Wang [KookV]

Chapitre XXXVII

- Jungwoo, qui t'a dit une chose pareille... ?

- Ce n'est pas important ! Vous aviez prévu... de me tuer ?

Je vis qu'il essayait de retenir ses larmes, par fierté. Il fronçait les sourcils de toute ses forces, faisant passer en premier sa colère pour m'intimider.
Il ne m'en fallut pas plus pour accourir vers lui et le prendre dans les bras.

- Non, bien sûr que non... Jamais je ne pourrai te faire du mal... Tu sais à quel point je t'aime.

Il se calma doucement entre mes bras, reniflant comme un enfant. Je caressai doucement ses cheveux, comme je l'avais parfois fait lorsqu'il dormait, seuls moments où je me laissais aller à le toucher.

Je ne cautionnerais jamais qu'aucun mal lui soit fait... Il était ce qu'il était à cause de moi et de ma négligence, il était perdu, mais il restait du bon en lui, j'en étais persuadée. Il restait un espoir quelque part, caché dans ces sourires qu'il m'adressait parfois ou dans ces larmes qu'il versait contre moi aujourd'hui.

- Je vous aime aussi, mère...

Un sourire s'étira sur mes lèvres mais il fut interrompu par une soudaine pointe de douleur au niveau du ventre.

- Mais c'est lui... C'est Jungkook que vous aimez... Comme un fils, n'est-ce pas ?

Je ne pus répondre. En une seconde, cette douleur paralysa tous mes membres et le cri que je voulus pousser s'étouffa dans ma gorge.
Je baissai les yeux entre moi et Jungwoo et entrevis ma robe bleue changer de couleur, prenant une drôle de teinte violette humide au niveau de mon abdomen.

Oh.
Cette vision était familière.
Finalement, Jungwoo me ressemblait assez, par certains côtés.

Sa main bougea et un éclat de métal attira mon attention lorsque la douleur se raviva. Le tissu s'imbiba alors beaucoup plus vite et je me mis à ressentir un grand froid dans les doigts, les jambes...

Je pris appui sur l'épaule de Jungwoo, essayant de garder un souffle régulier, mais sa main plongea à nouveau vers mon ventre, sans aucune pitié, m'arrachant cette fois-ci un gémissement de douleur.

- Jungwoo... coassai-je.

C'était trop tard, bien trop tard, pour faire machine arrière, mais il fallait que je lui dise.
Il fallait que je lui dise...

Jungwoo, je t'aime, tu es mon fils. Pardonne moi.

Je mis un point d'honneur à soutenir son regard puisque je n'avais plus la force de l'arrêter.
Je n'avais pas vu l'arme avec précision mais j'étais pratiquement sûre qu'il s'agissait du poignard que je lui avais offert pour son anniversaire quelques années auparavant. Il avait toujours beaucoup aimé les symboles.

- Vous étiez la seule que j'aimais vraiment... murmura-t-il en laissant retomber bruyamment la lame sur le parquet.

Il s'assit alors à même le sol, ignorant mon sang qui commençait à s'y répandre, puis me prit délicatement dans ses bras, comme j'aurais pu le faire quand il était enfant, si je n'avais pas été trop préoccupée par mes problèmes personnels.

Il commença à me bercer.
Je ne le sentis pas vraiment car mon corps commençait à s'alourdir, mais je le vis aux mouvements de la pièce autour de moi.

Tout commençait à s'assombrir et ma tête, devenue trop lourde, retomba complètement sur sa poitrine.
Il retira soigneusement ma coiffe et mes cheveux retombèrent partiellement autour de mon visage une fois libérés de leurs joyaux.
Ce fut à son tour de caresser doucement ma tête, murmurant des choses que je n'arrivais pas à comprendre.