PSY, SNAKE AND DOLL [VMINKOOK//VKOOKMIN]

Chapitre 4

- Il y en a eu six avant toi, avec qui ça n'a pas marché.

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Assis à mon bureau dans ce qui me servait de nouveau lieu de vie, je laissai la conversation qui s'était déroulée quelques heures plus tôt résonner en moi comme une mélodie énigmatique.

J'étais le septième psychiatre à qui ils faisaient appel.
La nouvelle m'avait ébranlé, mais je n'en avais rien laissé paraître, continuant d'écouter le monologue de mon interlocuteur.

- Tu dois comprendre que travailler avec Min Yoongi ne sera pas une promenade de santé. C'est un patient difficile, mais il y a quelque chose en toi qui a suscité une réaction chez lui aujourd'hui, même si ce n'était que momentané. Tu peux considérer ça comme une petite victoire. Ne te repose pas sur tes lauriers, car si Yoongi t'as paru difficile, ce n'est rien face aux deux autres que tu rencontreras jeudi.

J'avais hoché la tête, absorbant chacun des mots de Kim Namjoon. Je commençais à réaliser que l'ampleur de la tâche qui m'attendait était bien au-dessus de toute mes prévisions, même si je pensais déjà avoir pensé au pire scénario.

- Je suis prêt à faire de mon mieux, j'avais répondu d'une voix que j'espérais résolue.

Kim Namjoon avait acquiescé avec satisfaction, non sans une mine légèrement inquiète.

- C'est tout ce que nous te demandons. Et si un jour tu veux abandonner, viens me trouver. Mon bureau est à côté de celui de Jin. Nous ne te jugerons pas Jungkook, parce que tu es jeune, et surtout que tu ne seras ni le premier, ni le dernier.

La conversation s'était éteinte sur cette note quelque peu pessimiste. Pourtant, alors que nous quittions la pièce, l'esprit de compétition que j'avais cultivé lors de mes nombreuses années de médecine s'était ravivé en moi. Mon aventure dans le Grand Hôpital Psychiatrique de Busan ne faisait que commencer, mais j'étais prêt à relever le défi, surtout maintenant que j'avais la confirmation d'avoir fait bonne impression auprès de Namjoon, et certainement aussi du directeur. L'espace d'un instant, mon anxiété et mon obsession de bien faire me quittèrent, et je me sentis flotter jusqu'à ma chambre.

A présent, la réalité m'avait rattrapé, et je commençai à prendre du recul.
Six psychiatres avaient démissionnés avant moi. L'idée même était presque irréelle.
Pourquoi tant de départs soudains ?
Ni Hoseok ni Yoongi ne m'avaient semblé menaçants, du moins pour l'instant. Le mystère demeurait entier, mais inconsciemment, je savais qu'il était étroitement corrélé aux deux patients énigmatiques qu'il me restait à rencontrer. Depuis mon arrivée, j'avais bien remarqué que leurs noms résonnaient dans le bâtiment comme des ombres maléfiques.

Kim Taehyung et Park Jimin. Je repris le registre que SeokJin m'avait passé sur mes différents patients et le feuilletait lentement, jusqu'à retomber sur les dossiers incomplets qui le finissaient. Je soupirai face à cette situation incongrue. Comment se faisait-il que leurs dossiers n'avaient jamais été remplis dans un milieu où le traçage manuscrit de l'état de santé des patients était rendu obligatoire par la loi ? Frustré, je tentai même de vérifier par transparence si rien n'avait été effacé, mais non, les fiches étaient belles et bien vierges.

Je pris une profonde inspiration et me donnai deux légers coups sur les joues. Je m'en occuperai plus tard. Je ne pouvais pas passer ma première soirée ici à ruminer mes pensées. Je fis tourner le siège à roulettes sur lequel j'étais installé pour faire face à ma valise et aux nombreux cartons jonchés sur le sol. Mes affaires n'allaient pas se ranger toutes seules, il était peut-être temps de s'y atteler.

J'eus à peine le temps d'empoigner des ciseaux pour ouvrir le premier carton qu'un léger frapmement à ma porte retentit.

- Jungkook ? C'est Namjoon. Il est 19h, le self vient d'ouvrir, je me suis dit que aimerais peut-être que je t'en montre son fonctionnement.

J'ouvris la porte et il jeta un regard sur les cartons non déballés derrière moi, esquissant un rire bienveillant, que je lui rendis. La procrastination n'était pas une honte, mais Namjoon, compatissant, chercha tout de même à me rassurer.

- Ne t'en fais pas, je comprends que tu aies besoin de temps pour t'acclimater. C'est ton premier jour, après tout. Tu auras tout le temps de ranger tes affaires demain.

Je le remerciai par un hochement de tête empreint de silence avant de finalement sortir de ma chambre, en fermant la porte à double tour, et de le suivre.

Le réfectoire était bien plus qu'un simple self. Il était éclatant, bien loin de l'univers monochromatique de l'hôpital. Son plafond, une mosaïque certainement importée d'un pays oriental, ses tables en marbre éveillant des souvenirs d'antan, et le buffet en bois verni, resplendissant de reflets polis, lui conféraient une majesté éblouissante.

Namjoon commenta avec humour mon émerveillement.

- Tu devrais peut-être refermer la bouche, Jungkook, ou une mouche pourrait bien s'inviter en visite surprise.

Je suivis son conseil, non sans arrêter de jeter des coups d'œil avisés sur chacune des décorations.
Guidés par Namjoon, nous nous dirigâmes vers le buffet. Seul les professionnels de santé avaient le droit de choisir leur repas, les soignés étant contraints à un menu journalier.
Je m'inspirai de son exemple en saisissant un plateau, découvrant avec stupeur les innombrables plats aux saveurs exquises proposés.
Puis nous nous installâmes à une table déjà occupée, où je fis la connaissance de deux autres membres du personnel, Kai et Félix, de fidèles amis de Namjoon.

Kai  se dressait comme un pilier de marbre, ses yeux d'un bleu profond me scannant scrupuleusement tandis qu'il se présenta comme étant un infirmer. Il dégageait une forte prestance, et je sentis une certaine méfiance dans le creux de ses pupilles.
À l'opposé, Félix, d'apparence plus modeste, sembla moins intéressé par ma présence, se contentant de loucher sur la tarte dans son plateau. Avec un fort accent américain et sans jamais me regarder, il m'expliqua qu'il était psychiatre depuis maintenant quatre ans et qu'il songeait depuis quelques mois à se reconvertir pour un métier moins fatiguant.

Je ne me sentis pas particulièrement à l'aise, mais les efforts de Namjoon pour m'intégrer à la conversation me firent chaud au cœur, et je fis de mon mieux pour paraître amical.

Le repas se poursuivit dans une ambiance polie, mais quelque peu inconfortable.

Et puis, au milieu des conversations murmurées et des échos des plateaux de fer, une voix puissante s'éleva dans la salle, transperçant l'air comme un coup de tonnerre.

- Taehyung, je sais que tu es ici !

Mon corps frissonna immédiatement à l'entente de ce nom. Impossible de passer à côté. Kim Taehyung, le mystère de mes pensées. Mon regard se tourna instinctivement vers la source de ce tumulte, avide de percer le voile de ce personnage énigmatique.