Chapitre V - Bestiaire

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*PDV Alexis*

Un vent froid s'était soudainement levé. Le ciel s'assombrissait un peu plus chaque minute. Je n'étais plus très loin de chez Derek, mais je pressai tout de même le pas, peu rassurée par l'ambiance étrange qui émanait du quartier. Depuis cinq jours que j'étais à Beacon Hills, c'était la première fois que je me retrouvais seule aussi longtemps. J'étais partie directement après la fin des cours pour aller me promener et visiter un peu. J'étais descendue jusqu'au centre-ville et avais même marché un peu en forêt. Je crois qu'après tous ces récents évènements, j'avais besoin d'être tranquille pour réfléchir.

Stiles avait demandé plusieurs fois à son père s'il avait reçu une alerte de disparition pour moi, mais non. Rien. Nada. Nichts. Ekkert. Personne n'avait cherché à me retrouver. Des millions de scénarios se bousculaient dans mon esprit. Peut-être étais-je orpheline ? Peut-être avais-je l'habitude de fuguer de chez moi, mes parents ne s'inquiétaient donc pas plus que ça ? Peut-être qu'ils ne s'occupaient même pas de moi en temps normal ? Je n'en savais rien, mais en attendant, je me sentais comme... abandonnée. Et si je devais passer le restant de mes jours dans cette ville isolée du reste du pays, mieux valait pouvoir se repérer facilement.

Il n'y avait plus personne dans les rues. Lydia avait vu un peu trop léger, niveau vêtement. Mes chaussures n'étaient pas adaptées à la marche intensive ; ma veste fine laissait passer les courants d'air. Après tout, nous n'étions qu'en février.

Je tournai dans une rue étroite sur ma gauche. Des bruits à peine perceptibles se répercutèrent sur les façades des immeubles. Je me contentai de les ignorer. Puis d'autres se rajoutèrent aux premiers et j'accélérai. Je tournai encore. Merde, un cul de sac.

"Et bah 'lors, on s'est perdue ma mignonne ?"

Je me figeai.

"Hey ! T'as perdu ta langue princesse ?!"

Je fis volte-face. Deux hommes me barraient la route. Le premier, probablement celui qui avait parlé, portait un sweat sale et un bon ventre à bière. Une barbe de trois jours lui mangeait les joues. Ses poings étaient enfoncés dans ses poches. Il ne semblait pas vouloir bouger. Le second était bien plus grand. Il avait du mal à tenir debout. Une bouteille à la main et le visage rouge, il ricanait comme un idiot.

"La moind' des politesse quand on t'pose une question, c'est d'répondre."

J'étais incapable d'esquisser le moindre geste. Le plus petit s'avança d'un pas menaçant ; je reculai le plus possible jusqu'à coller mon dos au mur de crépis. Il s'approcha encore ; son torse frôlait ma poitrine. J'ouvris la bouche pour appeler à l'aide, mais il me bayonna de sa main dodue.

"Si tu fais le moind' bruit, j'te saigne !"

Il sortit sa deuxième main de sa poche et je constatai avec horreur qu'il tenait un canif.

"Pour commencer, tu vas filer ton sac à mon pote, 'voir c'qu'y a d'dans d'intéressant."

La brute au bord du comas éthylique me l'arracha, en manquant d'embarquer ma main avec. Il le secoua et je regardai mes affaires tomber par terre et rouler dans le caniveau, dépitée et terrorisée.

"Et nous pendant c'temps, on va s'amuser..."

Sa main qui tenait le couteau glissa sur ma cuisse en remontant lentement. Mon agresseur continuait de me fixer en me soufflant son haleine putride en pleine figure. J'hésitais entre vomir et pleurer.

"Lâche-la", ordonna une troisième voix.

Le petit gros arrêta immédiatement ses caresses dérangeantes et se retourna pour voir l'individu qui avait osé l'interrompre. Je distinguai difficilement une silhouette parmi les ombres. Le nouveau venu portait un haut à capuche ; il faisait trop sombre pour reconnaître son visage. Le voyou ne faisait plus du tout attention à moi. Je songeai à lui envoyer un coup entre les jambes, mais la lame de son canif était encore beaucoup trop proche de mon artère fémorale. Un coup mal placé, et je me viderais de mon sang en deux minutes top-chrono.

Amnésie (Teen Wolf)Where stories live. Discover now