33. Tan

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Tan marchait sans s'arrêter dans une vaste étendue noire à l'infini. 

    Des voix résonnaient autour de lui, lui donnant le tournis. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elles disaient mais certaines paroles revenaient régulièrement : "tu dois me libérer", et "choisis" ou encore "écoute ton cœur".

    Son cœur il l'écoutait attentivement. Il battait lentement. Il avait l'impression que ce n'était pas normal mais n'en était pas sûr. Alors il continuait de marcher. 

    Il ne savait plus combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait commencé sa longue marche. Son esprit était vide. Il avait beau essayer de se souvenir de comment il était arrivé là, il n'en avait pas la moindre idée. 

    Et pendant ce temps les voix autour de lui se battaient dans un désordre complet.

    — Il est indigne, disait une voix grave et sévère. 

    — Pas s'il choisit la bonne solution ! rétorquait une autre.

    — Tu n'as pas fait le bon choix, toi ! criait alors une voix féminine qui lui semblait familière. 

    Il avait presque envie de leur demander qui ils étaient mais aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. 

    — Mélène ne pourra jamais l'accepter ! gronda alors la première voix. Pas après la trahison de son ancêtre. 

    — De quel traître parles-tu ? s'énerva Voix 2. Mon père était un traître ! 

    — Ma descendance entière n'est qu'une lignée d'incompétents et de fourbes ! lui répondit Voix 1. Tous autant que vous êtes ! 

    — Ne les écoutes pas Tan, murmura alors une voix douce. La trahison de ton propre sang ne fait pas de toi une personne mauvaise. Ta mère a fait de toi une bonne personne. Meilleur que je ne le serais jamais. 

    Tan s'arrêta et ferma les yeux. Une douce odeur familière vint lui chatouiller les narines et soudain il se sentit comme à la maison. Sa mère coupait des légumes, pendant que lui travaillait sur un livre de légendes. La porte s'ouvrit alors, laissant passer son père. Tan sourit alors que son père l'embrassait sur le front avant d'enlacer sa mère par la taille. 

    — Tout ce que tu veux Tan, lui souffla la voix féminine. Je peux tout t'offrir. 

    Une jeune fille apparut alors dans le champ de vision de Tan. Elle lui adressa un sourire lumineux en saluant les parents du jeune homme. Elle se pencha ensuite vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Tan ne put s'empêcher de fermer les yeux. Ce contact était doux. Il se sentait bien. La jeune fille se détacha de lui avant de s'asseoir à ses côtés. Elle lui prit la main et lui demanda ce qu'il faisait avec le livre. Tan ne lui répondit pas, son cerveau tournait à toute vitesse pour se souvenir.

    Un seul nom. Jinah. 

    Il eut alors la sensation que la voix féminine s'énervait.

    — Encore elle ! Tu n'as pas besoin d'elle, Tan. 

    Mais le sourire de Jinah en face de lui s'élargit encore plus alors qu'elle lui pressait la main. Tan sentit son cœur rater un battement. Il ne put alors s'empêcher de se pencher de nouveau vers elle pour l'embrasser une fois encore. Ils ne l'avaient déjà fait que peu de secondes auparavant mais ce contact lui avait manqué. 

    Mais alors qu'il profitait de cet échange, il sentit Jinah s'effriter contre lui jusqu'à s'évaporer. Frustré et apeuré, Tan leva la tête et croisa les yeux bleus de ses parents. Du moins, ils auraient dû être bleus, comme tous les habitants d'Obsèl, il s'en souvenait. Cependant ceux de son père étaient gris argentés. 

La Légende d'AédéWhere stories live. Discover now