This is why I don't socialize • [BxB]

If karma doesn't hit you, I will • Prologue

*Si le karma ne te frappe pas, je le ferais*

• R I V E N •

La pluie s'abat violemment sur les vitres du bureau de mon père et plus le temps s'assombrit, plus je me dis qu'il vaudrait mieux partir, car cette conversation ne rime à rien.

— Qu'allons-nous faire maintenant ?

— Pour l'instant, rien. Il faut attendre que les médias se calment.

Blaze, mon père, se lève pour aller se servir un verre tandis que je reste stoïque face à son insensibilité. Il s'attarde un instant devant les baies vitrées humidifiées par le temps et je me décide à prendre la parole.

— Te rends-tu compte que l'entreprise familiale va s'écrouler par ta faute ?

Installé dans son fauteuil de cuir, il fixe le fond de son verre. Blaze a de nouveau commis une erreur, la première nous a coûté le départ de ma mère, et maintenant la perte de la compagnie. J'aimerais lui demander où va nous amener sa prochaine erreur, mais je m'abstiens.

— Ce sont des choses qui arrivent, mon fils.

— Tu as été pris en flagrant délit en train de coucher avec la femme de notre associé, ce n'est pas quelque chose qui arrive.

Un rictus apparaît à la commissure de ses lèvres asséchées par l'alcool et je me fais violence pour ne pas dire des choses que je risque de regretter plus tard. La collaboration de notre famille avec Arthur et Camila O'brian maintenait l'entreprise en vie, mais maintenant qu'ils ont rompu tous les accords, notre compagnie d'énergie risque de sombrer dans l'oubli.

Et Blaze s'inquiète des médias.

Échanger avec lui ne sert rien, il m'a appelé juste pour m'avertir que je n'ai plus de travail.

— Le reste de la famille est au courant ?

— Je comptais sur toi pour leur annoncer la nouvelle, Riven.

— Tu n'es pas sérieux ?

Blaze sirote son verre de whisky, il ne plaisante pas et son regard est assez explicite.

— C'est hors de question. Assume tes erreurs, pour changer.

Je ne lui laisse pas le temps de riposter et repousse mon siège afin de mettre fin à cette discussion. Mon père n'ajoute rien, tant mieux. Je sais qu'il trouvera une solution, il finit toujours par trouver une solution. Cependant, ce n'est pas à moi d'affronter la famille. Il a fait une erreur et il doit en endosser l'entière responsabilité. Je reviendrai à la propriété lorsque la nouvelle aura été annoncée. Ils auront tous un avis différent et je suis trop fatigué pour tous les considérer maintenant. Même si j'ai hâte de savoir comment Blaze va, une fois de plus, s'en sortir indemne.

Je jette un dernier coup d'œil à son grand bureau avant de partir en imaginant toutes les conversations qui ont pu avoir lieu dans cette pièce interdite. Blaze m'a déjà oublié, il est retourné dans sa paperasse. J'ouvre les portes en bois et trouve Farongondah, gouvernante depuis des années, en pleine préparation pour le dîner. Je lui adresse un faible sourire et m'éclipse rapidement pour rejoindre le hall d'entrée avant qu'elle me propose de rester dîner.

Un soupire las s'échappe de mes lèvres et je demande au chauffeur de me reconduire chez moi, avant qu'il ne soit trop tard. La tête reposant sur la vitre tintée, je réfléchis à tout ce que cela implique. Mon père a eu une liaison avec la femme de notre associé, Camila O'brian. C'est terminé, son mari et elle sont partis et l'entreprise va disparaître avec eux. Je n'arrive pas à croire que Blaze puisse être si immature, on dirait qu'il ne peut pas s'empêcher de faire des erreurs. D'abord avec Maman, et maintenant avec la compagnie. J'ai l'impression que le sort de l'entreprise lui est complètement égal. Pour lui, tant que nous avons encore de l'argent, rien est grave. Je soupire encore une fois, ce qui n'échappe pas à mon chauffeur.

— Tout va bien, Monsieur Ward ?

Je l'observe du coin de l'œil avant de détourner mon regard vers le paysage.

— Oui.

Je ne compte pas étaler ma vie privée devant un chauffeur, il est là pour me conduire chez moi, rien de plus, rien de moins. Ma mère me manque. Si elle était encore avec Blaze, nous n'en serions sûrement pas là aujourd'hui. Si seulement il ne l'avait pas trompée. Si seulement il s'était contrôlé ce soir-là, elle serait encore à la propriété et on vivrait tous ensemble. Il n'y aurait pas autant de tensions et la compagnie d'énergie serait à son apogée.

Le trajet me semble plus long qu'à l'aller et j'en profite pour regarder ce que les gens disent de nous. J'ouvre l'application et les gros titres que je lis me paraissent plus ridicules les uns que les autres. Même si certain sont mérités, je ne l'avouerais sûrement jamais. D'après la chaîne d'information locale, notre compagnie fait faillite. Nous ne faisons plus parti des meilleures entreprises, on dit même qu'il va falloir trouver un autre moyen d'avoir de l'électricité. J'enverrais bien tout cela à Blaze pour le mettre en face de son étourderie, mais je crois qu'il a déjà lu tous les journaux de la ville. Mes yeux défilent sur les articles de plus en plus aberrants tandis que je commence à me demander sérieusement comment nous sortir de ce guêpier.

La voiture s'arrête et Georges m'ouvre la portière.

— Passez une excellente soirée, Monsieur.

Je ne réponds rien et prends les escaliers qui mènent à mon appartement. Inutile de gaspiller de la salive pour de la politesse. Je crois que Georges a l'habitude puisque je le vois retourner dans la voiture et s'éloigner. Je hausse les épaules. De toute façon, ça m'est égal.

L'ascenseur privé s'arrête à l'étage de mon penthouse et je m'écroule sur le divan avant même d'avoir ôté mes souliers. Je suis fatigué de devoir assumer les décisions immatures de Blaze. Il faudrait qu'il se reprenne en main, ce n'est pas parce que ma mère, Marina, n'est plus là, qu'il doit faire n'importe quoi avec l'entreprise familiale. Je me lève lentement pour aller chercher un verre tout comme l'avait fait mon père plus tôt. Il faut que je me repose, demain sera une longue journée et je vais avoir besoin de courage lorsque je serai face à la famille au complet. Ils ont tous un don pour donner leurs avis au pire moment et j'ai hâte de voir quel stratagème Blaze va utiliser pour embobiner ses enfants.

Et malgré ma méfiance, cela promet d'être intéressant.