CHAPITRE 12

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CONRAD

Jessie pose deux bières sur la petite table que je suis parvenue à dégoter dans un coin et je la remercie d'un sourire avant de me saisir de la mienne. Sean, assis face à moi, m'imite et nous trinquons avant d'en boire une grande lampée. Ma bouteille retrouve le bois élimé et je m'appuie contre le dossier de ma chaise pour l'observer.

J'adore la couleur de ses cheveux, cette nuance de roux qui attire les lumières. J'adore la couleur de ses yeux, cette teinte qui m'attire dans un autre monde. J'adore la constellation qui parsème son nez et ses pommettes de taches de rousseur. Sa peau semble si pâle qu'elles sont d'autant plus visible. J'aimerai pouvoir les relier du doigt.

Je détourne le regard, observant les gens au bar pour reprendre contenance. La situation me semble assez claire, nous n'avons pas grand-chose à nous dire. Il faut que j'arrête de le trouver aussi beau. Parce que, merde, il me donne à nouveau envie de lui sans n'avoir rien besoin de faire.

- Tu viens souvent ici ?

Mon attention se reconcentre sur lui et j'arque un sourcil.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Tu n'as pas eu de mal à trouver cette table, la serveuse nous a servi sans passer commande et elle ne cesse de t'observer du coin de l'œil. Une ex ?

Je m'esclaffe avant d'avaler une nouvelle gorgée.

- Pas la mienne. C'est l'ancienne copine de Noah, mon meilleur ami. On passait beaucoup de temps ici quand ils étaient en couple. On continue de venir de temps à autre, quand nos horaires coïncident.

- C'est sympa. J'aime bien l'ambiance qu'il y a ici. J'aurais le droit de revenir sans toi ?

Il affiche un sourire en coin et sa question me fait plaisir. Elle détend aussi considérablement l'atmosphère et la petite complicité que nous avions partagée cette nuit-là refait surface.

- Je ne sais pas. Ça dépendra de qui tu y amènes à la place.

- Je ne suis pas certain de vouloir y revenir sans toi.

- Vraiment ?

Il hausse les épaules, laissant ses paroles en suspend et je ne cherche pas à en savoir plus. Je ne veux pas le braquer. Je ne veux pas que cet apaisement disparaisse.

- Je peux te poser une question ?

- Tu viens de le faire.

- Hilarant, Conrad. Vraiment hilarant.

- Je l'admets, c'était facile. Mais, je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Je décèle un très léger accent, quand tu parles. Tu as vécu à l'étranger ?

Mes yeux s'ouvrent un peu alors que je l'observe. Peu de gens le remarque. Fait-il si attention aux détails qui me concernent ?

- Tu as l'ouïe fine, Sean.

- J'aime bien l'intonation qu'il donne aux mots que tu prononces.

Il dit ça avec désinvolture mais est-ce qu'il a conscience de ce qu'il me dit ? Reprends-toi, Conrad !

- Je suis né à l'étranger, aux États-Unis. Je suis un new-yorkais de pure souche. Même si... J'ai quitté le pays quand j'avais dix ans alors je ne suis pas certain de prétendre encore au titre !

Son rire s'élève et un sourire éclaire son visage.

- Effectivement... La ville a dû bien changer depuis. Tu y retournes de temps à autre ?

Heureuses CirconstancesWhere stories live. Discover now