Chapitre 13

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Tout n'était que bruits, images et odeurs. La ville était un immense tableau aux vives couleurs, qui représentait avec une simplicité éblouissante la vie, et l'humain dans toute sa grandeur.

Jamais Eida n'avait vu un tel spectacle.

Un concentré de chaleur, une fourmilière, une mer emplie de corps, de visages et de voix. Partout on pouvait entendre les cris des marchands qui attiraient les foules, mais leurs annonces étaient recouvertes par la joie sonore qui serpentait dans la ville. On s'amusait, on se poussait, on esquissait trois pas de danses avant de presser le pas, de se lancer dans une course sans gagnant.

Illuminés par les rayons du soleil naissants, d'immenses bâtiments se dressaient de part et d'autre de l'avenue centrale, toisant les habitants, Seigneurs inébranlables. Mais les passants, attirés par le flot de sons et de couleurs qui se déversait aux pieds des bâtiments apercevait à la richesse des boutiques, la courbe généreuse des ponts, la splendeur des arches sculptées ni même la propreté des pavés usés. Tous étaient entraînés dans une farandole de parfums et de plats encore jamais savourés.

Le pays tout entier était étalé sur les stands. Qu'ils viennent de Teich ou de Laes, qu'ils soient vendu à Wieze, à la Citadelle Royal ou au fin fond de la Lande des milliers de produits se retrouvaient au cœur du gigantesque marché. Les couleurs se mélangeaient, les sourires se partageaient.

Le festival saisonnier n'avait débuté que depuis quelques heures mais, déjà, l'effervescence gagnait les rues, bondées d'étranger ou d'habitués, de voyageurs ou de locaux. Chaque ruelle, jusqu'aux plus étroites, était occupée par les vendeurs et leur clientèle. Les restaurants, les auberges étaient complètes. Les jardins débordaient de promeneurs et les boutiques s'étaient faites dévalisées.

Eida n'en croyait pas ses yeux. Tous ce monde se réunissait-il ici pour la même raison ? Pourquoi n'y était-elle jamais allée ?

Eida voulait baigner plus longtemps dans cette mer de vie pour découvrir ce que la distance lui avait caché, mais elle avait un objectif : retrouver son père. Déboussolée par tant de joie, elle n'arrivait pas à reconnaître celui qu'elle était venue chercher. Tous les visages se ressemblaient, bien que tous soient différents.

Perdue dans la foule, Eida tenta de trouver une silhouette familière entre les grands, les bruns, les ronds, les costauds, les rieurs, les déprimés, les sages, les casse-pieds, les blonds, les vilains, les cassés, les bourrus, les têtus, les vulgaires, les tordus, les tête-en-l'air... L'inquiétude de le manquer, de ne pas le voir alors qu'il passait à côté d'elle, lui rongeait le ventre. Eida s'avança un peu vers la droite, puis vers la gauche, elle ne savait pas où aller mais elle sentait que son père était là, juste là ; qu'il était dans cette ville et qu'il l'attendait.

Alors qu'elle commençait à fendre la foule dans l'espoir de l'apercevoir, une main attrapa fermement son bras. Eida sursauta.

– Reste là. Je ne veux pas te perdre.

Jenna avait l'air concentré. Ses yeux parcouraient la foule, une lueur méfiante valsant dans ses prunelles. Eida remarqua soudain qu'il était plus grand que la plupart des passants. Immobile au cœur de cette marée grouillante, il avait l'air de chercher quelque chose ou quelqu'un. Eida esquissa un sourire amusé. Elle l'avait bien entendu trouvé grand en le ramenant chez elle, mais elle ne s'était pas rendu compte à quel point !

En haussant la voix pour qu'il l'entende malgré le brouhaha, la jeune fille lui demanda :

– Qu'est-ce-que tu fais ?

– Je cherche ton père. Il te ressemble ?

Eida sentit son cœur se serrer. Ainsi, il cherchait son père. Jenna avait finalement décidé de l'aider. Elle qui était persuadé qu'il ne l'avait emmené que parce qu'elle lui avait fait pitié, elle l'avait mal jugé.

Le Monde Flottant [EN PAUSE]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin