Les oiseaux ne volent plus - Recueil de textes

Un tas de vieux livres

     Et enfin sur une étagère : un tas de vieux livres abimés par le temps. Ils n'étaient pas droits, fièrement collés face au mur. Ils étaient penchés, les uns sur les autres, comme des dominos. Je pense qu'il en manquait un et qu'en le retirant, les autres étaient tombés.

      Mes yeux s'arrêtèrent sur chaque titre et chaque tranche vierge. Je ne trouvai rien d'étonnant. Le vieil alchimiste n'avait que des carnets et des encyclopédies. Aucun n'était resté intact cependant.

      Je me demande bien qui a pu passer ici avant moi. Était-ce l'alchimiste lui-même qui avait emporté un livre de l'étagère avec lui ? Un personnage d'époque avait-il déjà mené l'enquête par ici ? Quelqu'un avait-il trouvé son atelier avant moi ? Et si c'était oui à l'une des questions, dans quel but avait-il pris ce livre et que renfermait celui-ci pour être si important ?

      Malheureusement je ne découvris rien d'intéressant dans cet atelier. Il n'avait qu'un poêle, une table où trônaient des piles de papier où il était écrit des choses que je ne pouvais décrypter et d'autres babioles qui ne valaient pas la peine d'être décrites dans mon rapport.
     Moi qui pensais qu'inspecter cet endroit ferait grandement avancer l'enquête, me voilà fort déçu. Je n'avais d'autres indices qu'une étagère incomplète. Je serre les poings de rage. Je détestais comme les choses m'échappaient toujours.

      Les lieux cependant dégageaient un charme de l'ancien assez magique. Je me sentais revenir à la Renaissance ou au Moyen-Âge – je n'avais jamais été très doué en Histoire – bien plus que dans les rues du vieux Paris dans lesquelles je n'avais fait que me perdre lors de mes premiers jours à cette époque. J'aurai bien voulu rester siroter ne serait-ce qu'un verre en écoutant des morceaux de piano ou de clavecin – je ne savais plus lequel était le plus à la mode à ce siècle – ; ici ça aurait été parfait. Il me fallait néanmoins partir sur-le-champ et continuer mes recherches. Les mystères de l'Histoire n'avaient qu'à bien se tenir ! Mais avant de m'en aller, j'empruntai un des vieux bouquins de l'alchimiste : ça me ferait de la lecture pour ce soir et peut-être que Gabrielle, elle, y comprendra quelque chose.