Le récit de la fille de lumière

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"Spoiler, we die in the end."

Atticus


J'inspirai profondément et la merveilleuse odeur florale me chatouilla les sens. Les yeux fermés, j'offris mon visage à la douce brise marine et profitai de ce court instant de paix. J'étais assise dans l'herbe, entourée des arbres aux feuilles roses. Mais je n'étais pas seule. Une journée s'était écoulée depuis le retour de ma mère et de mes ancêtres. Nous n'avions pas encore eu l'occasion de parler, mais le temps était maintenant venu. Presque tout le monde était là.

J'ouvris les yeux et embrassai la scène du regard, je n'aurais jamais cru pouvoir vivre cela un jour. Diane était debout près de l'un des arbres et touchait délicatement les pétales colorés, tandis que ma mère était assise à mes côtés et regardait tendrement Nathan qui dormait dans mes bras, depuis mon retour il ne voulait plus me lâcher, il avait peur que je « l'abandonne à nouveau » pour le citer.

Lara était adossée contre un arbre et Jude avait la tête posée sur son épaule. À ma gauche, Elena et Evan parlaient à voix basse. Plus loin, perchés sur la branche d'un grand arbre, Nathaniel et Eran semblaient avoir une vive conversation, ils parlaient très bas, pour que personne ne puisse les entendre, même avec nos ouïes surdéveloppées. J'aurais pu lire dans leurs pensées, mais depuis qu'Azaran m'avait enseigné cet art perdu je m'étais juré de l'utiliser qu'en cas d'extrême urgence. L'idée de violer l'intimité des gens me révulsait.

Puis il y avait Jason, debout à ma droite, raide comme un piquet, il semblait nerveux. Ethan et Léda manquaient à l'appel, ils devaient s'occuper des entrainements aux combats. On ne pouvait se permettre de perdre des heures d'entrainement. Je me levai et réussis immédiatement à capter l'attention de cette petite assemblée. Toutes les têtes se tournèrent vers moi, sauf Eran, qui gardait les yeux rivés sur Nathaniel, il semblait contrarié. Je me tournai vers Diane, Nathaniel et ma mère.

— Vous devez tout nous dire, il n'y a rien que l'on puisse vous apprendre. Ce que nous savons, vous le savez aussi. Comment rendre la double nature à notre race ? Comment contrôler mon pouvoir ? Et y a-t-il un quelconque moyen de gagner cette maudite guerre ? implorai-je.

Nathaniel et Diane, sans le savoir, sourirent au même instant. Ce fut Diane qui prit la parole :

— Sara, je comprends ton impatience, mais je pense que tu mets trop d'espoir en nous. Nous ne savons pas tout, mais nous vous dirons tout ce que nous savons, nous ferons le nécessaire, mais je pense que c'est à toi et à vous tous de gagner cette guerre, plus à nous. Nous sommes venus pour comprendre l'origine de nos vies pas pour mener une guerre.

Devant nos airs déçus, elle soupira et continua :

— Je pense qu'il serait judicieux de commencer par le commencement, qu'en pensez-vous ?

Nous hochâmes tous distraitement la tête. Diane tourna son visage vers le ciel et commença son récit.

— Vous le savez surement déjà, mais après la guerre qui a détruit l'Ancien Temps et tous ses habitants, nous, les enfants, nous nous sommes tous réveillés dans le Temple, seul vestige de ces temps perdus... Nous étions perdus, seuls, abandonnés, sans souvenirs de nos vies passées. Nous n'avions rien, sauf Nathaniel et moi, qui avions chacun une épée à la main. La mienne fut celle qui a été léguée plus tard pendant des générations aux Lightsword et qui est maintenant aux mains d'Azaran. Nathaniel, lui, avait celle qui serait léguée aux Darkhane, ton épée Sara. J'étais jeune, j'avais à peine 9 ans, tout comme Nathaniel. Les plus âgés devaient avoir dans les 13 ans. Mais très vite, Nathaniel et moi avons réussi à nous faire respecter et nous faire une place dans cette bande d'enfants égarés. Pour, finalement, devenir les leaders de nos propres camps. Nous nous sommes haïs au premier regard, chacun détestant l'autre de toutes ses forces. Nous avions une vision de la vie en complète opposition, aucune cohabitation ne nous semblait possible. Et vous connaissez déjà la suite, des années de guerres, de conflits sans fin... Nous sommes allés jusqu'à nous entre-tuer. C'est ainsi que nous sommes morts, à même pas 25 ans. Morts sur l'épée de l'autre. Nos enfants ont pris la relève, continuant notre conflit, un millier d'années plus tard nous en sommes encore là. Tout ça par notre faute...

L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 2 : Les Larmes d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant