PSY, SNAKE AND DOLL [VMINKOOK//VKOOKMIN]

Chapitre 8

Dans un coin discret du réfectoire de l'hôpital, nous étions assis autour d'une table en marbre, éclairée par la lumière blafarde des ampoules au plafond. L'atmosphère était empreinte d'une étrange tension, tandis que mes pensées tournoyaient, tourbillonnaient dans mon esprit à une vitesse frénétique.

Certaines de ces pensées s'accrochaient désespérément à l'événement précédent, le rendez-vous avec Min Yoongi. Elles revisitaient le dessin qu'il avait esquissé, ainsi que le message qui l'accompagnait. La métaphore de la tempête dans son esprit était une image d'une puissance extraordinaire, une représentation visuelle de la tourmente émotionnelle qu'il devait traverser.

D'autres pensées s'échappaient vers l'avenir, comme des feux follets incertains, appréhendant avec une prudence mêlée de curiosité les premières rencontres avec ceux qui semblaient être les marginaux de cet hôpital. Park Jimin serait la première découverte, et son nom flottait dans l'air comme une promesse d'étrangeté. Quant à Kim Taehyung, son souvenir s'ancrait profondément dans les méandres brûlants de ma mémoire, comme une énigme encore à résoudre.

Dans un moment de curiosité, j'avais cherché des informations auprès de Namjoon concernant Park Jimin alors qu'il me proposait de l'accompagner au self. Mais ses épaules s'étaient levées dans un haussement indifférent, et il avait murmuré qu'il ne savait rien, soulignant que c'était justement là le problème.

- Mr. Park se sent trop bien pour nous, avait raillé Namjoon.

Namjoon qui, à présent, dégustait le riz cantonais qui était au menu ce midi-là, ne se souciant guère de sa blouse blanche froissée et de ses lunettes à monture métallique qui tombaient peu à peu de son nez. Son visage était sérieux. Il appréciait son repas tout en écoutant attentivement le flot de paroles de Kai. Ce dernier évoquait des anecdotes sur ses années d'études, captivant l'attention de Namjoon.

À côté de lui et donc en face de moi, Félix, avec ses cheveux en bataille, sirotait son café avec désinvolture, son regard perdu dans le vague. Il semblait plongé dans ses pensées, peu enclin à participer à la conversation.

Au milieu de ces trois personnalités dominantes, je me sentais un peu de trop, me tenant comme un étranger. Quand mes propres pensées cessèrent de m'occuper,  mes mains se déplacèrent nerveusement sur mon plateau, trifouillant mon repas avec incertitude.

Kai poursuivait son récit animé, jetant occasionnellement des regards en coin à Namjoon pour s'assurer de sa totale attention. Ses paroles résonnaient dans l'air, emportant la conversation loin de moi. Il faisait rire Namjoon à plusieurs reprises. La complicité entre eux était palpable.

Félix, lui, demeurait silencieux, fixant son café comme s'il cherchait des réponses dans ses volutes de vapeur. Sa présence semblait flotter en marge de la conversation, comme un observateur désintéressé. Il ne prenait pas la peine de vouloir engager la discussion avec moi.

A la recherche d'une occasion de commencer l'échange, je finis par lui demander :

- Comment s'est passée ta matinée ?

Félix, d'un soupir exaspéré, leva les yeux de son café et se tourna vers moi.

- Et toi, comment ça se passe pour toi ?

Sa voix sonnait presque agacée.

Je sentis une pointe d'embarras.

- Eh bien, je m'adapte, j'essaie de connaître les patients. C'est un nouvel environnement pour moi.

Un silence pesant suivit mes mots, brisé uniquement par le tintement des cuillères et des fourchettes sur les assiettes.
Mes paroles ne furent pas relevées, et pour le coup, je me sentis vraiment isolé.