Percer le filet

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Je me précipitai jusqu'à l'appartement. Là, je vis Adam, allongé sur le plancher du salon, et je courus jusqu'à lui. Quand il tourna la tête vers moi, j'eus un cri d'horreur :

« Adam, qu'est-ce qui t'arrives ?

C'était stupide de ma part de le demander, mais je n'avais pu m'en empêcher, tant il faisait peur. Il était désormais d'une blancheur de craie, les yeux rouges et sa peau s'était parcheminée par endroits. De plus, un de ses yeux était violet et commençait à enfler et il saignait du nez. Quand il me reconnut, il me regarda avec des yeux allumés par la panique et articula très vite et péniblement quelque chose.

-Qu'est-ce que tu dis ? Parle lentement, dis-moi ce qui ne va pas…

-… un… piège.

La fenêtre derrière moi se fracassa, et je me retournai pour apercevoir mon pire cauchemar : Z-dam se tenait de toute sa hauteur devant Adam et moi. Ses yeux, marqués de veines rouges, brillaient d'une fureur qui faisait ressortir le jaune de leurs iris, presque comme ceux d'un serpent. Son maquillage avait coulé et marquait ses joues de ruisseaux noirs, comme des flammes qui lui dévoraient le visage. Celui-ci était si émacié qu'on devinait facilement la forme de son crâne, et un filet de salive mêlé de sang suintait d'une de ses commissures. Il avait l'air d'un colosse noir prêt à nous écraser tous deux et crispait le poing. Dans le creux de ses jointures blanchies par la tension, il tenait un morceau de chaise en bois brisé. Le reste du meuble était éparpillé sur le sol parmi des éclats de verre derrière lui, tout comme d'autres meubles renversés, appartement à Adam comme à moi.

Même si je tremblais, je me calai le plus possible entre lui et Adam et fit barrière de mon corps. Z-dam sortit de sa poche un portable, celui d'Adam, et le lui jeta à la tête je l'interceptai avant qu'il ne l'atteigne.

-…Alors, voilà où nous en sommes aujourd'hui, s'écria Z-dam. Fini de jouer. J'ai été trop patient avec vous.

-C'est vrai, lui lançai-je. Tu as raison. Vous aviez tous raison. Nous sommes allés trop loin par ma faute. Mais il me faut encore du temps pour trouver une solution. Ecoute-moi…

-Je ne t'écouterai plus ! Plus jamais ! Hurla-t-il en me lançant le dernier morceau de chaise au visage, que j'évitai de justesse. Maintenant, la comédie a assez duré. Il est temps d'y mettre un terme… Cher « Adam », puisqu'il nous faut mourir, voyons qui franchira le seuil de l'enfer en premier !

De mon côté, j'aperçus Adam esquisser un geste pour se relever. Z-dam dut le remarquer car il porta une seconde fois la main à sa poche avec un sourire de démon. Mais, avant qu'il ne sortît son couteau, un instinct aveugle s'empara de moi et je me jetai sur son bras en le mordant de toutes mes forces à travers le cuir. Surpris, il poussa un immense cri de douleur et me saisit par les cheveux, mais je parvins à lui arracher le couteau des mains avant que je ne sente une autre paire de bras m'écarter de lui et me projeter contre le canapé, suivi du bruit mat d'un coup de poing.

Adam s'était redressé sur ses jambes et voulut frapper Z-dam une seconde fois mais ils s'empoignèrent dans un effort de domination l'un de l'autre. Pourtant, ce jour-là, les forces en présence étaient inégales : de rage et de douleur, celle de Z-dam étaient décuplées, et il balança son crâne, telle une masse d'armes, si fort contre celui d'Adam que celui-ci s'écarta et fut renversé en arrière. Je me mis à hurler et hésitai à lui porter secours, impuissante. Mais la folie de Z-dam semblait désormais centrée sur son alter-ego uniquement, car il vint à lui et le saisit par les cheveux. Adam était trop sonné pour lutter et c'est moitié-traînant, moitié-reculant qu'il se retrouva près du cadavre de chaise éclaté. A demi à terre, il tira avec force sur le col du manteau de Z-dam et l'entraîna au sol où tous deux luttèrent une fois de plus. Je voyais les morceaux de verre éparpillés s'incruster dans la paume de leurs mains, la furie malade avec laquelle chacun s'agrippait à l'autre et dessinait des fleurs de sang sur eux-mêmes, sur leurs vêtements et contre les planches de bois clair. Je voyais comme les deux faces de l'homme que j'aimais s'entredéchiraient et luttaient dans le filet invisible.

Cependant, Z-dam eut bientôt de nouveau le dessus et poussa Adam contre le cadre de la fenêtre brisée qui s'y appuya, le dos penché de force vers l'air du dehors et le pavé, quatre étages plus bas.

Hors de contrôle, Z-dam poussait de toutes ses forces en soufflant comme un taureau, le visage tordu dans une expression de démence, alors que celui d'Adam brilla d'effroi… Je poussai un cri quand ses pieds quittèrent le sol.

Je t'accepte (Adam Lambert fanfiction)Where stories live. Discover now