Ode à l'été

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     Le prof de maths entra brusquement dans la salle de classe en se débattant avec sa veste. Il avait l'air très agacé, voire, en colère. Il tira sur le col de sa chemise pour dégager sa gorge. M. Bardot aimait être toujours classe quand il donnait cours. Je n'ai jamais su pourquoi mais ça lui faisait un petit style.

      On était en juin, l'après-midi, c'était l'un des derniers jours de l'année et il faisait très chaud. Tout le monde en avait marre et apparemment le prof aussi avait hâte que l'année se termine.

"Pouah, qu'est-ce qu'on étouffe dans cette salle !" lâcha-t-il avant de poser nonchalamment sa veste sur sa chaise.

"Sérieusement, je ne sais pas comment vous faites depuis ce matin, moi je n'en peux plus !" reprit-il.

      Ah oui, l'une des particularités de M. Bardot c'est qu'il adorait raconter sa vie avant de commencer son cours. Et visiblement, il détestait l'été et le printemps - ça faisait maintenant un moment qu'on devait supporter ses plaintes à chaque début d'heure de maths.

"Vraiment la chaleur, c'est insupportable ! Je ne comprends pas comment on peut continuer les cours jusqu'en juin. Il fait tellement chaud que de toute façon, plus personne ne suit, alors, c'est bien la peine de venir !" continua-t-il.

     Certes, moi non plus je n'aimais pas l'été mais déjà que je dois encore sortir de chez moi et prendre le bus pendant une demi-heure sous un soleil de plomb pour aller au lycée, je n'avais pas envie non plus d'entendre les jérémiades de mon prof de maths. En plus cette nuit-là, j'avais super mal dormi parce que j'avais la chasse aux moustiques jusqu'à 3h du matin pour finalement me faire réveiller par l'un d'entre eux qui volait juste au-dessus de mon oreille une heure avant que mon réveil ne sonne. Donc je n'étais pas vraiment d'humeur de un et de deux j'avais trop envie de me démanger le bras, à cause de ces fichues bêtes.

     Et puis, même si j'aime bien la plage, je préfère largement le ski, surtout qu'avec la combinaison, pas besoin d'assumer mon petit ventre qui dépasse du maillot et mes jambes poilues. Et puis, la neige c'est super beau et il y a les chocolats chauds et tout ça en hiver. Alors que bon, le soleil, c'est super chiant, la sueur ça pue et j'aime pas les pastèques et les petites salades "fraîcheur". En plus en été je ne peux pas porter du noir alors que c'est la couleur qui fait à 80% ma garde-robe. Au moins en hiver, je porte ce que je veux.

"Amélie, ça va ? Vous êtes toute rouge..."

     Je relevai d'un coup les yeux vers M. Bardot, j'étais complètement ailleurs. Tout le monde se tourne vers moi, je murmure un maigre oui même si, en réalité, j'étais en train de mourir de chaud.

Les oiseaux ne volent plus - Recueil de textesWhere stories live. Discover now