Partie d'Athéna Chapitre 11

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C'est mon chapitre préféré pour l'instant, j'espère que vous l'aimerez aussi !


[TW viol - implicite]  [TW mention de violences conjugales]


La Bataille puis les célébrations ont tant épuisé Athéna qu'elle a enfin dormi. Elle est surprise en s'éveillant. Un instant l'idée d'avoir été inconsciente en terrain ennemi la terrifie, puis elle s'apaise. C'est un peu de répit. Juste un peu de répit. Près d'elle, le lit est vide. Elle devine cependant à travers les rideaux la silhouette de Rachel, debout, au balcon. Elle se lève, courbaturée et nauséeuse, et rejoint la Dame.

– Bonjour.

Rachel se tourne vers elle, toujours appuyée sur une béquille. Elle la toise avec dédain.

– Vous êtes enfin réveillée. Aidez-moi à m'habiller.

Athéna sait qu'elle aurait pu ne pas la laisser dormir, et elle est reconnaissante. Malgré toute l'animosité que la Dame lui réserve, celle-ci n'est pas mauvaise. Athéna ouvre la penderie. Rachel referme la porte-fenêtre et un courant d'air vient agiter toutes les robes – les étoffes scintillent. La Dame réfléchit un instant, puis choisit une robe bouffante à la taille cintrée et à la longue traîne.

– Il me faut un corset aussi. Pour mon dos.

Athéna sort tout ce que désire Rachel. Comme les jours précédents, en silence, elle l'aide à ôter sa tunique. Elle remarque que ses blessures commencent à cicatriser et cela la soulage. Tout s'efface. Toujours muette, elle ramasse le corset – sublime, de satin et de dentelle rouges – et le passe autour de la taille déjà fine de Rachel. Avant de le lacer, elle repousse sa lourde chevelure sur sa poitrine. Elle saisit le ruban et peu à peu le resserre, juste assez pour que le corset tienne. Elle aide ensuite Rachel à enfiler l'immense robe, qui l'avale un instant, puis lui dessine une silhouette parfaite. Athéna s'agenouille pour arranger la traîne. Rachel choisit ensuite un collier très lourd et lui demande de le lui passer autour du cou. En l'accrochant, Athéna décide enfin. Elle chuchote :

– Je pensais comme vous. Je pensais que je me moquerais qu'il vous fasse du mal, parce que vous êtes une Carreau, parce que nous sommes ennemies, parce que je réussirais à m'enfuir et qu'une fois chez moi je ne penserais plus jamais à vous. Mais ça me touche. Bien sûr que ça me touche, je suis humaine, je ne peux pas rester indifférente. Je suis désolée. Profondément désolée.

Elle sent deux larmes comme deux perles naître au coin de ses yeux. Elle continue, plus bas encore :

– Si je pouvais tout réparer je le ferais. Vous avez été bienveillante et je n'ai pas su vous le rendre. Vous avez été plus gentille que n'importe qui ne l'a été avec moi de toute ma vie. Et vous n'attendez rien en retour.

– Si, réplique Rachel en se tournant vers elle. Je veux quelque chose. Je veux que vous me fassiez confiance, et je veux pouvoir vous faire confiance. Nous pouvons nous soutenir l'une et l'autre, au lieu de nous détruire.

Athéna enfouit son visage dans ses mains pour s'y cacher toute entière.

– J'ai été tellement égoïste, je suis désolée, sanglote-t-elle. Je voulais juste... Je veux juste que ça s'arrête. Je veux que ça s'arrête.

Rachel murmure :

– Ça s'arrêtera.

Athéna relève la tête. Elle en est certaine, c'est une promesse. Elle acquiesce doucement.

– Et je comprends. Bien sûr que je comprends.

Rachel paraît si fragile à l'instant où cette phrase quitte ses lèvres. La seconde suivante, elle s'est reprise et sourit.

Les ReinesWhere stories live. Discover now