50/ Danger

33 7 6
                                    

            Ashitaka avait besoin de sortir, de respirer l'air frais de la nature, de courir dans les champs d'herbe verte, de profiter de cette saison si magnifique. Il méditait sans cesse dans sa demeure désormais vide, pour chasser les mauvaises idées de son esprit et essayer de trouver des solutions.

Assis en tailleur, les mains posées sur son pantalon bleu ciel, il sentit un souffle chaud sur ses cheveux bruns attachés en chignon. Il ouvrit les yeux et la présence derrière lui commença alors à lui mâchouiller les cheveux. Il rit et se retourna pour gratter le museau de l'élan rouge qui avait fait irruption chez lui.

— Comment t'es tu échappé toi ? demanda-t-il sans espérer de réponse.

Il se leva et la monture se frotta à lui avec tendresse :

— Excuse moi Yakkuru, je ne me suis pas beaucoup occupé de toi ces derniers temps.

L'élan qui avait toujours été distant avec le jeune homme continuait de réclamer ses caresses et Ashitaka poursuivit :

— C'est moi ton maître à présent. Mais tu le savais. Tu as senti qu'il était mort n'est ce pas ?

Comme pour le réconforter, Yakkuru plongea son museau sous son bras et Ashitaka lui tapota le cou :

— On va aller faire un petit tour tous les deux, ça nous fera du bien.

Le jeune homme enfila alors un court kimono bleu sur son torse nu et entraîna sa monture aux longues cornes grises vers l'enclos pour le sceller. Il se demandait toujours comment l'élan avait fait pour s'évader, mais il murmura alors :

— On a tous les deux besoin de s'évader un moment.

Il ne remarqua pas alors la jeune fille cachée derrière l'enclos, qui se félicita d'avoir libéré Yakkuru pour qu'il aille sortir son maitre de son trou. Ashitaka accrocha les rennes rouges autour de la tête de l'élan et positionna la selle sur son dos. Avec agilité, il grimpa sur sa monture et prit soin de passer la corde de son arc autour de ses épaules avec son carquois derrière son dos.

L'élan partit alors au galop à l'extérieur du village, dépassa la clairière qu'Ashitaka maudissait tant, sauta par-dessus un muret, traversa la forêt à toute allure, évita les branches basses des arbres, sauta de rochers en rochers, déboucha dans un immense champ d'herbe verdoyante et s'arrêta un moment.

Ashitaka prit une grande bouffée d'oxygène et crut retrouver sa vie d'avant. Comme si ses parents étaient toujours en vie, que la bataille n'avait jamais eu lieue, et qu'il ne s'apprêtait pas encore à devenir le chef du village.

Yakkuru repartit au trop et sauta dans une étroite tranchée de terre battue qui se trouvait au milieu du champ. Ashitaka profita de la vue dégagée qui s'offrait à lui et n'entendit pas tout de suite le bruissement de feuillage étrange qui résonnait dans la forêt. Dès qu'il le perçut, son regard se dirigea automatiquement vers la lisière de la forêt, délimitée par un petit muret de pierre. Quelque chose d'étrange y était tapie.

Il ne prit pas de risques inutiles et fit rapidement demi-tour en tirant sur les rennes de sa monture. Yakkuru repartit au galop en sens inverse, et Ashitaka pensa automatiquement à Hii-Sama qu'il devait prévenir en priorité.

Il arriva en haut de la clairière de la bataille et regarda un groupe de villageois se rassembler devant l'entrée du village. La chamane avaiut déjà fait rentrer tout le monde à l'intérieur.

— Hii-Sama a dû sentir quelque chose d'anormal elle aussi, dit Ashitaka tandis que Yakkuru semblait agité lui aussi.

L'élan grattait nerveusement le sol avec son sabot gris et Ashitaka serra la mâchoire. Il était de son devoir à présent de protéger son peuple. Il devait savoir qu'elle était la chose qui le menaçait.

— Il faut qu'on aille mesurer l'ampleur du danger, confia-t-il à son ami au pelage orangé.

Ils sortirent de nouveau de la forêt et Ashitaka se tint debout dos de sa monture pour grimper sur un haut mur de pierre et observer les environs. Il se mit alors à courir à côté de l'élan et lui intima :

— Yakkuru ! avec un signe de main.

L'élan sauta et le rejoignit à sa hauteur tandis que sans cesser de courir, Ashitaka s'agrippait à l'une de ses larges cornes et grimpait à nouveau sur la selle.

Ils sautèrent de nouveau dans la tranchée encadrée par deux murs de pierre, et Ashitaka reporta son attention sur le muret branlant tandis que Yakkuru courant tête baissée sans s'arrêter un instant.

— Ashitaka ! s'exclama alors une voix familière. 

Origines (Princesse Mononoké)Where stories live. Discover now