Salope !

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Salope, slut en anglais, Schlampe en allemand, nom féminin, très familier, vulgaire : femme, fille très sale ; femme qui agit d'une manière déloyale, qu'on méprise (terme d'injure) ; injure adressée à un homme et mettant en cause sa virilité ou sa droiture. Mot d'origine incertaine. Baiseuse, cochonne, sauteuse, ordure, dégueulasse, ignoble, Marie-couche-toi-là, morue, traînée.

  Maya se déteste. Comme tout le monde. Parti d'un rien, l'histoire s'était enflammée et elle était allée trop loin. Maya l'avait traitée de salope, devant tous ces gens.

  L'adolescente se répétait qu'elle méritait ce qui lui arrivait. Cette gamine se croyait être, elle, une véritable salope. Tout le monde avait raison.

  Quand on a quatorze ans, on la boucle. Mais Maya avait trop d'ego pour s'excuser. Elle se sentait à l'aise, quelqu'un, au cœur de l'agitation. Devenir le centre de l'attention, ce qu'elle espérait tellement, elle l'avait obtenu. Son rêve s'était réalisé. Un rêve qui avait basculé du côté sombre.

  C'est fou, Maya avait atteint son but, réalisé son rêve et maintenant tous ses efforts lui retombaient dessus. Son rêve l'avait déçue mais après tout c'est simplement ce qu'elle méritait.

  Maya n'avait donc pas à se plaindre.

  Son reflet la fusille du regard. Comme tout le monde. Les autres s'étaient rajoutés à la dispute et sans savoir comment, ils savaient tout ce qu'elle avait fait. Maya avait montré son vrai visage, celui d'une vraie salope, devant tous ces gens.

  La situation convenait à l'adolescente, pas la peine de la débloquer. Le monstre qu'elle était, n'était qu'une gamine prétentieuse. Tout le monde faisait ce qui était juste.

  À quatorze ans, on se fait discrète. Mais Maya avait trop d'ego pour jouer au mouton qui suit les autres. Elle avait l'impression d'avoir réussi, populaire comme elle était. Ce qu'elle a toujours eu envie de vivre, elle le vivait. Son rêve s'était réalisé. Un rêve qui ne révélait son côté pourri qu'après y avoir goûté.

  C'est fou, Maya avait œuvré si bien pour que son souhait s'exhausse et maintenant toute sa bataille lui retombait dessus. Ses attentes l'avaient déçue mais après tout c'est simplement ce qu'elle devait payer.

  Maya ne pouvait donc pas se plaindre.

***

  Maya a mal partout. Maya a des bleus partout. Maya se fait pousser dans les couloirs de son collège. Contre les murs, par terre. Tant que tout son corps s'est cogné.

  Cependant Maya n'a pas le droit de pleurer. C'est elle qui a commencé.

  Ce que subit Maya, c'est ce qu'elle lui a fait subir. Elles devaient pourtant être meilleures amies. Mais Maya avait d'autres projets en tête. Maya, elle, désirait que tout le monde la connaisse ici. À présent c'était le cas.

  Maya a mal partout. Maya a des regards noirs partout. Maya se fait insulter dans les couloirs de son collège. Dans les coins, au sol. Tant que tout son cœur s'est déchiré.

  Cependant Maya n'a pas le droit de pleurer. C'est elle la coupable.

  Ce que subit Maya n'est que sa punition bien méritée. Elle avait l'air si gentille et si aimable. Mais Maya souffrait de sa propre hypocrisie. Maya, elle, désirait que tout le monde l'admire ici. À présent elle avait tout gâché.

  Maya a mal partout. Maya a des coups partout. Maya se fait frapper dans les couloirs de son collège. Aux jambes, aux bras. Tant que tout son corps hurle.

  Cependant Maya n'a pas le droit de pleurer. C'est sa faute.

  Ce que subit Maya n'est que la conséquence logique de ses actes. Elle avait fait du mal à une fille innocente. Mais Maya se fichait de ces agissements. Maya, elle, désirait que tout le monde la respecte ici. À présent c'est tout le contraire.

  Maya a mal partout. Maya a des idées noires tout le temps. Maya se fait harceler derrière les murs de son collège. Par messages, par appels. Tant que tout son cœur pleure.

  Cependant Maya pleure pour de vrai. C'est elle qui a joué un rôle.

  Ce que subit Maya, c'est ce dont elle aurait dû se douter. Elle avait poussé, insulté, frappé, harcelé quelqu'un qui n'avait rien fait. Mais Maya avait trop besoin de ça pour sortir de l'impuissance. Maya, elle, désirait que tout le monde l'apprécie ici. À présent elle s'est suicidée.

On récolte ce que l'on sème.

Les oiseaux ne volent plus - Recueil de textesWhere stories live. Discover now