Chapitre 2

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- Nous avons deux patients assez... spéciaux.

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Le regard du directeur se fit fuyant, et il ne m'en fallut pas plus pour comprendre qu'il me cachait une information capitale. Il semblait être rattrapé par sa conscience, et après tout il n'y avait que les coupables pour se sentir coupables.

- Spéciaux ? répétais-je, l'engageant à approfondir ses dires.

Il ne souleva pas ma question, ne fit pas même mine d'essayer d'éclaircir mes incompréhensions. A la place, il se mit à éteindre son ordinateur d'un geste rapide, plongeant la pièce dans obscurité nouvelle. Il ouvrit un tiroir et en sortit un vieux carnet noir et un stylo.

- L'hôpital psychiatrique regorge de cas imprévisibles, comme vous n'en avez jamais vu pendant vos cours théoriques, et le secret médical prime toujours, peu importe le degré de mal-être du cas, finit-il par me lâcher à contrecœur tandis qu'il se dirigeait vers la porte, comme si cela était la réponse la plus appropriée pour étouffer toute nouvelle interrogation de ma part.

J'eus envie de lui répliquer que je savais que l'exercice du métier était totalement différent de ce qui avait été appris, que j'avais fait de nombreux stages pour le découvrir, et que jamais, au grand jamais je n'avais vu de dossiers de renseignements aussi incomplets. Que j'étais même quasiment sûr que ce n'était pas légal, et que cela n'avait rien à voir avec le secret médical. Parce que, en prenant ce poste, je devenais le médecin agréé de mes patients, et que justement cette position me permettait normalement d'accéder au moindre renseignement sur mes patients, aussi confidentiel soit-il.

Mais j'avais la fâcheuse manie de faire passer mes valeurs en second plan face à l'autorité. Je ne connaissais le directeur Kim Seokjin que depuis quelques poignées de minutes seulement, et je ne savais pas comment il pouvait réagir face à mes propos. Peut-être comme mon dernier maître de stage avant mon diplôme, qui m'avait fait exclure trois jours quand je l'avais accusé de détériorer la santé de ses patients en les laissant allongé toute la journée. En essayant de lui expliquer que peut-être que ce n'était pas pas de la faute des infirmiers si le nombre d'apparition d'escarres avait augmenté sur les dernières semaines, mais plutôt à cause de ses ordres de limiter les interactions et déplacements au maximum pour optimiser les quotas.
Il l'avait mal pris, qu'un petit interne de médecine remette en doute ses méthodes. Les siennes, qu'il appliquait depuis 20 ans, alors que moi je n'étais pas encore dans l'exercice du métier.
Qui savait le mieux entre moi, qui n'avait pas encore validé mon cursus, ou lui, qui gagnait un million de wons chaque mois grâce à ses performances ?

Le monde médical était un monde vicieux, gouverné par le désir d'argent et de reconnaissance plutôt que par la volonté d'aider.
Je le savais.
Tout le monde le savait.
Et je savais surtout que si j'offensais le directeur sur un sujet aussi futile en voulant me montrer intelligent, je pourrais en payer le prix. Et la pire chose qui pouvait m'arriver, c'était que je perde mon métier avant même d'avoir fini la première journée.

Ainsi, lorsque SeokJin m'ouvrit la porte en me sondant du regard, je me contentai de lui sourire d'un air professionnel, ravalant mes pensées au plus profond de mon être.







- Laissez votre valise ici, je dirais à Tzuyu d'envoyer quelqu'un pour la monter dans votre chambre.

Je hochai la tête, le laissant continuer de parler.

- Cela va vous paraître assez soudain, mais j'aimerai que vous fassiez dès aujourd'hui vos premiers rendez-vous. Nos patients ont déjà plus que repoussé leurs entrevues quotidiennes parce qu'ils n'avaient pas de psychiatres attribués, alors maintenant qu'ils en ont un, il me paraît important d'en profiter le plus tôt possible.

PSY, SNAKE AND DOLL [VMINKOOK//VKOOKMIN]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora