* [partie 1]

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«Je suis venu te dire que je m'en vais et tes larmes n'y pourront rien changer»

- Serge Gainsbourg, Je suis venu te dire que je m'en vais

«You terrify me cause you're a man you're not a boy, you've got some power, and I can't treat you like a toy»

- Sia, Fair Game

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Je ne le reconnaissais plus. Pourtant il avait les mêmes mimiques, cette même posture royale qu'il tenait, ces mêmes plis sur son visage qui se creusait avec l'âge, mais dans ces yeux perçant baignaient une rage affolante, je cru même apercevoir de la détresse, je me trompais bien sûr.

Le luxe pouvait-il ainsi changer une personne ? M'avait-il changé moi ?

Qui était l'homme en face de moi ?

Il était le reflet de tout ce dont il blâmait auparavant ; la violence, l'intolérance et le fait de me faire du mal. Je sais qu'il m'aimait et c'est ça qui le pousse à faire des choses absurdes, il le faisait par amour mais ne savait pas comment s'y prendre. Il se comporte juste comme un gamin maladroit et moi à force de jouer avec le feu j'ai fini par me brûler.

J'étais consciente que si je décidais de couper les ponts, il m'en empêcherait, il voudra me retenir de peur d'être perdu. Jake est accro à moi, comme moi je le suis à lui aussi absurde que cela peut paraître. Nous serions tout bonnement désorientés sans l'autre à nos côtés, plus les secondes passaient et plus je m'en rendais compte. Nous cherchions la même chose, nous avions des projets similaires, nous craignions tout deux la perte de l'autre phobiques de la solitude. Et par-dessus tout, nous étions pourvus du même degré de folie. Sérieusement, vous en rencontrez tous les jours des personnes capables de balancer des trucs un peu partout tout en conversant indifféremment ?!

J'éprouvais le besoin de me sentir aimée et lui celui d'aimer entièrement un être, je n'avais pas de limites et lui me fixait des barrières. Il m'était nécessaire qu'il reste et continu de m'effrayer.

En outre, Jake et moi étions complémentaires.

Cependant, cela ne pouvait durer. Mon mariage est un échec comme vous pouvez le constater, j'irais même jusqu'à dire une tragédie, une tragédie loin d'être digne des grecs Sophocle et Euripide, Dieu merci je n'ai ni les yeux crevés ni commis d'infanticide.

Enfin pour l'instant...

Par contre associé mon mariage à un vieux conte destiné aux enfants dans l'idée de les faire peur, ah ça non. C'était quand même bien tenté...

_ Je n'ai jamais essayé ou même voulu te tuer, révéla t-il d'une voix neutre

Nous nous fixions toujours aussi intensément quand je me penchai en arrière et croisai les bras comme pour me préparer à un long rabattage sentimental auquel j'étais que bien trop habituée.

Le peiné pris un air de confessé et continua :

_ J'voulais juste te foutre la peur de ta vie, comme ça tu arrêterais de m'emmerder. Si j'avais vraiment eu l'intention de te tuer, je l'aurais fait, tu ne crois pas ? dit-il en poussant un ricanement.

_ Peu importe, cela ne change en rien ma décision, déclarais-je.

Il se pencha en avant, je ne pu m'empêcher de bondir sur ma chaise.

_ A ta place je ne bougerai pas, tu es assez embauché comme ça.

_ Les couples se disputent tout le temps et ça ne les empêche pas de se réconcilier. On se fait la guerre mais on s'aime au fond, c'est normal ! généralisa t-il.

ANNAWhere stories live. Discover now