11 - La fête foraine

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Sur le velours noir de cette nuit de novembre, la grande roue se détachait en bleu blanc rouge. Les étoiles y côtoyaient les rayures et éclipsaient les vrais qui, de toute manière, se voyaient chaque années un peu moins au fur à mesure que la ville se développait. Les baraques lumineuses attiraient tous les insectes que le froid n'avait pas encore tués et qui, captivés par ce mirage de soleil, allaient joyeusement s'y brûler les ailes. La nuit, loin d'étouffer cette débauche de couleurs et de lumières, semblait l'exacerber en la reflétant dans chacune de ses ombres.

Le spectacle était aussi magnifique que tragique, mais, dans la voiture de Steve, le chaos qui régnait l'empêchait d'en profiter. Il avait réussit, sans se rendre compte sur le moment du danger dans lequel il se mettait, à y casser cinq des gamins, Nancy ayant prit sa voiture pour les rejoindre avec Mike. Le débat qui faisait rage en ce moment, après plusieurs autres du même acabit, était le suivant : qui était capable de mettre le plus de marshmallows dans sa bouche en même temps ? Les paris étaient lancés et Steve prévoyait que la soirée ne serait pas de tout repos et que les stands de confiseries mettraient du temps à s'en remettre. 

La veille, il avait  demandé aux gamins de ne pas dire à Nancy que Billy était aussi leur baby-sitter, soit disant pour ne pas l'inquiéter. Ils avaient tous accepter même si, au grand étonnement de Steve, ils semblaient commencer à se prendre d'affection pour le californien, ce qui le faisait se sentir encore plus coupable. Parce que oui, il se sentait coupable, même si, selon lui, c'était bien le sentiment le plus ridicule qu'il pouvait avoir à propos de Billy. Il y avait bien une raison si tout le monde le haïssait. Mais si ces gosses, que Steve considérait presque comme sa famille, ne le haïssait pas, alors peut-être y avait-il eut une erreur quelque part dans cette théorie communément accepté qui attribuait toutes les cruautés possibles à Billy. C'était sans doute ce que Steve avait pressenti quand il avait pris l'habitude de lui parler pendant son coma. Mais, de retour dans le monde réel, loin des néons aveuglant de l'hôpital, cette impression de compréhension qui émanait du visage d'ange endormi était plus difficile à admettre. Elle semblait appartenir à une autre facette de Billy, qui poussait Steve à une remise en question de lui-même et de tout ceux qui l'entouraient. Ce qui était une entreprise bien trop fatigante et  risquée. Le conformisme restait toujours le choix le plus sûr tout en étant le plus simple, c'était ce qui faisait son succès. 

- Eh Steve, tu fais quoi ? C'est pas encore le moment de t'endormir. 

- On sait que tu vieillit, mais je pensais que c'était à ce point là !

Violemment tiré de son instant philosophie, Steve se dit que cela ressemblait déjà trop à une remise en question, et effaça rapidement toutes ces préoccupations stupides. 

- Un peu de respect pour vos aînés, c'est trop vous demander ? 

Dustin fit mine de réfléchir : 

- Je crois que oui.

- Allez sortez d'ici, et plus vite que ça, soupira Steve.

Ils ne se firent pas prier. Dehors, l'herbe recouverte d'une mince pellicule de givre craquait délicatement sous les chaussures : chaque pas nécessitait le sacrifices d'un petit palais de givre. Mais de toute manière ils auraient fondu dès les premiers rayons de soleil et la fête n'allait pas les attendre ! Aussi, leur souffle s'élevant en volutes translucide au dessus de leurs tête, toute la petite troupe se mit à courir vers la première baraque, ou devait les attendre Nancy et Mike. 

La jeune femme portait le même chemisier qu'à cette maudite soirée d'Halloween, et Steve se dit que tout de même se serait drôle si leur plan ne marchait pas et qu'elle rompait avec Jonathan en le portant. Elfe scella ses retrouvailles avec son petit ami par un baiser un peu trop langoureux et tout le monde se détourna, sauf Max et Lucas, qui les imitèrent avec joie, au plus agacement des autres. Jaloux, Dustin commença à faire l'éloge de sa Suzie, et à regretter son absence, tandis que Will semblait s'ennuyer. 

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