Ne me parle pas comme ça

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Je revins vivre chez nous le soir même. Les mots de Viviane continuaient de résonner dans ma tête, tout comme ceux d'Adam et de Z-dam. Je dormais de moins en moins, la nuit. J'avais l'impression que le regard de Z-dam me suivait partout. Mais ce n'était plus un regard de haine, c'était pire. C'était le regard qu'il avait eu sur moi lors de l'accident, celui d'une louve traquée qui voit un de ses petits mourir sous ses yeux.

Un soir, après le dîner, Adam grimaça une fois de plus sous une de ses « migraines ».

« Tu veux une aspirine ?

-Ça sert à rien. J'en ai déjà pris trois, ça n'a aucun effet, grommela-t-il. De toute façon, ce n'est pas là que ça fait mal.

Nous bûmes une fois de plus notre thé en silence, jusqu'à ce que ses traits se détendent de nouveau. Je remarquai qu'il était plus lent que d'habitude dans ses gestes et que son visage s'était un peu creusé.

-Je peux te poser une question ? Demandai-je en posant ma tasse.

-Je t'écoute.

-Comment tu as fait pour si bien prendre le fait que tu étais enchanté ?

Alors qu'il allait boire, son mug resta un instant suspendu en l'air. Mais il but une gorgée et me répondit :

- Je voulais juste qu'on soit heureux tous les deux. Et c'est ce que tu voulais. Tu sais, j'étais sincère quand je disais que j'étais soulagé de me retrouver sans Z-dam.

-Je sais, moi aussi… Mais toi, comment tu l'as vécu de l'intérieur ?

Il parut hésiter et je compris, lorsqu'il se recula sur sa chaise, qu'une nouvelle crise allait survenir, mais je ne le lâchai pas :

-Réponds-moi.

Je suppose que c'était l'équivalent de la torture de le faire répondre de force alors qu'il souffrait. Comme la crise n'eut finalement pas lieu, il se calma et finit par soupirer.

-Tu veux savoir ? Très bien. Je m'y suis habitué vite… parce que tu ne m'avais pas laissé le choix. Je m'endors un soir et, le lendemain, je me retrouve séparé en deux, dont une de mes moitiés qui cherche à tuer ma copine. J'apprends quelques temps après que c'est elle qui est responsable, elle pleure, elle me supplie de ne pas la quitter pour ça... Moi-même, je ne suis plus tout à fait le même et je deviens accroc à cet état de grâce permanent… Que voulais-tu que je fasse ?

Comme je l'avais quitté des yeux, il se tut un instant. Je me levai, comme si un ressort venait de se déclencher en moi :

-Je le savais. Même toi, tu es dans le coup.

-Quel coup ? De quoi tu parles ?

-Le coup du prince charmant ! Criai-je. Que ce soit Viviane ou Z-dam lui-même, ils sont tous d'accord pour me dire que c'était une erreur de lancer ce sort ! Et j'apprends que même toi, tu en es !

-Calme-toi ! Ce n'est pas ce que j'ai dit !

-Mais tu penses que je suis une idiote aussi, pas vrai ?

-Arrête, c'est la peur qui parle, là. Tu es fatiguée, il faut…

-Mais tu vas répondre, bordel ?

-Bon, maintenant, tu arrêtes de me parler comme ça, je ne suis pas ton chien ! S'écria-t-il en se levant lui aussi.

J'avais oublié dans ce moment combien il était plus grand que moi.

-Tu veux me demander des comptes ? Continua-t-il, toujours en colère. Tu veux qu'on s'engueule ? Ok, alors dis-moi : pourquoi tu ne m'as pas demandé si je voulais que tu me lances ce sort ?

Il me regarda droit dans les yeux, sans colère. Il ne faisait qu'attendre ma réponse, qui ne me vint malheureusement pas.

-…Tu te doutais que j'allais dire non, que j'allais refuser de prendre ce risque. Je comprends ta réaction, tu as préféré agir en douce. De plus, cela aurait impliqué d'assumer ce que tu as fait face à un témoin… quelqu'un qui sait que le seul être capable de t'aimer n'est pas humain.

La baffe partit toute seule. Le bruit me surprit moi-même : moi, Morgane, je venais de gifler mon copain parfait, un pur être de Bien. Celui-ci ne broncha pas. Sans même se frotter la joue, il dirigea de nouveau son visage vers moi, marqué maintenant d'une rougeur sur le côté gauche.

-… J'ai voulu être honnête avec toi et voilà comment tu me remercies.

Une fois de plus, je gardai le silence. Que ce fut dans le silence ou dans les mots, chaque instant me faisait aussi mal que s'il m'avait frappée en retour. Sans me regarder, il se dirigea vers l'entrée et enfila son blouson.

-Depuis le premier jour, je… Adam t'a acceptée telle que tu es, en bien ou en mal, continua-t-il en me tournant le dos.

-Où tu vas ?

-Je sors, je vais prendre l'air. Ça fait longtemps que je n'ai pas été seul.

-Je vais me faire un thé, dis-je en lui tournant le dos.

Il mit un temps pour ouvrir la porte, temps durant lequel je refusai d'écouter tout ce que ce silence ô combien calculé avait à me dire, puis il franchit le seuil et la porte claqua derrière lui.

Je restai seule, situation dont j'avais également perdu l'habitude. Je réalisai aussi qu'à part Viviane et Adam, je n'avais pas de vrais amis. Je n'avais qu'eux au monde. J'étais un monstre.

Alors que j'avais mis de l'eau dans la bouilloire, je la vidai dans l'évier, débarrassai la table et me préparai pour sortir aussi, direction le bar préféré d'Adam et moi : « Au Beau Miroir ». Sans doute allais-je le retrouver là-bas. Sinon, je passerai une soirée en solitaire à ruminer mes idées noires, ce à quoi je passais mes soirées entre 14 et 16 ans.

Je t'accepte (Adam Lambert fanfiction)Where stories live. Discover now