𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖 : 𝐒𝐔𝐑 𝐋𝐄 𝐏𝐀𝐑𝐊𝐈𝐍𝐆

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Le vent qui se levait me frappa le visage dès que je posai le pied hors de la supérette. L'air s'était rafraichi également, et le ciel semblait encore plus couvert que tout à l'heure. La luminosité avait baissé, et un énorme nuage gris semblait fuser droit sur nous. Cela ne présageait rien de bon.

Mon covoitureur enfonça sa main dans une des poches de son jean, et en extirpa avec difficulté un paquet de cigarettes en mauvais état. Je n'étais pas étonnée qu'il fume, étant donné le nombre de briquet qu'il avait rien que dans sa voiture. Il en sortit une de l'emballage, et se la glissa entre ses lèvres.

Il tendit le paquet en ma direction, en m'interrogeant du regard.

–T'en veux une ? il essaya d'articuler avec la cigarette.

J'haussai les épaules, et acceptai volontiers. Cela faisait longtemps que je n'avais pas fumé d'industrielles, j'étais plutôt habituée au roulés, moins onéreux. Je pris le cylindre de tabac entre mes doigts et me le glissai entre les lèvres, de la même manière qu'avait fait Jungkook quelques secondes auparavant. Ce dernier fit un pas en ma direction, et sortit de son autre poche le briquet dont il s'était servi pour ouvrir ma bière tout à l'heure. Je me retrouvai face à lui, et tendis le menton en avant tout en inspirant pendant que Jungkook s'occupait de la combustion. La chaleur de la fumée imprégna alors mes poumons et la nicotine embua mon cerveau. Je fermai les yeux sous le plaisir. La première taffe était toujours la meilleure.

Je recrachais la fumée dans le vent alors que Jungkook allumait sa propre cigarette.

–Je n'aurais pas cru que tu fumais, m'avoua mon interlocuteur.

–Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

–Je ne sais pas. Ton air de bonne élève probablement, ricana-t-il.

Je levai le yeux aux ciel à sa remarque. Il prenait la confiance, mais ce n'était pas plus mal, c'était amical, et rendrait le voyage sans doute plus agréable. Je ferais mieux de laisser tomber un peu les bonnes manières aussi.

–Désolée si on ne ressemble pas tous aux Bad Boy cliché des dramas cucul.

–Eh ! J'aime bien les dramas cucul déjà, critique pas.

–Monsieur est un grand sentimental ? M'étonnai-je

–Il semblerait, répondit-il en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette.

–Toi en revanche, c'était plutôt évident que tu fumais, remarquai-je à voix haute. Je n'ai jamais vu autant de briquets dans une même voiture.

–Je ne tenais pas à le cacher de toute manière. Tu fumes depuis combien de temps ?

–Je m'y suis mise après le lycée, quand on a commencé à faire des soirées étudiantes, et à vraiment stresser à l'université. Comme à peu près tous les fumeurs, j'imagine. C'est assez con d'ailleurs de tomber dedans comme ça.

–Ouais, c'est un peu comme un piège, soupira Jungkook.

–Toi aussi tu as commencé en entrant à la fac ?

–J'ai commencé à seize ans. J'en piquais dans le paquet de mon père dès qu'il avait le dos tourné. Pourtant, ça me dégoutait vraiment de le voir fumer à la maison, mais au final j'ai fini par faire pareil que lui.

–C'est assez paradoxal.

Une goutte d'eau atterrit sur mon front alors que je venais de terminer ma phrase. Je levais les yeux au ciel, et constatai que ce dernier se noircissait de minute en minute.

–Jungkook, je crois qu'il va pleuvoir.

–On va remettre le toit de la voiture avant de partir.

–Je suis pour.

𝐓𝟏 : 𝐄𝐌𝐁𝐎𝐔𝐓𝐄𝐈𝐋𝐋𝐀𝐆𝐄𝐒 // 𝐣𝐤𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant