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Je fermai lentement la porte pour éviter tout fracas, et lâchai l'air comprimé de mes poumons. C'était quoi ce putain de message ? Qui est-ce que qui avait pu me revoir ? Mes mains tremblaient sur la poignée, des images sans sens naviguaient devant mes yeux, mais il m'était impossible de mettre un mot dessus. Je ne pouvais pas expliquer ces images ni même me rappeler d'où je les avais vues. Le hurlement m'avait quitté lorsque j'avais franchi le seuil de la porte voisine, mais j'avais maintenant des acouphènes qui me tambourinaient dans le crâne.

Putain.

Mes pensées s'interrompirent lorsqu'un léger cri de douleur mélangé à des pleurs écrasa le calme de la pièce. Je me retournai, dos contre la porte, sauf que je ne pouvais rien voir. Tout était plongé dans le noir le plus terrible, et entendre de mauvaises respirations m'angoissait. La température avait augmentée par rapport à ma chambre. Taehyung allait mal, je l'entendais, je le sentais.

Voulant ressentir son toucher et l'aider, mes pieds avancèrent à l'aveugle, prudemment. Je savais comment était faite la pièce, presque à l'identique que la mienne et ma mère n'avait pas changé grand chose depuis la mort de Jihyung. Retraverser cette pénombre en pleine nuit me ramenait à l'époque où mon grand-frère était encore en vie, quand j'allais le rejoindre parce que je dormais mal ou que j'avais peur de quelque chose. Oui, c'était pareil.

Exactement pareil.

Jihyung avait toujours eu le don de me calmer, il me suffisait de sa présence à mes côtés pour aller mieux.

Taehyung était le seul être – excepté ma mère, dont le contact ne m'électrocutait pas, il me faisait oublier et voyager. Je me sentais bien comme je ne l'avais pas été depuis longtemps lorsqu'il était là.

Et je ne comprenais pas pourquoi mon corps et mon esprit avait presque les mêmes réactions avec mon patron, personne que je connaissais très peu, et celles de Jihyung, que je connaissais aussi bien que ma poche.

J'étais complètement perdu.

Mes genoux heurtèrent le sommier, et du bout des doigts, je longeai ses contours jusqu'à rencontrer la tête de lit. Taehyung était très proche, ses respirations rapides me montaient au crâne et je m'assis doucement sur le matelas. Telle une mère se posant auprès de son fils pour le rassurer de quelque chose. Il eut un avalement de salive avant qu'un gémissement de douleur plus fort que les autres ne m'alerte définitivement. Des mots incompréhensibles sortaient de nul part, mais des mots que je comprenais comme un appel à l'aide.

Je ne savais pas s'il était en plein cauchemar, s'il était en pleine crise d'angoisse ou autre chose.

Même si j'étais incertain de mes gestes, je me risquai d'aller le rencontrer du bout des doigts. Ces derniers longèrent le protège-matelas et touchèrent après une vingtaine de centimètres ce que je devinai être l'épaule de mon supérieur. Elle était dénudée – mon cœur loupa un battement, mais humide comme s'il venait de sortir de la douche s'en s'être séché.

Et à mon toucher, tout se stoppa. Peut-être même le temps.

Que l'horloge comptoir dans le salon, ma montre sur mon bureau, l'heure de mon ordinateur, s'étaient arrêtés.

Puis dans le noir, j'amenai doucement ma main tremblante où je me faisais une idée d'où était son visage.

Ma paume se maria tendrement à sa joue, et un soupir franchit ses lèvres qui vint effleurer mon avant-bras nu. Un doux frisson parcourut mon échine et inconsciemment, je souriais.

Son visage, que je caressais très lentement, était aussi humide que son épaule. Ses cheveux collaient à son front, et même si ça me dégoûtait de toucher de la transpiration, je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir calmer ses démons.

❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant