1 - La rentrée

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Le 1er septembre. 

Steve lisait et relisait cette simple date qui s'affichait sur son portable, sur son réveil, sur un hideux calendrier qu'il avait gardé uniquement car ses parents le lui avait offert : partout ! Un tourbillon d'émotions, affreusement puissant, grondait en lui. Dans son sang, il voyageait à travers son corps, battant dans sa tête, faisant s'envoler son coeur et trembler ses jambes. Pouvait-il réellement aller là-bas et faire comme si tout était normal ? 

Même si il avait eu le post grâce à Robin, il n'y était en réalité pas allé de tout l'été, ne se sentant pas de faire ce boulot qui ne l'intéressait même pas, pour un salaire dont il n'avait pas besoin. Pourtant, au début, il avait trouvé l'idée sympa : continuer à bosser avec Robin, draguer, ou du moins tenter de draguer les clientes (tout en laissant les moins jolies à Robin, c'était ça l'amitié), faire des blagues stupides toutes la journées et être payé pour ça... Mais les souvenirs était revenu au fil des jours. Ce n'était pas seulement la bataille en elle-même, c'était aussi tout le reste ; sa solitude, ses parents qui lui manquaient, Nancy et son bonheur avec Jonathan, le premier demogorgon, ceux du tunnel auquel ils avaient mis feu, le loser que Billy l'avait fait devenir, toute sa vie, si stupide.

Autour de lui, les autres semblaient avoir tournés la page, s'être réconcilier avec la vie et, surtout, avec eux même. Ce n'était pas le cas de Steve. Lui, rien ne l'avait quitté, rien n'avait été accepté. Il avait l'impression de ne pas en avoir fait assez, ou d'en avoir fait trop en se mêlant de chose qui ne le concernaient pas. Il ne croyait pas à la fin de cette guerre entre leur monde et l'autre : cela recommencerait, un jour ou l'autre. Mais tout ceux de son âge n'en savaient rien. Ils voulaient avoir leur diplôme, trouver l'amour ou juste un plan cul, fumer, et pas que des cigarettes. Ils ne pouvaient pas comprendre ce qui hantait les nuits de Steve, sa fascination pour les lames de rasoirs, son envie de douleur, et il les enviait.    

Il lui aurait fallu des cours pour réapprendre à vivre. Mais ça n'existait pas. Pourtant ça devrait. Comment fait-on pour reprendre une vie normale après une telle épreuve ? Au fond de lui, il le savait : on se serrait les coudes, du moins c'était ainsi que lui aurait fait. Mais avec qui ? Tout les autres avaient mieux à faire et ses parents n'étaient pas près de rentrer, si ils le faisaient un jour... Pourtant il allait retrouver Robin, qui elle avait continué à travailler tout l'été. Alors il se força à plaquer un sourire sur son visage cerné et bu une grande tasse de café noir, avant de sortir de chez lui. 


La vitesse et le vent dans ses cheveux, la musique trop fort et les insultes des autres conducteurs qu'il dépassait bien au dessus de la vitesse autorisée, le soleil qui faisait tout briller et s'installait en lui : petit à petit il se sentait revivre, laissant les cauchemars dernier lui. Comment pouvait-on être malheureux par une aussi belle journée ? 

C'est donc en souriant qu'il se gara devant la boutique dans la vitrine de laquelle se trouvait toujours la femme en en maillot de bain et en carton qu'il avait renversé lors de son entretien d'embauche, ce qui le fit encore plus sourire. Qui sait ? Peut-être allait-il passer une bonne journée ? Peut-être que tout allait s'arranger...

Robin était déjà, mais pas seule. Une espèce de top modele tout droit sortie d'un magazine était accrochée à son bras et la regardait d'un air énamouré. Finalement, son plan de laisser les moins jolies filles à son amie était compromit : elle devait être vachement douée en matière de drague, en tout cas plus que lui, il était bien forcé de l'admettre.  

Il poussa la porte, une clochette tinta, et Robin se retourna. Au moins elle n'avait pas changée : les mêmes taches de rousseurs dévoraient son visage souriant, de ce sourire à la fois moqueur et amical qui avait fait craquer Steve. Néanmoins ses cheveux avait poussés et, blondis par le soleil, formait autour de sa tête une auréole qui la rajeunissait singulièrement. Steve préféra ne pas penser à son apparence à lui.  

Stranger LoveWhere stories live. Discover now