A l'hôpital

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La voiture qui m'avait percutée roulait lentement : je ne m'en suis pas si mal sortie. J'avais juste un bandage autour du genou gauche, qui s'était tordu dans ma chute, et un pansement au front. Comme j'avais encore mal et qu'il me fallait rester pour apprendre à marcher avec des béquilles, j'avais un lit à l'hôpital et je reçus quelques visites. Je souris en voyant mon premier visiteur, Adam, qui me serra dans ses bras comme si j'allais tomber d'une falaise. De toute évidence, il était bien plus choqué que je ne l'étais moi-même. Quand il se sépara de moi, son visage était fermé et il serra les poings :

« Je vais lui faire la peau, à ce fils de pute.

-Arrête. Ça sert à rien de dire ça.

-T'as failli mourir, je te signale !

-Je sais…

Je me souvins du regard de Z-dam.

-Ils l'ont retrouvé ?

Adam secoua la tête.

-Il s'est sauvé quand l'ambulance a débarqué. Les flics sont à sa recherche. Mais comme il n'a pas de nom et qu'il me ressemble, ce ne sera pas facile.

-Je m'en doutais… Fais gaffe à ce qu'ils ne t'arrêtent pas à la sortie, je lui dis un sourire en coin.

Mais il ne répondit pas.

-Je vais le buter, cet enfoiré, répéta-t-il entre ses dents.

-Ne le traite pas comme ça, on dirait que tu t'insultes toi-même.

-Il n'est pas moi, arrête ! Je ne suis pas comme ça. Je ne le serai plus jamais.

En disant cela, il me serra la main et fit rouler son pouce dans ma paume. Je lui souris, mais il s'empara soudain de sa tête et se crispa.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-C'est rien, t'inquiètes, dit-il, toujours les paupières serrées.

Il resta comme ça quelques secondes en inspirant entre ses dents, puis la crise parut s'apaiser.

-Ne me dis pas que c'est rien ! Dis-moi !

-…Je ne sais pas ce que c'est, admit-il. Ça me le faisait déjà avant, mais ça a empiré ces derniers temps. Ce n'est pas lancinant comme une migraine. C'est autre chose. J'ai l'impression que ça m'attaque plus profondément que ça.

Je gardai le silence.

-En fait, tu sais ce que c'est… Pas vrai ?

Il tourna la tête vers moi, prêt à me contredire, puis baissa la tête d'un air de défaite.

-C'est Z-dam qui te fait ça, continuai-je.

Il hocha la tête, avant de la relever dans un sourire et de serrer une fois de plus ma main dans la sienne.

-Ça ne fait rien. Peu importe les moyens qu'il a pour m'attaquer, l'important est qu'il ne te fasse pas de mal à toi.

Je voulus me pencher pour l'embrasser, mais on toqua à ma porte, ce qui nous détourna tous les deux. L'infirmière entra :

-Tu as encore une visite. Après, tu as rendez-vous avec la rééducatrice pour tes béquilles.

-D'accord, merci.

Elle partit. Adam me regarda avec un sourire en coin.

-Je suppose que je vais devoir partir, alors.

-Non, reste encore un peu, dis-je en gardant ma main serrée dans la sienne. Je m'en fiche, t'auras qu'à me porter tout le reste de ta vie !

-Ce serait quand même mieux que tu tiennes sur tes deux jambes. Au-revoir, ma princesse.

-Je t'aime.

-Je t'aime aussi. » Dit-il en m'embrassant sur les lèvres.

Il partit en direction de la porte sans que je ne le quitte des yeux, jusqu'à ce qu'il l'ouvre sur le visage de Viviane, bien moins souriant. Je dirais même foncièrement en colère.

« Salut, Adam.

Elle ne lui laissa pas même le temps de répondre et entra dans ma chambre d'un pas ferme jusqu'à se trouver au pied de mon lit, à l'opposé de moi.

-Je vais vous laisser toutes les deux, dit Adam à mi-voix en prenant congé.

Il avait du sentir, lui aussi, que Viviane n'était pas d'humeur à jouer les dames de compagnie.

Après qu'Adam eut fermé la porte, elle se décida enfin à ouvrir de nouveau la bouche.

-Je sais ce que tu as fait. Tu t'es bien foutue de ma gueule avec le coup du jumeau maléfique… Hélène m'a appelée il manque une page à un de ses livres. Tu es complètement folle.

Je ne bronchai pas, même si je savais qu'il serait désormais inutile de jouer la comédie avec elle.

-Mais qu'est-ce qui t'a pris ? S'écria-t-elle en levant les mains au ciel. Utiliser un sort magique, de nos jours, alors que tu n'en as jamais fait, mais tu es complètement inconsciente ou quoi ? Et le sort du prince charmant ? C'est pour ça qu'Adam a si changé d'une année à l'autre ? Tu l'as ensorcelé ?

-Enchanté, corrigeai-je.

Elle prit ma plaisanterie pour une provocation, et ses grands yeux bleus, d'habitude si bienveillants, se fendirent en deux fentes glacées :

-Tu n'as pas changé. Depuis 6 ans que je te connais, je n'ai jamais pu lire si clairement dans ton jeu… Tu ne t'intéresses pas à l'amour, tu ne t'y es jamais intéressée. Seulement à toi et ta petite personne, avec cet amour bidon. A travers lui, tu t'aimes. Tu aimes qu'on fasse attention à toi et qu'on te traite comme une reine. En fait, tu as toujours 15 ans dans ta tête.

-Et toi, toujours 220 ans d'avance sur nous tous, pauvres mortels, répondis-je enfin avec un rictus. Tu as toujours su me faire la leçon quand il le fallait. Tu as toujours appris les tiennes mieux que quiconque. Tu es parfaite, tu es belle, tu es intelligente… Toi et ton titre de « réincarnation », allez-vous faire foutre. Moi, je reste avec ma misère et mon copain parfait.

-Je ne sais pas vers où tu te diriges avec cette histoire, mais tu y fonces tête baissée. Et ça ne me plaît pas.

-Si c'est ça, alors va-t-en.

Elle ne bougea pas.

-Va-t-en ! Rugis-je. Allez, dégage ! »

Elle finit par partir, marchant vers ma porte aussi tranquillement que si elle ne m'avait pas entendu, non sans me laisser voir son visage pour la dernière fois, miné par la déception. Enfin, ma meilleure amie ouvrit la porte et disparut, me laissant seule, perdue au milieu de la chambre vide, la jambe tordue par la face sombre de mon copain que j'avais rejeté. Mon seul soutien extérieur venait de franchir la porte.

Quand l'infirmière vint me chercher, j'étais en pleurs, un genou replié contre moi et l'autre pendant misérablement dans le vide.

Je t'accepte (Adam Lambert fanfiction)Where stories live. Discover now