Chapitre 10

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Mon fiancé se recula, comme s'il avait été en présence d'un lépreux.

- Léo, qui est-ce ? murmurai-je.

Tétanisé, il ne répondit rien. Le principal intéressé se présenta donc.

- Bonjour, Léona. Je m'appelle Octave et je suis ton grand-père.

Bien que la ressemblance soit frappante, je n'en crus pas un mot.

Lui adressant un regard hautain, je répliquai :

- Tiens donc. J'ignorais que les grands-pères avaient pour habitude de cambrioler leur petite-fille !

Sans prévenir, Léo se jeta alors sur le vieillard, l'agrippant par le col.

- Qu'est-ce que tu racontes ? rugit-il.

- Du calme, fils. Je vais tout t'expliquer.

Je me figeai.

Fils ?

Paralysée, un voile noir recouvrit mes yeux. Je perdis pied peu à peu. Des bruits de coups me parvinrent de très loin et je n'aurais su dire qui avait l'avantage. Des pensées s'entrechoquaient, tournaient en boucle dans ma tête.

Léo était le fils d'Octave, qui était lui-même mon grand-père. Mon fiancé était donc mon oncle. Notre amour était incestueux. Impossible. La gravité de la situation m'apparut lentement. Les yeux embués de larmes, je mis la main sur mon ventre. Ma vie venait de voler en éclats.

- Nous devrions peut-être les arrêter avant qu'ils n'attirent le voisinage et détruisent votre maison, suggéra une voix derrière moi.

Je fis volte-face. Contrairement à ses deux acolytes, le jeune Anglais n'avait apparemment pas pris part au combat.

- De quel côté êtes-vous donc ? demandai-je avec méfiance.

- A vrai dire, aucun. Votre grand-père m'a beaucoup parlé de vous, Léona.

- Qui êtes-vous par rapport à Octave ?

- Il est le directeur de la clinique où je travaille. Je m'appelle Alex et je suis infirmier.

Il me tendit la main. Je me détournai de lui.

Avec effroi, je constatai que mon fiancé était maintenu au sol par Grand Costaud pendant que l'Égyptien et Octave le ligotaient avec du Scotch.

- Relâchez-le ! m'écriai-je en voyant le visage livide de Léo.

Pourquoi ne se défendait-il pas, bon sang ?!

- Elle a raison, intervint Alex. Libérez-le, la violence ne fera qu'envenimer les choses.

- La ferme, le Saint ! cracha alors Grand Costaud.

Je me jetai sur son dos et tirai sur ses larges épaules pour le faire lâcher prise. Il se secoua pour m'évincer mais j'avais bien planté mes ongles dans sa chair.

- Octave, dis-je, haletante. Nous n'allons pas nous enfuir. Nous sommes prêts à vous écouter. Co...comment pouvez-vous traiter votre fils de cette manière ?

- Léona, attention ! hurla soudainement Léo.

Je me tournai une seconde trop tard. Du tranchant de la main, quelqu'un porta un coup à ma nuque.

- Désolé, la patience n'a jamais été mon fort.

Ma mémoire me jouait-elle des tours ? Etait-ce bien la voix de Brandon que je venais d'entendre ?

Je perdis connaissance l'instant d'après.

Plusieurs heures plus tard, je me réveillai tout ankylosée et nauséeuse. Désorientée, je relevai la tête. Mes yeux mirent plusieurs minutes à s'accoutumer à l'obscurité ambiante mais il ne faisait aucun doute que j'étais à l'arrière d'une camionnette.

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