Vaudeville

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On se serait cru dans un vaudeville, si seulement nous n'avions pas été nos propres acteurs et public. Adam se tenait là, figé, comme si le temps s'était arrêté au moment même où il avait ouvert la porte. Je me relevai et voulus aller le rejoindre, mais je compris à l'aura menaçante qui émanait de lui qu'il valait mieux rester là où je me trouvai. Hébété, presque dans un geste robotique, il effectua quelques pas à l'intérieur de l'appartement et ferma la porte, puis se tourna de nouveau vers nous, alors que Z-dam s'était lui aussi relevé, lui en caleçon, moi en chemise et culotte. Adam nous regarda tous deux avant de finalement ouvrir la bouche pour parler :

« J'ai du rater un épisode… Je… suis allé voir Viviane. Elle m'a dit qu'elle t'appellerait bientôt…

Le regard des deux alter-egos se croisa, et Adam fusilla du regard Z-dam avant de retourner sur moi. Il sembla parler pour lui-même, comme pour se persuader :

-Me tromper avec moi-même… Je ne sais même pas comment réagir à ça.

-Elle n'a rien fait de mal, intervint Z-dam. Elle est seulement partie pour t'oublier parce que tu l'as blessée. Et c'est moi qui l'ai consolée. Pas toi.

Il passa ses bras autour de ma taille de façon possessive, tandis que je priai pour pouvoir retourner en arrière, ne serait-ce que quelques minutes avant.

-Lâche-la.

-Non. Elle est à moi, t'entends ?

Il resserra sa prise autour de moi, au point de presque me griffer à travers le tissu.

-Je l'aime. Et elle m'aime aussi, moi qui ai pourtant tous tes défauts !

-Laisse-la tranquille !

-Lâche-moi, Z-dam.

Ces paroles, que j'avais prononcées à mi-voix, fit se figer la prise de Z-dam sur mes épaules, et je m'en libérai en retournant vers Adam. Quand il se retrouva face à nous deux, à sembla à son tour complètement ébahi. Son regard passa d'Adam à moi sans jamais se fixer :

-Morgane… je t'en prie… l'entendis-je supplier d'une voix faible.

La gorge me serra, ce qui ne s'arrangea pas lorsqu'Adam posa sa main chaude sur mon épaule.

-Il vaut mieux pour tout le monde que tu partes maintenant, Z-dam, ajouta-t-il d'un ton calme.

C'est d'un air tout aussi calme que Z-dam, dans ses mouvements d'une lenteur insupportable, se rhabilla devant nous et se dirigea vers l'entrée, non sans imprimer une ultime fois son regard jaune de fiel dans le mien, puis dans celui d'Adam. Je constatai alors à quel point tous deux semblaient mal en point : leurs deux visages étaient creusés et de profondes cernes noires les marquaient aussi bien l'un que l'autre. Sans menaces ni violence, sans dents ni poings serrés, il nous quitta tous les deux et nous laissa immobiles, attentifs, jusqu'à ce que nous n'entendions plus le bruit de ses santiags dans l'immeuble.

Je me tournai à mon tour vers Adam, dont la main avait quitté mon épaule et dont le regard était plongé dans le vide. Je levai la tête dans l'espoir de capter son attention:

-Adam… murmurai-je timidement.

Il baissa brusquement la tête :

-Viviane m'a dit qu'il était impossible d'annuler le sort. Je lui ai fait promettre de t'appeler quand même.

Je le savais déjà. C'est pour ça que la page que j'avais volée était classée dans le registre des sorts interdits. Adam s'éloigna de moi pour ramasser mes vêtements par terre. Mon cerveau était comme éteint. Pendant plusieurs minutes, je butai sur à peine quelques syllabes :

-Adam, je…je…

-Rhabille-toi.

Docile, je m'exécutai en récupérant mes vêtements dans ses mains. Quand je me retrouvai entièrement dans la tenue d'hier, il m'invita à m'asseoir sur le canapé et serra ses mains dans les miennes :

-Il t'a fait du mal ?

-Non… Je l'ai fait de moi-même… rajoutai-je, toujours dans une attente à la fois pleine de crainte et d'espoir.

Il plongea son regard dans le mien. Celui qui était à la fois mon allié le plus fiable, le plus fidèle… ma création et, de cet instant, le maître de mon destin, me rapprocha de lui et appliqua délicatement ma tête contre son cœur en soupirant:

-Je suis le gentil, rappelle-toi. Evidemment que je te pardonne, idiote.

En entendant de nouveau le bruit sourd et régulier de son cœur tout contre mon oreille, les larmes coulèrent à flots contre son tee-shirt et il me caressa les cheveux, jusqu'à ce que je m'endorme sur lui. Je ne savais décidément pas ce qui nous attendait, mais la décision d'Adam avait été la meilleure : ma rencontre avec mon ex-meilleure amie allait sûrement m'aider à y voir plus clair quant à notre avenir.

Je t'accepte (Adam Lambert fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant