Chapitre XXVI ~ Loan

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Je me réveille d'un long sommeil réparateur dans les bras de Mathéïs. Son visage encore endormi m'arrache un sourire joyeux. Je me souviens parfaitement ce qu'il s'est passé : Lilith qui m'embarque dans ses conneries ; sa blessure préoccupante ; Blanche sous sa forme démoniaque qui vole à notre secours ; les bras de Mathéïs autour de mon corps gelé.

Je me rends compte qu'il a dû me déshabiller et me mettre au lit avant de s'allonger à mes côtés pour me tenir chaud.

Oups....

Je rougis furieusement, mal à l'aise. Ses bras sont toujours autour de moi, nos deux torses dénudés l'un contre l'autre. Je me sens bien ici, dans ses bras plus musclés que les miens maintenant.

Je souris de nouveau et profite de la paix qui règne. Je l'observe d'un nouvel oeil, c'est lui qui me protège aujourd'hui, c'est lui le plus fort de nous deux. Je ricane doucement à l'ironie du sort.

Il gigote contre moi, grognant légèrement puis il ouvre les yeux. Il croise mon regard et ses prunelles s'agrandissent.

Il vient de piger. Il est trop mignon.

- Loan ! Je.... Ce n'est pas ce que tu crois ! Se justifie-t-il en s'écartant maladroitement de moi.

Je le tire contre moi et l'enserre à mon tour, j'enfouis mon museau dans son cou et inspire son odeur.

- Reste encore un peu, je lui chuchote délicatement à l'oreille.
- Tu as encore froid ? Me demande-t-il, innocent.
- Moui, je marmonne.

Je mens, bien sûr. Je n'ai plus froid mais je veux qu'il reste quand même.

Il ne proteste pas et replace ses bras dans mon dos. Je savoure ce contact si enivrant, se doux, si agréable. Mon seul réconfort dans cet enfer.

- Les filles nous ont donné notre après-midi, on devrait aller voir si Lilith va bien, dit-il en brisant le silence apaisant.

Je grogne une fraction de seconde puis réalise ce qu'il vient de dire. Je m'inquiète pour Lilith, elle était gravement blessée aux dernières nouvelles.

- D'accord, je confirme à contre-coeur.

Je ne veux pas le lâcher, je veux rester comme ça éternellement.

Evidemment, ce n'est pas envisageable. Je dois voir si Lilith va bien puis nous reprendrons notre quotidien en tant qu'esclaves. J'inspire une dernière fois son odeur et je m'écarte de lui délicatement. Je lui souris et je suis ravi qu'il me le rende.

Son sourire est à tomber à la renverse. Si je n'étais pas déjà allongé, je serais tombé sur le cul.

Il se lève plus rapidement que moi et s'empresse de renfiler ses vêtements. Je ne me prive pas de le reluquer amoureusement pendant qu'il passe t-shirt et veste sur ses épaules solides.

Mathéïs me lance ensuite mes propres vêtements et je l'imite rapidement. Même si'il a déjà vu les marques qui envahissent mon corps, j'en ai toujours honte et par habitude, je les camoufle.

Une fois prêt, nous remontons dans le manoir. Blanche est assise dans son fauteuil, face au feu crépitant dans la cheminée. On ne voit pas son visage mais je devine qu'il est grave et préoccupé.

- Blanche ? Appelle timidement Mathéïs.
- Ah ! Les garçons ! Sursaute-t-elle en tournant son siège vers nous.

J'avais vu juste : son visage est grave et ses yeux bouffis.

Ça pleure un démon ? Apparemment, oui.

- Comment te sens-tu Loan ? Me demande-t-elle.
- Mieux, grâce à Mathéïs.
- Parfait, ricane-t-elle.

Le visage de Mathéïs prend une teinte de roseabsolument adorable.

- Comment va Mlle File- euh.... Mlle Lilith ? J'interroge en reprenant mon sérieux.

Blanche souffle bruyamment en fermant les yeux. Elle passe une main sur son visage en soufflant une seconde fois.

- Elle va bien. Nous sommes arrivés juste à temps, nous dit-elle.

Je suis soulagé de l'apprendre mais quelque chose me taraude.

- Où est-elle ?
- Dans sa chambre, elle se repose. Si tu veux la voir, toque bien avant d'entrer et attend qu'elle t'y autorise. Elle est une d'une humeur massacrante depuis son réveil, me prévient-elle.
- D'accord.
- Aller vous reposer, les enfants. Vous l'avez mérité. Et Loan, merci d'avoir soutenu Lilith, nous dit Blanche, visiblement éreintée.
- Y'a pas de quoi, je suis content d'apprendre qu'elle est vivante.

Blanche émet un petit ricanement puis se retourne face au feu. Nous la laissons tranquille et regagnons notre chambre en silence.

En passant devant la chambre de Lilith, je m'arrête.

- Loan ? Tu ne viens pas ? Me demande Mathéïs.
- Je.... J'aimerais..., je balbutie.
- Je comprends. Fais attention à toi, je t'attends dans la chambre.
- Merci, Mat'.

Il repart silencieusement et je ne perds pas de temps. Je frappe à la porte, comme me l'a conseillé Blanche et patiente.

- Entrez ! Crie la voix de Lilith depuis l'intérieur.

Je pénètre dans la pièce avec une boule au ventre. Quand j'y vais, ce n'est pas pour une soirée pyjamas. Je fais abstraction de cette sensation de peur grandissante et referme derrière moi.

Lilith est assise sur son lit, tournée vers la fenêtre et le dos courbé. Elle est uniquement habillée d'une brassière et de son bandage, je détourne le regard par respect.

- Je voulais savoir comment vous allez ? Je dis d'une voix claire.
- Le gamin ? S'étonne-t-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

Effectivement, elle est d'une humeur massacrante.

- Je viens de vous le dire : je veux savoir comment vous allez ? Je répète.
- Je vais bien. Tu peux partir.
- Non.
- Comment ça, non ? Crache-t-elle en se tournant pour la première fois vers moi.

Son regard est tranchant et sa tenue légère ne semble pas la gêner plus que ça. Je soutiens son regard en tremblant.

- Je suis ravi d'apprendre que vous allez bien. J'aimerais savoir pourquoi vous m'avez dit de me sauver au lieu de vous aider ?

Ma question la prend au dépourvu. Ses yeux s'agrandissent et me sondent profondément.

- Parce que tu me rappelle qui j'étais, soupire-t-elle. Va t'en maintenant.
- Je ne comprends pas.
- Il n'y a rien à comprendre, gamin ! S'emporte-t-elle.

Elle se lève brusquement de son lit pour s'avancer vers moi mais sa blessure la rappelle à l'ordre. Elle grimace en se pliant en deux. Je commence à m'avancer vers elle pour l'aider mais elle m'arrête.

- Non ! Reste où tu es ! J'ai parlé avec Blanche à mon réveil. Elle m'a dit que Mathéïs commençait à se douter de quelque chose par rapport à ton corps. Tu t'épuise rapidement et je suis en train de te tuer par gourmandise. En me sauvant la vie, tu m'as rappelé qui j'étais et je ne veux plus te faire souffrir inutilement. Tu n'auras plus besoin de venir dans ma chambre le soir. File maintenant !

J'obéis, incapable de réagir. Elle vient de me libérer de ses tortures, celles-là même qui lui permettaient de se nourrir. Je ne comprends pas pourquoi elle change d'avis aussi rapidement mais je ne vais m'en plaindre. Je vais être en mesure de reprendre des forces pour de vrai.

Un sourire s'empare de mon visage et je rejoins Mathéïs dans la chambre.

Pacte avec le Diable [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant