Chapitre 16 ➳ 𝐯𝐮𝐥𝐧𝐞𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞

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      Les jours qui ont suivi le face à face avec Mia, j'ai évité le monde extérieur autant que je le pouvais. J'ai ignoré les messages de ma meilleure amie. J'ai prétexté avoir trop de cours afin de refuser les sortis que Camila me proposait. Je coupais mon téléphone du matin au soir afin de me déconnecter de tout. Je n'avais ni la force ni l'envie d'interagir avec qui que ce soit. Les révélations que j'ai eues auprès de Camila m'ont pesé sur le coeur et l'esprit. J'avais besoin de m'éloigner de tout le monde afin de ne me retrouver avec moi-même. Au début, une partie de moi était simplement honteuse de s'être autant révélée aux yeux de Camila. Mais après une longue journée à penser à la discussion, le soulagement a pris le dessus. Je suis satisfaite de savoir qu'au moins une personne est au courant de ce qui s'est passé avec Mia. Je ne le réalisais pas jusqu'à maintenant mais j'en avais besoin pour me libérer du poids que j'avais sur les épaules. Ces journées m'ont laissé le temps d'analyser une bonne centaine de fois tout ce qui s'est passé avec elle. Je suis restée un long moment persuadée que le comportement venait du fait que je n'étais pas suffisante. Je m'en suis encore voulu d'avoir cédé à la pression qu'elle exerçait sur moi et d'avoir accepté de l'amener chez mes parents. Je regrette de ne pas m'être imposée un peu plus tôt afin de faire respecter mes envies et surtout mon avis sur certaines choses. Je me suis torturée l'esprit une nuit entière. Je pensais à Mia, à notre relation, aux échecs et je revenais à la conversation avec Camila. Je me suis sentie vulnérable. J'ai laissé mes faiblesses prendre le dessus, j'étais comme nue sous ses yeux et mon instinct m'a poussé à couper le contact avec elle pour un petit moment.

      J'ai essayé d'utiliser toutes ces pensées négatives pour en faire un tableau. Mais je suis restée assise deux longues journées sans être capable de donner un moindre coup de pinceau. La toile est restée vide. J'ai tourné en rond dans ma chambre. J'ai écouté de la musique afin d'avoir un peu plus d'inspiration. Mais rien. Je suis sortie, je me suis rendue au parc en prenant soin d'y aller pendant les heures de travail de Camila pour ne pas la croiser. Toujours rien. J'ai lu des poèmes pour réveiller mon coeur. Mais rien, le néant. Alors j'ai arpenté mon appartement telle une âme égarée. Et même si m'isoler était mon idée et que j'ai éloigné mes amis par volonté, la solitude a finie par me peser. J'étais bloquée dans mes pensées sans la possibilité de les fuir. Je me suis laissé tomber dans un cercle vicieux que je connais bien. Mais je savais que je devais continuer jusqu'à avoir le déclic. J'avais besoin de faire la paix avec cet aspect de ma vie afin de ne plus le laisser me détruire.

      Mon crayon claque pour la dixième fois de l'heure contre mon bureau. L'inspiration n'est toujours pas là. Je sens alors mon téléphone vibrer dans ma poche. Je décide de l'ignorer en me disant qu'il doit encore s'agir d'Emy qui me demande pourquoi je ne suis pas en cours. Je me concentre sur la feuille à nouveau. J'ai abandonné la peinture pour pouvoir compléter mon carnet. J'avais l'espoir d'avoir plus d'inspiration pour celui-ci. Je ne dessine à l'intérieur que des scènes du quotidien, des émotions ou bien des paysages que j'aime. Mais la page blanche persiste tout comme mon téléphone qui vibre une deuxième fois. Je n'ai à peine le temps de souffler d'agacement qu'il sonne une troisième. Je continue de l'ignorer me persuadant qu'elle va cesser de m'envoyer des messages mais ce n'est pas le cas. Une quatrième vibration se fait sentir et je perds patience. J'attrape mon téléphone d'une main tremblante à cause de la frustration et ouvre les messages avec étonnement.

Camila à Lauren:
— Je peux t'entendre penser de chez moi.
— La dernière fois tu me disais que te faire attendre au comptoir valait un café gratuit, visiblement c'est à toi de m'en offrir un maintenant.
— Je ne lâcherai pas Lauren, je sais que tu as besoin de quelqu'un.
— Je ne crois pas à tous tes prétextes. Si tu veux bien m'accorder un peu de temps, rejoins-moi au banc en face de la fontaine tout à l'heure, je veux te voir.

Lost Hearts ➳ CamrenWhere stories live. Discover now