22 - Un peu de mode

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Murray ressemblait à une version caricatural de Marilyn Monroe. 

C'est la première chose que pensa (et dit) Robin en arrivant chez Steve, une fois sa journée de travail terminée. Cela fit rire Murray mais vexa Nancy, qui avait passé plus d'une heure à modeler le visage de l'ancien journaliste, utilisant pour cela presque tout son stock de maquillage et la moitié de celui de sa mère. 

Pourtant il était difficile de s'empêcher de rire devant un tel résulta. Tout d'abord, la barbe de Murray avait disparue, ce qui donnait déjà une forme nouvelle et étrange à son visage. Ensuite, ce changement avait été accentué par le creusement artificiel des joues qui mettait admirablement en valeur les pommettes rehaussées de rose. Les yeux, agrandit par des faux cils, une touche de fard à paupières ; blanc juste à coté du nez et sombre à l'autre extrémité ; ainsi que par un long trait de mascara, étaient réellement un succès. Mais le mieux était sans aucun doute la grande perruque blonde que Nancy avait dû aller acheter, faite avec de vrais cheveux et ressemblant traits pour traits  à la coupe de Marilyn. 

En réalité, Robin exagérait : le résulta était impressionnant si on tenait compte du peu de temps qu'il avait fallut à Nancy pour y arriver. De toute manière, c'était bien suffisant pour leur but. 

- Au fait Nancy, demanda Murray, et entendre sa voix sortir de ce visage était étrange, comment ça c'est passé avec Jonathan ? 

La jeune femme, occupé à choisir un rouge à lèvre, jeta un regard vers Robin avant de répondre : 

- Exactement comme vous l'aviez prévu : chacun a dit sa réplique et on a rendez-vous demain, à 15h. 

- Un rendez-vous avec Jonathan ? S'étonna Robin d'un ton faussement neutre. 

- Il y a quelque chose d'étrange avec lui ces temps-ci,  on essaie de savoir quoi. 

- Et donc tu vas au ciné avec lui... En tant qu'ami ou... 

- Je doit faire semblant d'avoir encore des sentiments pour lui, marmonna la jeune femme, que  cette idée énervait de plus en plus. 

Murray les regardait fixement, un étrange sourire aux lèvres. Finalement il murmura "Tiens tiens, ça alors", avec un léger ricanement qui lui valut un regard noir de la part de Nancy.

Elle avait finit par se décider pour un gloss rose pastel, parfaitement assortit aux boucles platines de l'ancien journaliste. Celui-ci, qui aurait préféré un rouge vif, fit un instant la grimace avant de la laisser le lui appliquer. Elle lui ajouta encore une touche de poudre sur le nez et un peu de blush sur les pommettes, avant de reculer, son pinceau entre les dents et ses doigts formant un carré, afin de contempler son oeuvre. 

Satisfaite, elle prit son polaroid et le tendit à Murray : 

- Tu t'en va d'ici, tu appel Zeylon et tu prend une photo de toi, puis tu reviens ici et tu nous la donne. Il faut mieux que tu reste ici pendant quelques jours, au cas ou on aurait besoin de toi. 

- Les enfants les enfants, soupira le conspirationniste, vous rendez compte du point auquel tout ça est ridicule ? Si ce Zeylon avait vraiment voulu récupéré ce dossier, il aurait déjà trouvé un moyen. Il ne fait que jouer avec vous, il faut vraiment être aveugle pour pas le remarquer. 

Il les regarda un instant avec l'espoir que l'un d'eux se rende compte que son intelligence était de loin supérieur à la leur et ne se décide à l'approuver, mais non. Alors il reprit, avec un léger sourire : "Enfin, y parait que l'amour rend aveugle" et attrapa le polaroid. 

- Vous m'en devrez une, grommela t-il en sortant. 


Dès que le claquement de la porte eut cessé de retentir dans l'air l'ambiance s'alourdit. 

Stranger LoveWhere stories live. Discover now