'arrête, parce que sinon tu ne reviendrais pas me voir de ton plein gré.

Il ricana, amer, tout en se grattant l'intérieur de la paume.

-Vous savez, fit-il en s'adossant à l'un des murs de la pièce, que tout le monde a cru que je n'étais qu'un gamin bizarre et réservé, alors que j'étais celui qui n'avait pas pu sauver sa petite soeur de huit ans, qui n'a pas pu sauver son père, et qui n'a rien pu faire pour sauver sa femme? Je suis devenu pompier pour qu'une chose comme ce qu'il s'est passé à El Paso ne se reproduise plus, mais depuis que je porte ce badge, je n'ai fait qu'enchaîner les échecs.

-Est-ce que Christopher est un échec?

Il releva la tête, piqué au vif et il sentit son coeur louper quelques battements. La culpabilité l'envahi tellement rapidement, qu'il en eu le souffle coupé. Il ne s'attendait pas à une telle réplique, et s'il devait être honnête, elle lui faisait mal.

-Non...Christopher est loin d'être un échec. C'est peut-être bien la seule réussite que j'ai jamais eue, admit-il à demi-mot.

-Et bien, pourquoi pas se reposer sur cette réussite? Emmène ton garçon s'amuser, essaye de profiter de tes réussites. Tiens, allez tous les deux à la fête forraine, prend le temps de savourer au moins une journée. Et qui sait, tu pourrais peut-être inviter cet ancien camarade de classe? Essaye de tisser des liens, même s'ils sont fragiles.

Eddie souffla du nez. Les liens fragiles, il connaissait, il en avait toujours eus, et c'était aussi pour ça qu'il avait décidé d'arrêter d'en créer. Des amitiés à court termes qui ne mèneraient, de toute manière, à rien. Mais il n'en savait rien, il avait comme ce ressentiment, que cette fois, ça pourrait être différent.

-Est-ce que vous pensez sincèrement que ça pourrait m'aider à ne plus avoir ces flashs?

Elle hocha vivement la tête.

-Ce n'est pas une science exacte, mais il faut que tu essaies. Et, je serais contente de savoir si ça t'as aidé, ajouta-t-elle en tendant une carte de visite, avec son numéro. Ce numéro peut servir pour toute urgence si besoin. Si tu as envie de parler, n'hésite pas.

Eddie tourna le carton entre ses doigts sans vraiment le regarder, et il n'arrivait plus à réfléchir.

Ou alors, il réfléchissait trop. En fait, il ne savait plus vraiment faire la différence, et il devait l'admettre, ça lui foutait réellement les jetons.

-Envoyez-lui un message, conseilla t-elle.

Eddie su immédiatement que son temps était écoulé, et que le rendez-vous qu'il s'était lui même attribué, arrivait à son terme. Le soudain vouvoiement laissait penser que le docteur cherchait à rétablir une relation professionnelle pour clôturer leur entretien.

Il l'interrogea du regard.

-Envoyez-lui un message! Répéta t-elle, presque enthousiaste. Je suis certaine que vous avez déjà essayé de le contacter, alors pourquoi pas?

Il secoua la tête.

-Il a cassé son portable. Il ne répondra pas.

-Essayez au moins, il en a peut-être récupéré un autre.

Eddie la dévisagea longtemps et souffla.

Il sortit son portable, retourna sur la conversation twitter et resta bloqué une seconde sur la notification de vu, qu'il avait reçue quelques jours plus tôt, alors qu'il n'avait reçu aucune réponse.

👤 : Salut, c'est Eddie. Encore. Je me demandais si tu étais intéressé par la fête foraine à Palmeo Beach. Je prévois d'y aller avec mon fils et je me suis dit que ça te plairait de revivre ça comme tu n'es pas revenu à Los Angeles depuis un moment.

Pour être honnête, quand il rangea son téléphone dans sa poche arrière et qu'il se dirigea vers la porte de sortie, il ne s'attendait pas à recevoir la moindre réponse. Il avait compris le peu d'intérêt que le frère de Maddie portait à ses messages, et honnêtement, il s'en fichait.

Toutefois, il peina à cacher sa surprise, et Alicia l'a perçu aisément, quand il entendit le bruit d'une notification.

Elle le laissa sur le pas de la porte, tandis qu'il vérifia son téléphone. Ses doigts restèrent en suspend et finalement, il l'éteignit et la gratifia d'un petit sourire compatissant.
Quand il fit son chemin retour jusqu'à l'ascenseur, il sentit le regard chaud et soucieux de sa psy.
Dans la cage d'ascenseur, il se laissa submerger par la solitude, à nouveau.

Il alluma son portable et relu la notification.

👤 :Désolé, occupé.

Puis il souffla, nostalgique.

Finalement, il n'écouterait probablement pas ce que le docteur avait dit et il irait simplement se coucher, et s'assurer que son garçon allait bien.

Quand il entra dans sa voiture, il fronça les sourcils, dérangé par l'odeur de cramé d'un vieux pot d'échappement, et en levant les yeux, il perçu une vieille cabriolet cabossée dont le moteur avait été laissé allumé. Il roula des yeux et démarra. Avant de passer la première, il reçu un nouveau message.

👤: Retire ce que j'ai dit, c'est une bonne idée. Tu peux venir me chercher, ma caisse est en panne. 31 Inglewood Av. Appartement 335.

En sortant du parking souterrain et après être passé sous le même perron, Eddie hésita à nouveau. Mais cette fois, il hésita entre la gauche et la droite.

Finalement, il écouterait peut-être Alicia, il était prêt à tout pour laisser derrière lui ces visions qui lui ruinaient la vie.

Quitte à se la ruiner encore plus.

Continue Reading

You'll Also Like

113K 3.1K 95
Salam Waleykoum !! Histoire fictive de Neyla... Bonne lecture🤍
115K 8.9K 45
- 𝗟𝗡𝟰 ; Amaya et Lando « Dans les yeux de l'amour, tout est possible. » 24.03.24 - 17.05.2024 Cette histoire n'est pas une chronique. [Terminé...
8.9K 272 6
Dites vous qu'on est des visionnaires parce qu'on a commencé cette fanfic bien avant le débat (Attal avait refusé notre demande de stage donc on voul...
45.3K 1.2K 40
Maria Sainz petite sœur du grand Carlos Sainz décide sur un coup de tête de rejoindre son frère à une de ses course, être avec Carlos et ses amis lu...