Chapitre 12

11 3 0
                                    

La tête au-dessus de la cuvette, j'entendis des pas familier s'approcher de ma cellule.

- Alex, vous ne devriez pas regarder. Je vais vous couper l'appétit, dis-je en m'essuyant la bouche du revers de la main.

Une ride d'inquiétude barrait son front.

- Léona, vous êtes malade.

Non, enceinte, rectifiai-je intérieurement.

- Je vais demander à Octave la permission de vous ausculter.

Je secouai la tête.

- Ce n'est pas d'un médecin dont j'ai besoin mais de Léo.

Frustré, il frappa sur la vitre épaisse qui nous séparait tandis que ma nausée reprenait de plus belle. Par expérience, je savais qu'un simple coup de poing ne réussirait pas à la briser. J'avais déjà essayé, à maintes reprises. Amusé par mon comportement, Rod m'avait alors indiqué qu'un troupeau d'éléphants ne parviendrait pas même à fendiller le verre.

- Je reviendrai vous voir dans l'après-midi.

Je haussai les épaules avec indifférence et il tourna les talons.

Je me recroquevillai sur moi-même, la joue contre le sol en ciment. Je ne savais plus depuis combien de temps on m'avait emprisonné. Une semaine ? Deux ? Trois, peut-être ? J'étais sous-alimentée et mes forces s'amenuisaient de minutes en minutes. Je me surpris à penser que l'enfant qui grandissait en moi ne tiendrait pas neuf mois à ce régime.

Je posai ma main sur mon ventre légèrement arrondi avec tendresse. S'il arrivait à terme, ce serait un petit garçon, j'en étais convaincue. J'imaginai son petit visage entouré de boucles brunes indomptables comme les miennes et un magnifique sourire comme celui de Léo. À la fois passionné de littérature et de musique, il deviendrait certainement un grand artiste.

Je fus interrompue dans mes rêveries par des bruits de pas. Quelqu'un s'approchait de ma cellule. Encore. En tentant de me relever, je m'égratignai les genoux sur le mortier.

Avec un soupir exaspéré, je passai les doigts sur les gouttes de sang. Fichue cellule inhibitrice de pouvoirs !

Rod déverrouilla la porte et se planta dans l'encadrement les bras croisés sur la poitrine. S'il croyait m'impressionner, il se mettait le doigt dans l'œil.

- Le Patron veut te voir.

- Le vieillard ne pouvait pas venir me chercher en personne, il fallait qu'il m'envoie un gorille...

C'est en effet à ce mammifère qu'il me faisait penser avec ses manières primitives et le fait qu'il soit toujours vêtu de noir.

Ne trouvant rien à répondre, il me fusilla du regard avant de m'attraper par le col de ma chemise pour que je le suive. Il me traîna ainsi sur plusieurs étages et je pris un malin plaisir à le ralentir en prétextant des nausées ou encore en trébuchant.

Faisant preuve d'un calme olympien, il me conduisit au dernier étage de la clinique. La tête me tournait et j'insultais mentalement les architectes de ce bâtiment. Je détestais les escaliers en colimaçon !

Sur le palier, Rod s'apprêtait à frapper à la porte lorsque des éclats de voix nous parvinrent de l'intérieur.

- Comment as-tu osé la traiter ainsi, Octave ?!

Maman ?!

Je tendis l'oreille.

Le Patron répondit quelque chose que je ne compris pas.

- Libère là immédiatement, je la ramène à la maison !

Rod se décida alors à frapper.

- Entrez.

AnomaliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant