Les oiseaux ne volent plus - Recueil de textes

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      Le monde a bien changé depuis le temps des Hommes.

     La nature s'est rudement battue. Le monde est comme entré dans une immense guerre civile. Les Hommes ont connu un soulèvement de la minorité faible. Leur société s'est effondrée sur elle-même, n'étant plus en adéquation avec ses bases. Ils ont oublié que c'était eux qui devaient s'adapter aux lois de la Terre et non l'inverse.

     Alors, toutes les formes de vie se sont rebellées peu à peu. Ça avait commencé par les insectes puis les animaux de manière plus générale. Il n'était plus question d'être dressés ou de rester enfermés, c'était tout autant leur planète que la leur. Ils se montraient alors plus agressifs et les Hommes les tuaient toujours plus vite mais ils ne se rendaient pas compte que sans eux, ils n'auraient plus la vie aussi tranquilles. L'écosystème était tout un équilibre. La végétation a vite suivi le mouvement et les deux se sont alliés dans leur but commun : renverser l'espèce humaine qui les menaçait depuis des siècles. Les plantes se sont montrées de plus en plus intrusives et plus ils coupaient, plus elles se dressaient plus épineuses et fortes. La campagne était dévastée. Il avait fallu dire adieu aux routes. Puis malgré quelques récalcitrants, les gouvernements, toujours en place bien que vacillants avaient interdit les voitures et toutes productions qui n'avaient plus de sens. La plupart des usines avaient été saccagés. La minorité faible, puisant sa force dans les dernières ressources terrestres, avait ainsi renversé le système oppressant qu'avait institué les Hommes. Il ne restait plus que quelques villes, bien trop sèches pour être assaillies. Il fallut alors frapper fort.

     Les éléments se sont déchainés à leur tour. Le vent a tout coordonné. La Terre a connu tempête sur tempête et des inondations à n'en plus compter. La montée des eaux avaient bien fini par ensevelir les terres et à les noyer complétement. Les incendies ne se voulaient pas plus tendres. Bientôt toute civilisation fut rayée de la carte. Pas un seul continent, pas un seul pays n'a été épargné. Et les Hommes disparurent au bout de plusieurs décennies de carnage.

     Seulement l'histoire ne s'arrête pas là. La Terre, bien lasse d'avoir abrité tant de monde ne pouvait pas se contenter de cette fin. Il était temps que les microbes et autres bactéries microscopiques entrent en jeu.

     Nombre d'entre eux, aussi utiles pour les Hommes que les Hommes étaient utiles pour eux, avaient disparu. Cependant, ils étaient les premiers ici et comptaient bien être les derniers. Alors eux aussi, avaient des ambitions de pouvoir et de règne. Alors il y eut des infections, des maladies par milliers qui se propageaient, par les airs, par les eaux, par la Terre elle-même. Les animaux mouraient les uns après les autres et les espèces tombaient les unes après les autres. Il en alla de même du côté des plantes. Et les microbes, détruisant les corps dans lesquels ils avaient fait leur nid et l'eau restant contaminée par l'activité des Hommes, les microbes, les bactéries, toutes formes de vie qui résistaient encore, finirent par se tuer elles-mêmes.

     Voici que la Terre est retournée à son état de poussière. La couche d'ozone a bouché ses trous, les gaz à effets de serre se sont comme évaporés et enfin, enfin, la température a chuté. Mais l'eau, elle, base de toute la vie ne se vidait plus de ses produits toxiques, et rien d'autre que les ruines ne restaient. Cette planète n'était plus qu'une immense flaque, une planète semblable à toutes les autres planètes qui l'entouraient, elle n'avait de différent que sa lointaine histoire.

     La Terre n'est rien de plus que ce qu'elle est aujourd'hui.