Chapitre XXXIV ~ Loan

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Je me réveille de façon définitive deux jours plus tars, ce qui me fait quatre jours de repos forcé. Pas que je m'en plaigne, au contraire, j'en avais besoin. Les soins de Lilith ont pratiquement guéri toutes mes blessures et la douleur s'est réduite à des élancements ponctués.

Je vais bien.

J'ouvre les yeux et le plus beau spectacle au monde s'offre à moi : un Mathéïs sauvage endormi à mon chevet. Ses cheveux sont en bataille et son visage est détendu.

Ça me donne envie de pleurer tellement c'est beau !

Je me contente de sourire comme un parfait imbécile. Je l'aime cet abruti, c'est un truc de dingue !

Je gigote légèrement sous les draps pour replacer mon dos convenablement et le réveille. Il lève la tête d'un coup, le regard hagard et l'air étonné. Son visage se détend en croisant mon regard et un sourire fend ses traits.

Comme il est beau, putain !

- Loan ! Haha ! Comme je suis content ! S'extasie-t-il en sautillant partout.

Son enthousiasme me va droit au coeur. Je rigole face à son comportement enfantin et absolument adorable.

- Haha ! C'est trop génial ! Les filles vont être ravi de te voir debout ! S'emporte-t-il.
- Doucement, Mat'. Je ne sais pas si je peux marcher encore, je le coupe dans son élan.
- On va essayer tranquillement, alors, me dit-il en se radoucissant. Tiens, je t'ai apporté des vêtements.
- Quelle délicate attention.

En effet, je suis toujours en caleçon. Même si Lilith m'a déjà vu à poil, je préfère encore les voir quand je suis habillé. Je me redresse prudemment dans une position assise et est surpris de constater que tout va bien pour le moment, pas de vertige.

J'attrape les vêtements que me lance Mathéïs et les enfile en faisant attention à ne pas faire de mouvements brusques. Un t-shirt, un pantalon et une paire de chaussette, je me sens tout de suite mieux.

- Tu es prêt ? Me demande Mathéïs.
- Oui.

Je bascule mon poids sur mes deux jambes et m'attends à m'effondrer. Tant que je ne marche pas, tout va bien. C'est quand il faut que je mette un pied devant l'autre que ça se gâte légèrement.

Heureusement, j'ai un ange gardien qui veille sur moi. Mathéïs passe un bras autour de ma taille et m'intime de passer le mien autour de ses épaules.

Je ne dis pas non !

Je m'appuie sur lui et débute mon ascension vers le grand salon. Je profite de la proximité un maximum et ne me rend même pas compte que nous sommes déjà arrivé à destination.

Les deux filles jouent aux cartes en silence devant le feu crépitant de la cheminée, partie ponctuée des cris de joie de Blanche.

C'est elle qui gagne visiblement.

Lilith reste de marbre et fait même un peu la gueule mais ne dit rien. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour un être cher, hein ?

Coquine, va !

Je me racle la gorge pour faire remarquer notre présence. Elles tournent avec une synchronisation parfaite leurs têtes vers nous et leurs deux visages s'ornent d'un sourire somptueux.

- Loan ! Mathéïs ! Ça fait plaisir de vous voir ! S'écrie joyeusement Blanche en se levant.
- Salut les mioches, nous salut Lilith, à sa façon.

Blanche me laisse gentiment son fauteuil. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'elle souhaite que je m'assois dessus.

Je ne sais pas si j'en ai le droit.

Son regard tendre m'indique que oui.

Nos rapports ont beaucoup changé en peu de temps. Nous sommes passés d'esclaves à égale - pratiquement - en quelques jours à peine.

C'est déroutant mais sympa. Mathéïs s'assoit en tailleur en face de moi et Blanche va squatter l'accoudoir du fauteuil de Lilith. Celle-ci se tend imperceptiblement à cette proximité soudaine.

La pauvre.... Ses sentiments sont forts mais non partagés. Je ne peux qu'imaginer sa douleur.

Maintenant que je sais ce que ressent Lilith pour Blanche, je remarque une lueur brisée dans ses yeux que je ne comprenais pas. Je pensais que c'était dû à sa condition de démone mais je m'étais trompé. C'est parce qu'elle est triste.

- Ça fait plaisir de vous voir comme ça les amoureux, lance Blanche à la volée.

Mathéïs rougit furieusement en enfonçant sa tête dans ses bras, tandis que moi, je souris comme un idiot.

Lilith explose de rire face à nos réactions tandis que Blanche nous observe d'un regard tendre et amusé.

- Quel tableau attendrissant ! S'exclame une voix détonante avec une pointe de dégoût.

Mon souffle se coupe dans ma gorge et je vois Mathéïs se plier en deux en gémissant.

Qu'est-ce qu'il se passe encore ?

Mes forces s'amenuisent rapidement et je comprends pourquoi.

- Lucifer ! Crache Lilith.

Quoi ? Le roi des Enfers est ici, pour de vrai ?!

- Je vois que vous vous amusez bien avec ces humains ! Reprend la voix de l'homme. Lilith, tu m'as désobéi !
- Absolument pas ! Rétorque celle-ci.
- Tu m'as promis que tu raserais la terre de toutes vies ! J'attends toujours des résultats, sinon tu sais ce qui arrivera !?
- Lilith ? De quoi parle-t-il ? Intervient Blanche, perdue.
- Oh ! Le rejetons inutile ! S'exclame Lucifer.
- Blanche ! Sauve-toi ! Emmène les garçons avec toi ! Hurle Lilith, en colère.

Je suffoque dangereusement. L'aura de Lucifer m'étouffe de plus en plus vite. Je viens d'échapper à la mort, j'aimerais autant ne pas la recroiser tout de suite.

Une main me choppe par le bras et me lève brutalement du fauteuil. C'est Blanche, elle tente de m'éloigner du roi. Je la suis sans poser de question. Elle tire Mathéïs derrière elle, toujours plié en deux en gémissant de plus en plus fort.

Mat'....

- Non, non, non, tu crois aller où comme ça ! Crache Lucifer.

Une main affreusement veinée s'empare du col de Mathéïs et j'hurle ma rage et ma peur. S'il reste en sa présence trop longtemps, il va mourir.

Je m'élance désespérément à son secours mais une poigne puissante me retient, deux bras s'enroulent autour de mon corps encore faible et me tire hors de la pièce.

- Blanche ! Laisse-moi y aller ! Je dois sauver Mathéïs ! Je m'égosille contre elle. MATHEIS !

Je vois avec horreur la tête de Mathéïs s'affaler sur son torse, pendu entre les doigts osseux de Lucifer.

NON !

- Ça ne sert à rien, Loan ! Laisse Lilith s'en occuper ! Me dit la voix brisée de Blanche à l'oreille.

Je me débats dans ses bras sans grand succès, elle me tire hors de la pièce. Je croise le regard rouge sang de Lilith et lis de la détermination dans ses prunelles enflammées.

Ils me disent : "Ne t'en fait pas, je le sauverais"

T'as intérêt de tenir parole, tu m'entends !

Un oiseau géant remplace le corps de la jeune femme et un duel féroce s'engage entre ma maitresse - et sauveuse - et le roi des enfers en personne.

Blanche m'emmène dans la chambre de Lilith, où je suis toujours hystérique à hurler comme un fou.

MATHEIS !

Pacte avec le Diable [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant