𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 : 𝐀 𝐒𝐄𝐎𝐔𝐋

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D'après le GPS nous devions arriver à 18h30 à Daegu, ce qui était étonnant. Nous en avions pour un peu moins de quatre heures. En partant à 11h15, nous devrions arriver à 15h environ. Je regardai ma montre pour être sûre que j'avais bien fait mes calculs à partir du bon horaire, et c'était le cas. Le cadran affichait 11h13.

– La voiture n'est pas à l'heure, si c'est ce que vous vous demandiez.

– Ah, je me disais bien.

Un silence s'en suivit.

Jungkook, si je me souvenais bien de son nom, avait l'air agile au volant, il passait les vitesses avec une dextérité que j'avais rarement vue, même si j'étais loin d'être experte en la matière. J'avais passé mon permis dès ma majorité, comme beaucoup d'autres coréens, mais je n'avais pas eu l'occasion de m'en servir beaucoup depuis. Après le lycée, j'étais tout de suite allée à l'Université à la capitale, où avoir une voiture est bien moins commode au vue du nombre limité de place de parking. Et puis le réseau de métro et de trains était polarisé autour de Séoul, donc ne pas avoir de véhicule était en fait plus pratique que d'en avoir un. J'étais même incapable de dire si six ans après avoir passé mon permis, j'étais toujours capable de conduire.

– On va arriver à Daegu vers quinze heures, je crois. Tu as prévu quelque chose à manger pour ce midi ?

Oh, il me tutoyait maintenant.

– Non, rien du tout, avouai-je prise de court. J'aurais peut-être dû prendre un petit en-cas.

Je lui aurais bien demandé si, lui, avait pris quelque chose pour le déjeuner, mais je ne savais plus si je devais le vouvoyer ou le tutoyer. Que dire ? Et toi ? Et vous ? Le vouvoyer serait sec, comme il venait de me tutoyer, mais je ne voulais pas paraitre familière en le tutoyant tout de suite comme il venait de le faire.

– Tu veux quon s'arrête pour acheter un truc maintenant ?

– On pourra acheter quelque chose sur une aire d'autoroute, ça sera plus simple.

– Sans doute. Ça ne te dérange pas qu'on se tutoie au fait ?

– Pas du tout. Je commençais à trouver ça un peu lourd les formules de politesse.

– C'est ce que je me suis dit aussi, surtout qu'on va rester ensemble un petit moment alors...

Un nouveau silence prit place, alors pour donner une excuse à mon manque de discussion, je me plongeais dans mon téléphone comme une ado qui faisait la gueule et répondis au message de Taehyung, lui expliquant que j'étais bien en compagnie du covoitureur, et que nous étions en route.

A : 11h21 : De : Taehyung :

« Mieux vaut tard que jamais. Je vais faire le ménage en t'attendant. »

« Et si c'est trop gênant, fais semblant de dormir au pire. »

Son message me fit sourire. Je lui envoyai rapidement un « t'es bête, mais j'y penserai si besoin » avant de détourner les yeux de mon cellulaire et de les poser sur les quartiers de la ville de Séoul qui défilaient devant moi.

Taehyung et moi nous étions rencontrés au lycée, il y avait de cela neuf ans, nous n'en avions alors que quinze. Nous étions dans la même classe de la seconde à la terminale, mais c'était seulement à partir de la première que des liens ont commencé à se tisser entre nous, pendant les cours de biologie surtout, où je ne comprenais rien et où il m'aidait souvent, comme nous étions assis à côté et qu'il était, accessoirement, le meilleur de la classe dans cette discipline. Heureusement que j'avais abandonné cette matière l'année suivante, ce n'était vraiment pas mon truc.
De fil en aiguille, avec un encouragement conséquent de nos camarades qui avaient remarqué notre proximité dans les nombreux cours que nous partagions, nous avions commencé à sortir ensemble à la fin de l'année de première.
Et encore aujourd'hui, nous étions toujours ensemble.

– Alors, qu'est-ce qui t'amène à aller à Daegu ? Ce n'est quand même pas la porte à côté.

– Tu peux parler, tu vas à Busan, c'est encore plus loin.

– Ce n'est pas faux, ahah.

– Je vais passer les vacances là-bas, répondis-je finalement, tout sourire.

– Toutes les vacances ?

Le ton de sa voix indiquait déjà son opinion sur Daegu : jamais il ne se verrait passer deux mois là bas apparemment.

– Les deux mois, oui.

– Pour du tourisme ?

– Non, je vais retrouver ma famille et mes amis là-bas.

– Donc tu es originaire de là-bas ?

– Exact. Et toi ? Pourquoi tu vas à Busan ? Ce n'est pas vraiment la porte à côté, non plus, demandai-je en reprenant ses paroles.

– Les mêmes raisons que toi, même si j'y vais plus pour mes amis que ma famille, sans mentir.

– Je vois, je vois.

Encore un blanc. Mon interlocuteur était concentré sur la route (quoi que, pas vraiment, puisqu'il venait de griller un stop). De mon côté du véhicule, j'avais les yeux rivés sur mes cuisses alors que le silence s'installait de plus en plus.

Pourquoi je n'avais pas pris le bus ? Je n'aurais pas eu à improviser une conversation avec quelqu'un que je ne connais pas. J'aurais juste eu à mettre mes écouteurs et à écouter de la musique ou regarder un film pendant le trajet.

Le silence commença à se prolonger. Un ou deux blancs ne faisaient de mal à personne, c'était même normal, même avec mes amis les plus proches cela arrivait. Mais là, dans cette situation-là, je trouvais ça pesant.

Est-ce que ce silence le dérangeait, lui ? Ou est-ce qu'il avait conscience que c'était normal? Je me posais trop de questions.

Je cherchai désespérément quelque chose à dire. Il avait bien dit « plus pour mes amis que pour ma famille » ? Peut-être que je pourrais demander pourquoi. Il ne s'entend pas bien avec sa famille ? Non ce serais trop indiscret de poser cette question. Et c'était trop tard surtout, si je demandais maintenant ce serait hors contexte.

L'écran de contrôle attira alors mon attention.

– Tu as de la musique dans ta voiture ?

Un silence avec de la musique, ce n'était plus un silence. Et puis ça comblera l'ennui d'avoir un fond sonore autre que celui du moteur.

– Évidemment, attends.

Jungkook tapota sur l'écran tout en gardant ses yeux rivés sur la route. Il devait connaître sa voiture par coeur pour faire ça. Il cliqua dans plusieurs onglets, jusqu'à arriver sur ses playlists Spotify. Il en avait une bonne dizaine. Une pour le sport, une pour lire, une pour les soirées, d'autres avec des noms farfelus. Je n'eus pas le temps de voir toutes ses playlists, il lança directement les « titres likés », où il n'y avait pas moins de 1600 musiques.

La musique se mit en marche, et je pus souffler un petit peu.


///Note de l'auteur///
07/09/2021

Bonjour bonjour.
Est ce que vous allez bien? J'espère qu'elle s'est bien passée. Pour ma part. J'ai déjà beaucoup de travail mais je suis contente de mes horaires et de ma classe.
Je reviens avec le deuxième chapitre aujourd'hui !

Je reviens avec le chapitre 2 où Jisun et Jungkook commencent leur périple !
Il n'est pas très long mais j'espère qu'il vous a plu.
À la semaine prochaine pour la suite.

𝐓𝟏 : 𝐄𝐌𝐁𝐎𝐔𝐓𝐄𝐈𝐋𝐋𝐀𝐆𝐄𝐒 // 𝐣𝐤𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant