Chapitre 19 : Harry

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— Désolé, je ne voulais pas t'interrompre...

— C'est rien. J'avais fini.

Faisons comme si de rien n'était.

— Tu veux que... que je te les présente ?

Je discerne un pincement de lèvres. Merde, je l'ai mis mal à l'aise ?

— Je ne sais pas si... s'ils auraient aimé me connaître, répond-il en baissant les yeux.

Ça ne fait que renforcer mon envie de présenter Drago à mes parents. Je lui tends la main. J'ai peur un instant qu'il fuit, mais à ma grande surprise il s'avance. Il ramène sa longue natte sur le devant. Il ne prend pas ma main. Forcément. Ça fait toujours aussi mal. Je contiens ma peine et reporte mon attention sur la tombe.

— Papa, maman... Je vous présente Drago.

Bien sûr, ils ne répondent pas.

— Je suis... enchanté.

Je ne peux retenir un sourire. Drago est mal à l'aise, ça se voit.

— Je pense qu'ils t'auraient bien aimé, malgré... tu sais tout ce qu'il s'est passé, j'assure en me tournant vers lui. Mon père surtout, je crois qu'il se serait amusé à te faire sortir de tes gonds. Et ma mère... elle était du genre à voir le bon côté des gens, même ceux qui... C'était la meilleure amie de Severus, tu sais ?

— Je l'ignorais.

— Je suis sûr que tu leur aurais plu, je maintiens.

On reste un moment en silence, face à la tombe de mes parents. Drago finit par sortir sa baguette et invoquer un deuxième bouquet de fleurs. Je lui souris. J'en viens à souhaiter qu'il m'ait entendu. Si c'est le cas, que va-t-il faire ? M'ignorer ou... tenter quelque chose ? Je donnerai n'importe quoi pour qu'il m'embrasse.

Évidemment, il ne fait pas un geste vers moi. Je finis par décider que la visite est terminée.

— Bon, allons-y.

Il me suit. Je dis au revoir à mes parents, mais aussi à Sirius et Remus. Je leur promets de leur rendre visite plus souvent, comme à chaque fois.

*

Nous voici devant le manoir. Il a fallu marcher longtemps, il se trouve un peu en dehors de la ville, en haut d'une colline. On dirait une de ces maisons de famille qu'on voit dans les films. On dirait le manoir Malefoy, mais en plus petit. La pierre est blanche et toute la façade avant est recouverte d'une immense vigne vierge. Les volets sont fermés. Le jardin est en friche. Personne n'est venu ici depuis presque un quart de siècle.

J'ai le cœur qui bat la chamade. Je ralentis le pas. Je ne veux pas y aller. J'ai trop peur. Je prends la main de Drago sans vraiment m'en rendre compte. Il ne me repousse pas. Au contraire, il me serre fort et m'entraîne vers l'entrée principale. J'ai envie de pleurer.

Arrivé devant la porte, je suis tétanisé. J'ai envie de faire demi-tour. J'aimerais pouvoir dire à Drago que j'ai changé d'avis, que je ne veux plus rentrer dans cette maison. J'ai trop peur ce qu'il y a à l'intérieur. La mémoire de ma famille. Mes racines, mes attaches. Les fantômes du passé. Peut-être même des vrais fantômes, qu'est-ce que j'en sais ?

— Harry, ça va aller.

Sa voix est rassurante. Je me colle à lui, me cramponne à son bras, appuie ma tête contre son épaule. Il sent bon.

— Tu as la clé ?

Elle est dans ma poche. Ma main tremble alors que je la récupère. Je la lui donne. Je ne serai pas capable d'ouvrir cette porte. Qu'il le fasse lui. Je ne peux pas. J'ai un noeud dans le ventre et la nausée. Je ferme les yeux. J'entends le bruit de la serrure, le mécanisme qui tourne, la porte qui grince.

Toutes ces choses qu'on ne s'est pas ditesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant