Chapitre II ~ Loan

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Je me fige à la lisière de la forêt et je sens Mathéïs qui butte dans mon dos.

Surtout reste calme, Loan. Il en va de nos deux vies.

Pourquoi ? Parce qu'un monstre a élu domicile la clairière que nous devons traverser et que celui-ci fait plus de 10 mètres de haut. Sa peau est recouverte d'écailles noires aux reflets rouge sans et ses dents semblent aussi acérées que des poignards.

J'ai beau avoir une tendance à chercher la merde, je ne suis pas stupide au point de m'attaquer à un rejeton des ténèbres.

Parce que c'est clairement le cas. Ce monstre écailleux est l'une des nombreuses créatures qui peuplent les Enfers et qui s'amusent à faire surface sur terre pour assouvir leur soif de violence.

Il est hors de question qu'on lui serve de casse-croûte !

Je retiens Mathéïs de regarder la raison de mon arrêt soudain et lui souffle discrètement de se préparer à courir.

Si nous sommes assez rapides, on aura peut-être la chance d'échapper à sa vue et nous en sortir indemne.

Se confronter à un monstre pareil revient à signer son arrêt de mort dans la plupart des cas et je ne compte pas m'attarder pour découvrir si c'est bien vrai.

- Tu es prêt ? Je demande Mathéïs qui tremble dans mon dos.

Je dois absolument le protéger, il a suffisamment souffert pour une vie entière.

Je le sens serrer mon t-shirt en signe d'affirmation.

On se met à courir aussi vite que nos jambes peuvent le faire. Le monstre ne nous remarque pas pour l'instant.

Je fixe mon objectif : la forêt qui recommence à environ 500 mètres devant nous.

Encore une centaine de mètre.

Je m'assure régulièrement que Mathéïs suit le rythme et continu de courir.

Aller ! 50 mètres !

Un grognement stoppe mon cur.

Et merde ! Il nous a repéré !

J'ose tourner la tête dans la direction du grognement et je n'aurais pas dû ! Le monstre fonce sur nous à une vitesse surnaturelle, sa mâchoire puissante ouverte, prête à nous hacher menu !

Il ne reste qu'une vingtaine de mètre pour atteindre la forêt. Je vois l'expression horrifiée de Mathéïs et la peur le paralyser.

Ce n'est pas le moment !

Je le pousse vers les arbres et me plante devant lui en une position défensive?

Manuvre désespérée, je sais, mais je ne laisserais personne faire de mal à Mathéïs ! Plus jamais !

- Court abruti ! J'hurle à son attention, espérant le faire réagir.

Il recule d'un pas en fixant le monstre qui me fonce à présent droit dessus. Mon cur se serre et je crois que j'ai arrêté de respirer.

- COURT !

Cette fois, il obéit. Il se met à courir comme si sa vie en dépendait - ce qui est le cas enfaite - en pleurant à chaude larme.

Je fais face au monstre en serrant les dents.

Viens ici mon gaillard ! Faut qu'on cause dinette !

- NE TE RETOURNE PAS, MATHEÏS ! SAUVE TA VIE ! Je lui ordonne à contrecur.

- Loan ! Non ! Je t'en supplie ! Sanglote-t-il en s'accrochant péniblement à un arbre.

Ses jambes tremblent, ses joues sont noyer de larmes et ses mains agrippent tellement fort l'écorce qu'il s'écorche les paumes.

- Fais-le !

Pas le temps de dire autre chose, la bête est déjà sur moi.

J'esquive son premier coup de patte en roulant sur le sol. Je me redresse habilement quelques mètres plus loin en attirant - à tout prix - son attention sur moi.

Sauve-toi, théïs. Ne m'oublie pas, OK ?

Malheureusement, il est beaucoup trop rapide pour moi et je prends de plein fouet sa deuxième patte. Je m'écrase contre un tronc à quelques mètres de celui que tient mon ami. Mon souffle se coupe et je m'effondre au sol lourdement.

J'entends mon ami hoqueter de surprise en me voyant ainsi tomber.

J'ai mal.

Ma vision et floue et je reprends tant bien que mal ma respiration. Une douleur irradie dans toute ma cage thoracique.

Maudit Démon !

- Toujours vivant ! Je m'écris d'un ton provocateur.

Avec la force qu'il me reste, je me lance sur le monstre dans une tentative complétement vaine de le tuer.

Celui-ci grogne d'exaspération et crache des flammes, que j'évite au dernier moment. Ma cage thoracique m'empêche de courir vite.

Je perds l'équilibre, je roule au sol sur plusieurs mètres avant de m'immobiliser à quelques centimètres de sa patte gauche.

Je suis mort.

- Loan ! S'époumone Mathéïs depuis la forêt.

Je lui offre un dernier sourire avant de me faire empaler par une griffe du monstre. Ma vision se brouille totalement et la dernière vision que m'offre la vie est mon ami qui s'effondre sur les genoux, pleurant tout son soul sans honte.

Pardon. Mathéïs. J'avais promis de te protéger jusqu'au bout. Pardon.

Et je m'enfonce dans les ténèbres pour la dernière fois.

Pacte avec le Diable [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant