Chapitre 5*

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Une semaine. Cela fait une semaine que Louis a croisé l'inconnu du pont, et ça fait aussi une semaine qu'il ne l'a pas revu. Une semaine passée à se poser un milliard de questions, une semaine passée à tout analyser pour que personne ne puisse découvrir son secret. À l'hôpital  Tess ne fait aucune avancées et cela fait beaucoup de peine à Louis, mais il reste persuadé qu'elle finira par y arriver, ça prendra peut-être du temps mais elle y arrivera, pas vrai ? 

Allongé dans son lit il ne sait pas quoi faire, aujourd'hui il ne travaille pas et c'est vrai qu'il n'a pas beaucoup de chose à faire à part penser, penser et encore penser. Sauf qu'à présent ses pensées ne sont plus très joyeuses, et elles l'amènent à sa propre perte. 

Il pensait vraiment y arriver, il pensait être assez fort pour oublier son passage au pont, oublier cette envie de mourir aussi folle soit elle. Mais maintenant il se demande s'il pourra oublier un jour, parce qu'il se revoit sur le pont, pied nu le vent frappant ses vêtements, il se revoit debout prêt à sauter et on dirait un rêve, un film, quelque chose d'irréel, quelque chose qu'il aimerait oublier, mais cette scène est jouée en boucle dans sa tête, et cette envie de sauter est présente dans chaque pensée, chaque geste, chaque respiration. Il aimerait se dire qu'il ira mieux, mais pour aller mieux encore faut-il savoir pourquoi on va mal, et ça Louis en a bien peur : il n'en a aucune idée. Son mal-être est là et il ne sait pas pourquoi, ni comment, ou même quand ? Quand est-ce qu'il est apparu ? Parce que Louis pense qu'il n'a fait que resurgir cette nuit là, il a l'impression d'avoir vécu avec lui toute sa vie. Et putain il n'a que vingt-six ans. C'est beaucoup trop jeune pour mourir ou juste en avoir l'envie. Il ne peut pas déjà être fatigué de la vie qu'il mène, c'est impossible pas vrai ? Louis tente de se rassurer il ira mieux, c'est sûr. 

Pourtant cela va faire trois heures qu'il fixe son plafond comme si c'était la chose la plus intéressante qu'il n'ait jamais vue. Mais c'est juste...blanc et très vide. Louis rigole, il est vraiment ridicule parfois. Il se lève doucement, et dépose ses pieds sur le parquet froid puis il se traîne jusqu'à sa cuisine et mange deux biscuits. Ses placards sont presque vides, il faut vraiment qu'il aille faire des courses.

Il enfile un sweat-shirt noir qui lui a été offert par ses parents lors de son précédent anniversaire et un bas de jogging gris puis se passe un peu d'eau sur le visage pour dire de bien se réveiller. Il a un mal de crâne atroce, il a l'impression que sa tête va exploser d'une minute à l'autre. Parfois il se sent oppressé, comme s'il n'était pas chez lui, pas à sa place. Dans ces moments il se sent étranger, étranger au monde qui l'entoure, étranger pour lui même. Comme si depuis sa naissance il n'était personne, seulement un corps fait de chair et de sang ne comportant aucune âme. Ce n'est pas comme s'il n'avait jamais sourit, comme s'il n'avait jamais ris, non, Louis a connu et continue de connaître tout ça, pourtant cette sensation de vide ne quitte pas sa poitrine, elle est omniprésente. Parfois il lui arrive de l'oublier mais cela ne dure jamais, c'est une douleur indélébile, permanente qui le détruit à petit feu, il a essayé de s'en défaire mais ça n'a jamais vraiment abouti. Et au fond il essaie de se dire que ça finira par aller mieux, que ça passera et que sa vie mérite d'avoir une belle fin, mais existe-t-il réellement une "happy end" à son histoire ? 

"Il y a des jours avec et des jours sans" c'est ce que lui répétait sa mère quand Louis semblait un peu à part, et au fond elle aurait pu lui répéter tout les jours que ça n'aurait rien changé. 

Aujourd'hui doit être un jour "sans" car Louis commence à se sentir de plus en plus mal, il a du mal à respirer et son fichu mal de tête ne veut pas le quitter. Il s'empare donc d'une bouteille d'eau et d'un médicament qu'il avale sans perdre une seconde en espérant que tout ça se calme vite. Il a besoin de prendre l'air, de quitter son petit studio. Il se souvient encore de quand il a commencé à le louer, c'était il y a 4 ans déjà il avait vingt-deux ans et commençait seulement son stage à l'hôpital de Westminster. Ses parents avaient fait le déplacement pour visiter des studios avec Louis,  Charlotte elle était restée chez une amie en France. Ça avait été dur pour ses parents de le laisser partir, loin du cocon familial qu'ils avaient crées tous ensemble car au fond c'était leur premier enfant, et ça resterai toujours leur petit garçon. Mais les yeux bleu de Louis s'étaient illuminés à la vue de ce studio, il était petit mais très confortable, la salle de bain était plutôt spacieuse comparée aux autres studios qu'ils avaient visité et la petite cuisine était séparée de la -seule- pièce de vie. Ses parents l'avaient vu si heureux que ça avait un peu effacé leurs craintes, Louis a toujours été quelqu'un de réservé alors ils avaient peur qu'il n'aime pas vivre seul, surtout dans un pays qui n'était pas le sien. 

Guérison - Larry StylinsonМесто, где живут истории. Откройте их для себя