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_ Déposez-ça là, m'adressais-je au livreur en lui indiquant le coin de la pièce.

Il obéit et avec un mal terrible pu déposer les ses livraisons avant de s'en aller au loin.

J'ouvris une par une les vingtaines de boites afin de m'émerveiller à la vue de ses magnifiques chaussures italiennes. C'était plus fort que moi, je suis une mania de la dépense, dès que je me sens mal il faut que je m'acquière de nouvelles paires de chaussures. Les obèses se goinfrent, les camés se piquent, les maniaques de la propreté astiquent et moi je dépense.

Avec précaution, elles eurent été rangées dans la penderie.

Prise par la fatigue je m'assis sur une chaise face au miroir de la coiffeuse. J'en profita pour jeter un vaste coup d'oeil sur mon reflet, habillé d'une robe de nuit et les cheveux en cascade. Il devait être 12h40, je m'étais levée d'un sommeil tourmenté par mes pensées.

« Miroir, surface vitreuse sur laquelle est reflétée une image fugitive pour la grande désillusion de l'homme. » Il n'y a rien de plus trompeur qu'un reflet.

J'ai l'impression de porter un masque, cette femme devant moi n'est pas moi. Elle, elle à l'air forte, sûr d'elle, impénétrable et téméraire. Alors qu'au fond, la fragilité, le désespoir et la détresse sont au coeur de son âme. Elle n'est même pas capable d'obtenir l'amour qu'elle convoite tant et elle le comble avec la gloire qui lui est promise, sous le feu des projecteurs Qui suis-je d'ailleurs pour la juger ? Une simple spectatrice qui n'interprète que ce qu'elle voit ? «détermination, beauté, travail» pronoçais-je. Aujourd'hui je serai cette femme à la beauté perfide et illusoire, en surface comme à l'intérieur, dans l'âme et dans les gestes, dans les paroles et dans les actes. Comme accoutumance.

Mon attention se dirigea vers le téléphone fixe qui sonnait, avec lenteur je décrocha. J'essaye de prendre un air joyeux avant quand une voix de femme retenti dans le combiné.

_ Résidence Franco, qui est à l'appareil ?

_ Bonjour Mlle Grant, c'est Dr Chapman du Metropolitan Center.

_ Ah oui... Heu...

_ Juste pour vous informer que Monsieur Franco est enfin prêt à sortir, et vous pouvez venir le chercher.

_ Très bien.

Je mis fin à l'appel aussitôt, il ne manquait plus que ça... Encore un autre fardeau à supporter. Soudainement une idée me traversa l'esprit, j'avais encore du temps pour chercher ce deuxième portable, je pourrai en savoir plus sur ce que me cachait Jake.

J'accouru dans la chambre à la recherche de cette objet dont j'aspirais tant. Je fouilla avec acharnement les tiroirs, les sacs, le matelas, les dessous de meuble, les armoires, et même les chaussures, mais en vain je ne trouva rien. Mes espoirs c'étaient envolés contre toute attente.

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_ Rien n'a changé... C'est exactement à quelques exceptions près comme je l'avais laissé, déclara t-il en posant son sac.

_ Tiens, dis-je en lui tendant l'ordonnance, le médecin t'a prescrit des anti-douleurs.

Il prit la feuille sans même regarder pour la fourrer dans la poche de sa veste. Ensuite se dirigea dans la salle à manger et s'assiéger dans l'une des chaises de la table à manger. Je le rejoignis quelques secondes plus tard.

_ Aah ! soupira t-il. J'ai une de ces faims, tu peux même pas t'imaginer à quel point la nourriture est infecte là-bas.

_ Et... ? meuglais-je interloqué.

ANNAWhere stories live. Discover now