7. Jinah

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Jinah sentit quelqu'un la secouer. Elle grogna de mécontentement puis se résigna à ouvrir les yeux. Elle s'assit à contrecœur. Tan, son coéquipier, la regardait, la mine inquiète. Elle observa autour d'elle. Tout était comme avant qu'elle ne s'endorme. Calme. La petite clairière était toujours aussi éclairée et il n'y avait toujours aucun autre signe de vie que l'oiseau qu'ils avaient croisé peu de temps avant. Pourquoi Tan était-il aussi inquiet dans ce cas ?

    Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire puis le dévisagea.

    — Qu'est-ce qui se passe ? Tu m'as réveillée en plein milieu d'un super rêve.

    — Je me suis endormi aussi.

    Elle haussa un sourcil.

    — Et alors ?

    Tan s'assit en soupirant.

    — Combien de temps avons-nous dormi à ton avis ?

    Jinah se frotta les cheveux. Ceux-ci étaient en pagaille et remplis d'herbe et de feuilles. Elle tenta de les remettre correctement tout en faisant marcher son cerveau. Difficile, étant donné que l'envie de se rendormir la tiraillait sans cesse.

    — Je ne sais pas, marmonna-t-elle. Je dirais, trente minutes ? Une heure ?

    Tan secoua la tête, désemparé. Il lui montra l'arbre contenant les fruits bleus. Jinah fronça les sourcils. Elle ne voyait pas où il voulait en venir. Elle réprima un nouveau bâillement.

    — Est-ce qu'un fruit pousse en une heure ? demanda alors le jeune homme.

    Jinah le dévisagea de nouveau. Il lui embrouillait l'esprit à force. Ne pouvait-il pas être plus clair ? Elle soupira en se frottant le visage.

    — Où veux-tu en venir ?

    — Nous avons mangé les fruits bleus, tu te souviens. Il y en avait sept. Tu en as pris trois et moi quatre. Il n'y en avait donc plus.

    Jinah resta bouche-bée. Elle cligna des yeux. Tan râla.

    — Ils ont repoussé ! Et quel genre de fruit pousse en une heure ?

    La lumière se fit dans l'esprit de Jinah. Ils étaient ici depuis bien plus longtemps qu'elle ne l'avait pensé. Bien trop longtemps. Son regard resta fixé sur l'arbre. Elle fouilla sa mémoire. Ils avaient atteint cette clairière, bu de l'eau et mangé les fruits. Puis elle s'était endormie.

    Elle avait peut-être une idée sur l'origine de leur assoupissement. Elle se leva et cueillit un fruit. Malgré sa couleur peu conventionnelle, il n'avait rien de spécial. Pourtant, elle était certaine que c'était le fait de les avoir mangés qui les avait endormis. Elle se tourna vers Tan.

    — C'est comme de la drogue mais qui nous donne envie de dormir. Je ne sais pas combien de temps il s'est écoulé mais il faut qu'on reprenne la route. Lorsque nous atteindrons le premier village d'Obsèl, nous demanderons la date.

    Tan se releva et hocha la tête. Jinah plissa les yeux en jetant le fruit à terre.

    — Mais toi au fait, comment t'es-tu réveillé ?

    Tan se gratta la nuque nerveusement. Il détourna le regard et murmura :

    — C'est Aédé.

    — Aédé ? répéta la jeune fille. Comment ça ?

    — J'étais en plein dans un rêve. Et elle est apparue. Elle m'a dit de me réveiller. Elle était comme Wayen l'a décrite tu sais. Elle semblait tellement irréelle. Tellement parfaite. Pas un pli sur sa robe, pas un cheveu qui dépasse. Sa peau n'avait aucune imperfection, pas une seule ride, pas un seul bouton. Juste la peau la plus blanche et la plus lisse que je n'ai jamais vue. Et son regard ! Des yeux gris comme de l'argent. Un seul coup d'œil et tu es comme soumis à toutes ses volontés.

La Légende d'AédéМесто, где живут истории. Откройте их для себя