00:00:18

355 41 12
                                    


— Bien sûr à cause de ça, il s'est pris la peine la plus lourde, expliqua ma mère en haussant simplement les épaules.

L'écoutant avec attention, j'eus un sourire en remarquant son air blasé. Cela ne faisait quasiment pas deux heures que nous nous étions retrouvés qu'elle m'expliquait déjà ses aventures au boulot les plus improbables. Vol de territoires, braconnage, harcèlement, viol, tout ce qui avait pu se passer en quelques mois. Une tisane entre ses mains, elle racontait cela avait un tel naturel que j'en étais parfois légèrement gêné.

Jimin avait insisté pour que je rentre à Busan. Qu'avant mes premiers examens, j'avais encore quelques jours et que je devais en profiter pour aller prendre l'air sudiste au côté de ma mère. Certainement trop faible, j'avais fini par céder malgré mes tentatives de négociations auprès de mon ami. Minkyung ne m'avait plus adressé la parole après m'avoir des nouvelles de Taehyung, et était parti de l'appartement. De ce que j'avais compris des dires de Jimin, il allait me rembourser la porte qu'ils avaient fracassé plus tôt afin de me venir en aide. Anxieux, je n'avais pas osé lui dire que ce n'était pas la peine qu'il se donne du mal dépenser de l'argent pour quelque chose dont j'étais aussi responsable. Peut-être que j'aurais dû avertir Jimin de ce que j'avais voulu faire. Cela ne m'était absolument pas passé par la tête.

Le fait de m'être reconcilié avec ce dernier m'indiquait légèrement que j'étais sur la bonne voie. Malheureusement, j'avais encore énormément de chemin à parcourir afin de potentiellement revivre une vie normale, sans avoir des pensées noires à chaque moment de la journée. Maman n'était pas au courant de tout ce qu'il se passait dans ma tête, sûrement le devinait-elle. Cela ne serait absolument pas surprenant, elle m'avait tout de même vu plongé dans une profonde dépression après l'incident de Tokyo. Je le savais très bien que j'étais retombé dans ce cercle vicieux de solitude, de souffrance.

N'être plus capable d'apprécier ce que l'on aimait faire, de perdre plusieurs kilos en à peine quelques semaines, de ne plus ressentir les émotions, que notre cœur n'est plus qu'une lourde pierre que l'on se daigne à trainer chaque jour. La seule personne qui m'en avait fait sortir pendant un an et demi était celui même qui m'y avait refait plonger. Je savais pourtant pertinemment que j'espérais encore, ce qui ne m'aidait absolument pas à aller mieux. Peut-être que s'il avait été mort, tourner la page aurait été plus facile.

— Tu m'écoutes ?

D'un sursaut brusque, je levai les yeux vers ma mère, le visage marqué par l'inquiétude. Papillonnant des paupières, je secouai la tête légèrement pour essayer de me remettre les idées en place.

— Pardon... M'excusai-je d'une petite voix.

Easy, notre jeune chienne lévrier whippet, monta sur le canapé et vint se caler, la tête sur les jambes de ma mère. Celle-ci eu un sourire en lui caressant la tête, ce qui eut don de m'en donner un à mon tour.

— Ce n'est pas grave, dit-elle d'un ton doux. Je suis contente que tu te sois décidé à rentrer, tu ne sais pas à quel point ça me fait un bien fou de te voir.

A travers son regard, je ne vis pratiquement que de la souffrance mêlée à du soulagement. C'était à cause de moi si elle paraissait aussi fatiguée. La dernière fois que je l'avais vue, elle n'avait pas eu d'aussi grandes poches sous les yeux. Sûrement qu'avec cette histoire de cancer ainsi que son travail ne devaient pas l'aider à trouver un sommeil reposant.

— Je suis désolé.

Elle soupira, lentement, dans le silence du salon. Le lave-vaisselle tournait en fond, la télévision diffusait une série, quelques lumières passaient à travers les rideaux, sûrement une voiture qui passait. Une simple petite lumière illuminait la pièce, donnant une ambiance plutôt chaleureuse.

❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant