Origines (Princesse Mononoké)

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     - Des loups !

     - Que viennent-ils faire ici ?

     - Sont-ils venus pour nous punir ?

     - Oh mais qu'avons-nous fait ?

     L'agitation était au comble dans le petit village au cœur de la forêt du Dieu cerf. Moro et ses trois fils marchaient d'un pas lent en direction de l'entrée, toujours en compagnie d'Hana qui avait recommencé à mâchouiller le cerceau noir. Les habitants couraient se refugier dans leurs demeures, et Moro stoppa alors son avancée. Sin et ses deux frères firent de même et le louveteau posa la petite humaine sur le sol. Ils attendirent, sans intentions mauvaises, et l'une des villageoise s'en aperçu :

     - Ils ont une petite fille !

     On vit alors la tête de la jeune femme sortir de l'encadrement en bois qui marquait l'entrée du village. Ses longs cheveux bruns broussailleux dansèrent au rythme du vent, elle osa s'aventurer à la merci des prédateurs.

     - Reviens, on en sait pas ce qu'ils nous veulent !

     La concernée ignora la remarque qu'on lui avait lancé, et répondit d'un ton calme :

     - C'est une Déesse protectrice de la forêt, elle est sage, je ne pense pas qu'elle veuille nous attaquer. Et si c'est le cas, je lui parlerai.

     La jeune téméraire s'avança encore et regarda la jolie petite fille s'amuser au pied des quatre loups. Elle ne paraissait pas en mauvais état, et aucune trace de peur ne se faisait ressentir en elle. La jeune femme afficha un sourire plein de tendresse et s'inclina devant les divinités lorsqu'elle fut assez proche :

     - Je vous salue, Déesse de la forêt.

     Moro n'esquissa pas le moindre geste.

     - Moi et les villageois aimerions savoir ce qui vous amène si près de notre village prospère, et quelles sont vos intentions.

     Toujours aucun signe de la part de la louve. La jeune femme en était déconcertée mais ne laissa rien paraître. Elle attendit, face aux trois bêtes, puis la mère et le petit louveteau qui avait tenu l'humaine dans sa mâchoire s'inclinèrent à leur tour et firent volte face pour s'enfoncer à nouveau dans la forêt, suivi des deux autres, laissant la gamine derrière eux.

     La villageoise se précipita pour prendre l'enfant dans ses bras et sourit en voyant disparaitre le pelage blanc de Moro entre les arbres. Leur village avait toujours été en harmonie avec les Dieux et leur forêt. Jamais personne n'avait faillit à cette loi, mais tous craignaient qu'un jour la forêt ne se retournât subitement contre eux.

     Elle rentra au village avec la nouvelle arrivée dans les bras, et tout le monde les dévisagea. La jeune femme n'arrêta pas sa progression, sachant pertinemment où elle allait. Elle traversa leur petit village, slalomant entre les travailleurs et les enfants qui courraient dans tous les sens. Elle s'arrêta devant une porte en tissu et l'écarta avec sa main libre, avant de pénétrer dans la petite demeure, logée au pied d'une grotte.

     - Qui est-ce ? demanda la voix grave et fatiguée d'une femme ayant dépassé la cinquantaine.

     Elle était assise sur une chaise au fond de la petite maison quasiment vide, dénuée de tout objet personnel, et garnie de seulement une table, un meuble et un lit.

     - C'est moi, répondit la jeune femme d'une petite voix. Des loups ce sont approchés du village...

     - J'ai entendu, coupa la plus âgée.

     - Ils ont ramenés un bébé...

     Cette fois-ci, l'ainée se retourna brusquement et fixa la jeune femme de ses yeux rougis et globuleux. Celle-ci s'approcha timidement en présentant la petite Hana à celle qui avait perdu sa petite fille dans la forêt il y a quelques semaines de cela. Elle fixa intensément la petite qui avait cessé de jouer avec le cerceau et fixait elle aussi celle qui pourrait potentiellement être sa mère.

     - Ce n'est pas elle, trancha la femme d'une voix brisée.

     L'autre hésita un moment avant d'articuler :

     - Ne voudrais-tu pas la garder tout de même ?

     La vieille femme lui tourna le dos et balbutia :

     - Je n'en veux pas, garde-la toi si tu veux.

     Il était inutile d'insister. La brune se retira et admira la jolie petite fille de ses yeux noisette :

     - Qu'est ce que je vais faire de toi ?

     La petite sourit et lui tendit avec ses petites mains le bijou qui appartenait à sa mère.

     - C'est bien trop grand pour toi ça dis moi, il appartenait à ta mère je suppose. Qu'a-t-il bien pu lui arriver ?

     La jeune femme soupira tandis qu'Hana commençait à s'assoupir dans le creux de ses bras. Autour d'elle, un groupe commença à se former et à poser des questions :

     - Qu'est ce qu'ils voulaient ?

     - Pourquoi ont-ils ramené cette petite ?

     - Elle a de la chance d'être en vie.

     La jeune femme ne s'en préoccupait guère. Elle se laissait attendrir par la petite forme recroquevillée dans ses bras qui dormait à poings fermés. Elle ne répondit qu'à une seule question :

     - Qui va la garder ?

     - Je m'en occuperais.

     Les villageois se dispersèrent, et s'est ainsi que la jeune Line, devint la tutrice de la petite Hana. Du moins, pour le moment.