Sous le masque (Kakashi x reader)

34 : D'un autre oeil

Je me réveillai en sursaut, le visage luisant de sueur. Les battements de mon cœur résonnaient avec affolement dans mes tempes. Encore ce cauchemar.

Je me pinçai l'arrête du nez, essayant de calmer cette panique si familière qui m'envahissait à chaque fois que cet horrible rêve venait hanter mes nuits. Ce cauchemar, je ne m'y habituerai jamais, il me faisait revivre sans arrêt un évènement passé auquel je voulais échapper.
J'y revoyais le regard terrifié de mon ancienne camarade d'équipe avant que sa vie ne la quitte. J'y revoyais sa poitrine ensanglantée, transpercée par mon propre bras et le sang qui s'écoulait peu à peu de sa bouche au même rythme de ses larmes sur ses joues.

Rêver de cet accident, c'était comme me rappeler sans arrêt que j'étais responsable de la mort de ma camarade. C'était comme me crier dans les oreilles que j'avais tué Rin.

Cela faisait des années maintenant, mais le temps ne pardonne pas un tel acte.

L'esprit encore tourmenté par ces images, je me redressai péniblement sur mon lit. Seule une bonne douche glacée pouvait chasser tous ces soucis.
Je ne pris même pas le temps de regarder l'heure sur mon réveil et me dirigeai vers la salle de bain. De toute façon, le jour où je me soucierai vraiment de l'heure, Tsunade mettra du bonnet A.

Le contact de l'eau froide sur ma peau réveilla tout de suite mon corps engourdi. Je pris le temps de me sécher puis commençai quelques étirements matinaux. Il fallait bien ça puisque, aujourd'hui, les entraînements allaient recommencer pour mon équipe. Fini les missions dangereuses et les confrontations avec l'ennemi, mon quotidien de sensei allait pouvoir reprendre.

A vrai dire, je n'avais pas du tout réfléchit aux exercices que mes chers élèves allaient pouvoir appliquer aujourd'hui. J'improviserai, comme d'habitude. Il suffisait juste de leur trouver un défi assez tordu à faire et je pourrai finir en toute sérénité l'avant dernier chapitre des "Paradis du Batifolage".
Non, vraiment, mis à part le fait de devoir me lever tôt, ces séances d'entrainements étaient bien loin d'être pénibles.

Après avoir fini d'échauffer tous mes muscles, j'enfilai ma tenue de jonin ainsi que mon masque. Face au miroir de ma salle de bain, je pris soin de placer le tissu de part et d'autre de mon visage de sorte à ce que seul le haut soit visible. Je restai un moment à fixer ainsi mon reflet. J'avais toujours du mal à soutenir mon propre regard, le Sharingan de mon oeil gauche me rappelait sans cesse la perte de mon meilleur ami d'enfance, Obito.
Cet œil rougeoyant était un cadeau d'adieu qui aurait dû m'aider à protéger Rin, que Obito aimait tant. Mais même avec cet atout hors du commun, je n'ai pas réussi à tenir ma promesse, j'ai faillit à ma tâche et je les ai perdu tous les deux.

Je poussai un long soupir et accrochai mon bandeau de ninja autours de ma tête en faisant en sorte de le laisser tomber sur le côté pour cacher cet œil rempli de douloureux souvenirs.
Il fallait que j'arrête de m'apitoyer sur mon sort.

Maintenant que j'étais prêt, il ne me restait plus qu'à rejoindre mes élèves au terrain. Je vérifiai que mon fidèle livre était bien dans ma sacoche et lançai un coup d'œil à l'horloge dans la cuisine.
Ah, je n'étais pas si en retard que ça, j'étais même à l'heure. Un phénomène plutôt rare, ici. Je pris donc mon temps sur le chemin, saluant les passants qui me reconnaissaient, observant le ciel qui prenait de plus en plus de couleur. J'hésitai même à attraper mon livre pour continuer de le lire en marchant. Mais, curieusement, je me ravisai rapidement.
Mes pas me menaient tous seuls au terrain d'entraînement, je n'avais pas envie de trouver un prétexte pour arriver en retard. Je sentais bien que je marchais plus vite que d'habitude.

Et je savais bien pourquoi. Je n'avais qu'une hâte : la revoir.

Elle, mon élève depuis quelques années. Cette fille qui, par un simple regard, pouvait me perturber comme personne d'autre ne l'avait fait avant. Elle emplissait mes pensées depuis un certain temps déjà et, maintenant, elle fait désormais partie de mon quotidien.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi heureux, le simple fait de penser à elle, à me souvenir de son visage, à ressasser les moments passés ensemble, à la fois ou elle et moi nous avons...