Chapitre 8

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Lorsqu'elle ouvrit la porte, Eida retrouva le bonheur de vivre avec quelqu'un. Un sentiment de sécurité l'envahit, apaisant l'inquiétude qui la rongeait constamment. Elle n'était pas seule.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, le chat s'était engouffré avec elle dans la demeure. Il se faufila dans le salon avant qu'elle n'ait le temps de le rattraper. Eida haussa de nouveau les épaules, résignée. Ce chat avait du caractère.

Après avoir ôté ses chaussures et son chapeau, elle grimpa rapidement à l'étage. Discrète comme toujours, elle s'approcha de la chambre. Elle aimait cette absence de bruit, ce silence que l'on garde lorsque quelqu'un dort, si éloigné de celui, froid et sombre, qu'elle partageait avec la solitude.

Timidement, elle ouvrit la porte et se glissa à l'intérieur. Allongé sur le lit, la tête tournée vers la fenêtre, Jenna avait les yeux grands ouvert en direction du ciel. Alerté par sa présence, comme s'il avait pu entendre l'infime bruit que faisait son cœur, il se tourna vers elle. Un grand sourire illumina son visage, un sourire presque enfantin.

– Tu as faim ? demanda doucement Eida, parce qu'il n'y avait rien d'autre à dire.

– Un peu.

Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent, elle posa son panier sur son bureau et en sortit ses achats. Jenna s'était relevé et la regardait avec étonnement.

– Je t'ai acheté des vêtements. Je ne savais pas trop quoi te prendre alors j'ai pris la plus grande taille.

– Merci beaucoup.

– Euh... Tu veux prendre un bain pendant que je prépare le repas ? Durant les soins j'ai essayé de te laver mais... 

Son regard se posa sur les vêtements déchirés qu'il portait toujours. Sentant le rouge lui monter aux joues, elle détourna les yeux et termina rapidement sa phrase.

– Je n'ai pas osé m'occuper de l'intégralité.

Jenna comprit brusquement et eut un sourire amusé.

– Ce ne serait pas de refus ! lança-t-il.

– Bien. Va dans la salle d'eau, tout au bout du couloir. Je vais faire chauffer de l'eau, je déposerai la bassine devant la porte.

Le jeune homme hocha la tête et elle disparut comme un coup de vent. Eida descendit rapidement les escaliers pour s'exécuter. Elle entendit la porte de la salle d'eau se fermer et retint un sourire. Elle remarquait pour la première fois qu'elle aimait s'occuper des autres, les aider et les faire rire aussi.

Perdue dans ses pensées, elle attendit que l'eau soit chaude, puis elle souleva la large bassine et la porta jusqu'en haut. Ses petits bras pleuraient, mais elle s'en moquait. Elle aimait être là, pour lui. Elle déposa sa lourde charge et frappa à la porte.

– L'eau est chaude ! lança-t-elle, avant de redescendre pour ne pas faire brûler leur repas.

Jenna ne se fit pas attendre et il fut en bas quand Eida termina de faire cuir la viande. Si le pantalon lui allait plutôt bien, la tunique était un peu courte et trop large aux épaules. 

Ils s'installèrent pour manger. Eida n'avait pas réussi à remettre la main sur le chat, qui s'était sans doute dénicher un coin pour piquer un somme.

Alors qu'un silence paisible s'était installé entre eux, la jeune fille remarqua que le visage de Jenna était fermé. Son cœur se pressa doucement dans sa poitrine. À force de se fondre dans cette nouvelle vie, elle oubliait qu'elle était seule à croire en son petite bonheur. Elle le fixa quelques secondes et crut voir de l'inquiétude marquer ses traits. Lui, sans doute, ne partageait pas sa joie.

Le Monde Flottant [EN PAUSE]Where stories live. Discover now