— Il n'est pas méchant ... c'est sa façon d'être c'est tout mais c'est vrai qu'au final on est un groupe assez hétérogène.

Les autres rigolent quand Béatrice vient poser une question qui m'intéresse au plus haut point :

— D'ailleurs Lou, personne ne t'intéresserait ici ? Fais un effort ! On t'a jamais vu sortir avec qui que ce soit hormis avec tes bouquins. T'es trop timide, dit-elle en faisant la moue.

— C'est vrai ça ! Regarde tu pourrais faire des tonnes de potentielles rencontres ici ! enchaîne Max enthousiaste.

— Rho c'est bon laissez-moi tranquille ! dit-elle gênée. Vous avez pas d'autres choses à faire ?

Elle est donc seule et ça depuis un moment. C'est rassurant mais est-ce que j'ai mes chances ? Célibat est loin d'être synonyme d'intérêt pour la gent féminine. Et je serais bien frustrée de me faire des films naïvement... Enfin, à ce que je sache un râteau n'a jamais tué personne et qui ne tente rien n'a rien. Aux dernières nouvelles je ne suis pas dotée du mythique « gaydar » et j'ai passé l'âge de chercher sur internet « comment savoir si elle est attirée par les filles ? » pour me rendre compte que ce n'est qu'une histoire de langage corporel qui peut être biaisé.

Je remarque Max à la limite de se lécher les babines en fixant le verre du mec d'à côté d'un air envieux :

— Bon il se fait soif, je reviens !

— Je t'accompagne ! dit Béatrice en suivant son copain.

— Vous voulez quelque chose à boire ? nous demande Adam.

— Non merci je ne bois pas. Tu sais... On n'a pas ce corps de rêve sans faire de sacrifices, dis-je en souriant d'un air narquois en prenant la pose.

Il rigole et part rejoindre les autres qui sont allés chercher à boire. Nous laissant seules Lou et moi. C'est le moment où jamais :

— Hum, c'est peut-être indiscret mais... Pourquoi tu es seule ?

— Oh hum... C'est simplement que je n'ai jamais trouvé la personne faite pour moi je pense. J'imagine que je suis assez difficile... Mais comment dire... Je trouve ça vraiment compliqué de se lier à quelqu'un et je veux vraiment pas me précipiter à la première occasion.

— Je comprends tout à fait, si tu veux quelque chose de sérieux il faut être patiente.

— Et hum... Toi tu as quelqu'un en ce moment ?

— Non pas du tout, mais je t'avoue que j'ai une personne en vue, dis-je en la regardant dans les yeux avec mon sourire le plus sincère.

— Je vois, hum, tu m'excuses une seconde ? Je vais aux toilettes, dit-elle en se levant un peu gênée.

Elle m'abandonne. J'espère ne pas l'avoir vexée avec mes questions... J'ai connu plus subtil comme approche, mais je perds tous mes moyens à ses côtés.

J'attends son retour mais elle commence à tarder. Un gars me bouscule, il semble à deux doigts de vomir à mes pieds, et lâche son gobelet. Son contenu se renversant majoritairement sur le sol mais mon haut n'est pas épargné... Une bonne excuse pour partir vers les toilettes voir si tout va bien. Les lumières et la foule ne me facilitent pas la tâche mais je finis par l'apercevoir à la sortie de ceux-ci ; un homme visiblement éméché lui barrant la route. Je m'approche pour la débarrasser du lourd quand je vois sa main s'approcher dangereusement de sa poitrine.

Je n'ai pas le temps de me précipiter pour prendre sa défense qu'il est déjà au sol, maintenu par la belle qui le maîtrise d'une clé de bras parfaitement orchestrée.

Il crie comme un porc éventré, sa position est visiblement peu confortable. Elle ne lui a rien cassé mais au vu de l'expression sur son visage ce n'est qu'une question de temps.

Je m'approche du duo pour les séparer et rendre le bougre à ses compères qui paniquent, témoins de la scène. Je l'emmène avec moi pour être au calme et sortir du bar pour prendre l'air :

— Ça va Lou ? Il ne t'a rien fait ..? Je suis désolée j'aurais dû t'accompagner...

— Je suis juste un peu tendue... Je... Je vais rentrer.

— Mais attends tu ne veux pas prévenir les autres ? Tu ne vas pas rentrer toute seule !

— Je leur enverrai un message, bonne soirée Violette.

Elle s'en va sans dire un mot de plus. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je suis bouche bée. Je la pensais si fragile mais elle a maîtrisé cet homme en moins d'une seconde. Elle semble pourtant si timide et sans défense. Comme on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort. J'imagine qu'elle a dû prendre des cours de self-defense pour se protéger en prévision de ce genre d'événement... Je ne peux pas me permettre de la laisser seule. Je cours la rejoindre.

— Je t'accompagne, ne t'inquiète pas, je te forcerai pas à parler, je veux juste être là pour toi. J'aurai pas l'esprit tranquille si tu es seule pour faire la route après ce qu'il s'est passé.

Elle hoche la tête en signe d'approbation et nous rentrons silencieusement à la cité U sous le ciel étoilé. Elle ne me repousse pas c'est déjà ça ...

Renarde et flocon de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant