27 - Nuit d'hiver

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C'était une belle journée. Il ne restait que quelques jours avant noël et les vacances avaient déjà commencées. Dans les rues des enfants faisaient de la luge, d'autres des bonhommes de neige ou des anges qui ne restaient pas longtemps visibles, la neige continuant à tomber. C'était une guerre sans fin entre les enfants et les flocons qui s'ingéniaient à faire disparaître leurs créations. 

De la fenêtre des Wheeler Steve voyait tout cela sans y prêter attention. Il faisait déjà presque nuit et les lumières électriques qui décoraient la maison d'en face coloraient affreusement la masse blanche sous laquelle était caché le jardin. Les parents commençaient déjà à sortir des maisons pour chercher, dans la masse colorée et turbulente, leurs enfants. Bientôt la rue fut vide, éclatante de blancheur sous la lune qui se levait. 

Et Billy n'était toujours pas là. 

Steve savait bien qu'il était stupide de paniquer comme il le faisait pour un simple retard. Il pouvait y avoir des milliers de raisons pour que Billy soit en retard. Il n'y avait vraiment aucune raison de s'inquiéter. 

Mais il avait beau se répéter cela en boucle, il n'arrivait pas à s'en convaincre. 

Après tout ce qui leur était arrivé, il avait souvent du mal à croire que sa vie actuelle était réelle, que tout était revenu à la normale. Aussi la moindre chose qui venait perturber ce qui lui semblait être un miracle le terrorisait. De plus il craignait que cette disparition ait un rapport avec les bleus qu'abordait si souvent le californien. 

Pourtant il finit par se raisonner, prépara plusieurs litres de chocolat chaud et dénicha dans un placard un paquet de marshmallow. Après tout, c'était bientôt noël, comme le clamait le sapin qui trônait fièrement dans le salon, surchargé de boules de toutes les couleurs et de guirlandes qui perdaient leurs fils pailletés. 

Les gamins étaient rassemblés devant un télé-film de noël. Dans la cheminée un feu brûlait joyeusement, éclairant la scène d'une lumière dorée. Des chaussettes rouges y étaient accrochées, selon Steve beaucoup trop proches des flammes. L'odeur du chocolat se mêlait à celle des aiguilles qui jonchaient le sol. 

La scène était idyllique. Ou du moins elle l'aurait été si l'absence de Billy n'y avait pas creusé un trou. 

Steve leur raconta une excuse bidon pour expliquer cette absence, de peur qu'ils ne remarquent son inquiétude si il leur disait que, en réalité, il n'avait aucune idée de ce qui pouvait bien retenir le californien. 

Mais de toute manière ils étaient trop captivé par le film pour vraiment s'en soucier. Alors Steve s'assit à leur côtés et tenta de se concentrer sur une obscure histoire de gisement de pétrole et de sauvetage du père noël, tout en espérant à chaque instant entendre la sonnerie de l'entrée et voir Billy arriver. 

Mais cela n'arriva pas. 


En rentrant chez lui, quelques heures plus tard, il hésita à aller chez Billy prendre de ses nouvelles. Mais la nuit était bien avancée et il ne voulait pas se rendre ridicule en le dérangeant pour rien. Se rendre ridicule aux yeux de Billy était la dernière chose qu'il voulait. Il décida donc de l'appeler le lendemain matin.


Mais le lendemain matin la sonnerie résonna dans le vide. 

Steve réessaya plusieurs fois, tout au long de la journée, dès qu'il avait une minute. Mais la boutique était bondée de clients stressé qui avaient attendue la dernière minute pour faire leurs achats de noël et il n'avait pas une seconde à lui. 

Stranger LoveWhere stories live. Discover now