Chapitre 30

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Après de rapides adieux à Tania, mon neveu tendit sa main gauche à Léo qui, à son tour, prit la mienne. Will fermait le cercle en s'accrochant à mon bras droit et à celui de son (futur) cousin.

- Ben, tu es bien sûr de pouvoir nous ramener tous les quatre à la clinique ? demandai-je.

- Je n'ai jamais transporté autant de personnes avec moi auparavant mais si vous ne rompez pas le cercle je suppose que ça ira.

Je n'étais pas particulièrement enthousiaste à l'idée de me téléporter à nouveau mais ce serait un gain de temps considérable.

- Vous êtes prêts ?

Je fermai les yeux, espérant diminuer les effets « Space Mountain » du voyage.

La seconde suivante, nous étions de retour dans la chambre de mon fils, où Ben et moi avions laissé Alex quelques heures plus tôt.

- Papa !

Will se jeta dans les bras de mon compagnon assis sur le petit lit.

Du coin de l'œil, je vis Léo détourner les yeux et mon cœur se serra. Il n'avait pas besoin de voir ni d'entendre ces retrouvailles. Le risque de confrontation entre les deux hommes que j'aimais était très élevé.

- Léo, chuchotai-je, tu as conduit pendant des heures, tu dois être fatigué. Tu ne veux pas aller te reposer dans une des chambres à côté ?

Il tourna les talons sans un mot.

Ben le regarda partir et se tourna vers moi.

- Je peux te parler une minute ?

J'acquiesçai avant de le suivre dans le couloir, prenant soin de fermer la porte derrière moi.

- Je ne peux pas rester, ma vie m'attend en 2030.

- Je sais, Ben.

- Tu vas devoir faire un choix.

- Je sais, répétai-je.

Il soupira, exaspéré.

- Ce que je veux dire c'est qu'il faut que tu suives ce que te dit ton cœur. Tu as vu l'avenir donc ton choix ne sera sans doute pas très objectif mais pose-toi les bonnes questions.

- Je ferai ce qui est juste, Ben. Tu peux compter sur moi.

Il me prit dans ses bras, gêné.

Je lui rendis son étreinte gentiment, les yeux commençaient à me piquer.

- Tu vas me manquer, tante Léo. Prenez soin de vous.

Après un dernier salut de la main, Benjamin s'éclipsa. Une larme roula sur ma joue et je souris dans le vide. Il serait de retour chez lui avant même que cette petite goutte d'eau salée n'atteigne mon menton.

Je respirai à fond pour reprendre contenance. Je voulais tenir compagnie à Léo.

- Entre, me dit-il à travers la porte entrebâillée.

Je n'avais même pas eu le temps de frapper.

La chambre était comme toutes les autres de la clinique, immaculée et stérile avec pour seul mobilier une penderie, un bureau et un lit.

Léo était allongé à même le matelas, les draps roulés en boule à ses pieds.

- Je ne te dérange pas ?

Il secoua la tête mais ne lâcha pas le plafond du regard. Je pris la liberté de m'étendre à côté de lui et il m'offrit son bras comme oreiller. Aucun de nous n'osa prononcer une parole pendant plusieurs minutes.

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