Falling

Chapitre 4

Je lui souris (je n'espère pas autant que je ne le pense) et laisse échapper un rire nerveux en prenant la magnifique rose. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? D'habitude je ne me montre pas si empotée, encore moins devant les personnes qui me tournent autour.

- Merci, réussis-je à articuler.

- C'est avec plaisir, elle est censé être éternelle où du moins c'est ce que le vendeur a voulu me faire croire. Mais on peut être sûr qu'elle ne risque pas de faner avant un an, dit-il avec un léger sourire aux lèvres, posons nous quelque part et discutons un peu.

J'hoche la tête. Nous nous installons dans un coin de la salle. Nous avons à peine le temps de dire trois mots que le scénariste, où du moins celui qui nous a donné les scénarios vient m'aborder.

- Bonjour, je m'appelle Ashton Brown et je suis le scénariste de ce film. Et vous vous êtes ?

- Chloé Sinclair, je joue Sarah.

- Il me semble que je vous ai déjà croisé quelque part... Ah mais oui, bien sûr, je vous ai donné le scénario en main propre.

Quel jeu d'acteur remarquable. Sans vouloir me vanter, il m'a très bien reconnu. L'actrice qui a obtenu le premier rôle et à qui on a fait un sourire de prédateur il y a quelques heures ça ne s'oublie pas. Il fait juste semblant de ne pas m'accorder trop d'importance. Mais je connais les hommes comme lui, j'ai vécu assez longtemps avec eux pour comprendre qu'ils n'ont aucun sens, aucune logique. Il font tout pour jouer les bad-boy qui en vérité demande à l'aide dès qu'il y a une petite araignée au mur. Un vrai crâneur qui se croit au dessus de tout le monde celui-là. Je vais m'amuser en lui répondant une réplique cinglante. Vous allez sans doute penser que je suis diabolique...

- À vrai dire votre figure ne me dis absolument rien, dit-je avec une fausse expression d'incompréhension, vous ne m'avez sans doute pas marqué mais je suis enchantée de faire votre connaissance.

Son ego surdimensionné a dû en prendre un coup. Samuel qui se tient à côté de moi hausse les sourcils, moqueur, un petit mouvement qui pourrait presque passer inaperçu. J'esquisse un sourire, que l'on pourrait à la fois interprété comme charmant mais aussi comme moqueur.
Il clôt rapidement la conversation et déguerpi.

En voilà déjà un de parti. Il ne me manque plus que le fils à papa que je vais malheureusement devoir supporter tout au long du tournage. J'hésite à dire « bon débarras » mais je préfère ne faire confiance à personne, même si Samuel a dû se rendre compte qu'Ashton ne m'a pas fait bonne impression, il n'a aucune preuve pour m'incriminer.

- D'où venez-vous ? me demande Samuel.

- De Los Angeles, et vous ?

- Je viens de Las Vegas. Mais je vous en prie tutoyez-moi. Je déteste cette distance qu'obligé le vouvoiement.

- Oui bien sûr, tutoyez-moi aussi...

Je n'avais pas d'autre solution que de répondre ça. Voilà que le gringalet voulait établir un minimum de connexion avec moi.

***

Je rentre dans l'appartement de mon père proche du lieu de tournage aux environs 3 a.m. Il est au téléphone et je ne décèle que quelques bribes de paroles dont je ne me souviens même plus. Je trouve qu'il est tard pour un appel mais je tombe de fatigue et ne prend même pas le temps de lui faire remarquer. Je suppose que c'est encore pour son travail. Je me prépare rapidement pour dormir et tombe dans mon lit. Elle n'est pas banale. Elle cache bien son jeu sous ses airs aguicheurs et son joli petit minois. Sa double personnalité qu'elle a laissé entrevoir ce soir à piquer ma curiosité. Non, elle était loin d'être banale. Et tu ferais aussi bien d'arrêter d'être aussi niais Samuel.
Mes pensées dérivent vaguement vers elle et je m'endors.

Je sais que le vouvoiement n'existe pas dans la langue anglaise mais je trouvais que ce passage était « primordial » pour ne pas trouver ce changement d'attitude trop étrange.