Le feu de la résistance

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"I'm drowning, and you're standing three feet away screaming, "learn how to swim." "

-c.j

L'eau froide coulait sur ma peau, me redonnant l'énergie qui me manquait. Les yeux fermés, je fis le vide dans mon esprit, me contentant d'apprécier cet instant de calme sans avoir peur d'une quelconque menace. Puis mon ouïe ultra fine me permit d'entendre la voix de Lara qui m'appelait du jardin. Le repas devait surement être prêt. Je sortis de la douche et me séchai rapidement. J'hésitai, ne pas mettre ma tenue de combat n'était pas très sérieux, on risquait de se faire attaquer à tout instant...

Mes yeux se portèrent sur la robe rouge que j'avais emportée avec moi. Oh et puis mince ! J'étais immortelle tout de même ! Que ça me serve au moins à quelque chose. Mes doigts glissèrent sur le tissu, sa douceur me ramena quelques années en arrière, avant que mon père ne se fasse assassiner, à cette époque, j'en portais presque tout le temps. Je souris, nostalgique, au souvenir de cette petite fille qui rêvait de devenir la reine de Solaria. Mais le temps avait passé, l'adolescente impétueuse que j'étais avait pris la place de l'innocence. Me tirant de mes souvenirs, j'entrepris d'enfiler la robe de satin avec le plus de délicatesse possible. Ressasser le passé me faisait toujours autant souffrir...

Jetant un coup d'œil dans le miroir, je constatai avec plaisir que la robe épousait parfaitement mes formes, mes yeux remontèrent vers mon cou, où le pendentif d'Azaran semblait luire, j'y portai ma main et caressai chaque petit symbole. Azaran, « celui qui sait ». Je sentis tout d'un coup une présence. Je fis volteface, mais je ne réussis qu'à effrayer un oiseau qui s'était posé sur le rebord de la fenêtre. Je soupirai de soulagement, qu'avais-je cru ? Qu'Azaran m'espionnait dans ma salle de bain ? Ridicule. Il n'avait pas que ça à faire, enfin... je l'espérai pour lui en tout cas. Lorsque j'eus repris mes esprits, je visualisai le jardin et m'y téléportai. J'atterris derrière la végétation luxuriante qui encadrait le parc.  Et je fis mon entrée.

Des groupes s'étaient formés un peu partout. Je trouvai le mien, ils s'étaient rassemblés un peu plus loin, à l'écart des oreilles curieuses. Tout en me dirigeant vers eux, je constatai que j'étais devenue en un instant la source de toutes les conversations et le point de convergence de tous les regards. Je n'y prêtai guère attention et marchai, tête haute, jusqu'à l'endroit où se trouvaient mes amis. J'avais toujours été sujette à des regards curieux, voire terrifiés, mais là c'était différent. Les enfants, les défenseurs du Temple me regardaient avec respect et fascination. Eran me vit le premier, son sourire s'élargit et il vint à ma rencontre. Il m'étreignit avec force, mais ne m'embrassa pas, les démonstrations d'affection devant tout le monde ce n'était pas vraiment nous. Me prenant discrètement la main, nous avançâmes ensemble vers nos amis. Après avoir salué notre petit groupe, j'entrepris alors, avec l'aide de Jason, d'allumer des petites sphères de lumière pour éclairer le jardin. La nuit venait de tomber et bien que nous puissions tous voir en pleine nuit, c'était quand même plus agréable. J'étais en train de créer ma dernière boule de lumière lorsque j'entendis du bruit derrière moi. Je n'eus pas le temps de crier. Trop tard. Une immense gerbe de flammes jaillit des petites mains de Nathan et embrasa le ciel. Un feu de plusieurs mètres de haut se dressait maintenant au milieu du jardin. Nathan se retourna vers moi et me sourit de toutes ses dents. J'accourus en vitesse et pris Nathan par le bras pour l'éloigner du brasier. Je me retournai et par la force de ma volonté fis rapetisser sa taille, jusqu'à obtenir une flamme acceptable. Personne ne dit le moindre mot, mais leurs cœurs battaient à tout rompre. Tout le monde avait les yeux fixés sur Nathan et moi. Je plongeai mes yeux dans ceux de mon protégé et fronçai les sourcils en signe de mécontentement.

-Nathan, qu'est-ce qui t'a pris ? commençai-je avec calme. Je t'avais pourtant dit d'utiliser tes pouvoirs avec parcimonie, de contrôler ta force.

L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 2 : Les Larmes d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant