20. Jinah

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Si on avait demandé à Jinah il y a quelques jours quel était le moment le plus gênant de sa vie, elle n'aurait pas su quoi répondre. À présent elle savait. Elle avait presque cru mourir sur place lorsque sa sœur, sur un air de confession lui avait dit : "J'ai la vague impression que ton ami est en réalité plus qu'un ami, à tes yeux du moins." Et comme si cela ne suffisait pas, Tan s'était tourné vers elle au même instant. Elle avait eut tellement peur qu'il ait entendu. Mais il n'en était rien, et c'était pour le mieux. Elle ne savait même pas pourquoi elle se prenait la tête ainsi. Il n'y avait rien à dire sur le sujet. Tan était son ami. 

    — Tout va bien chérie ? demanda sa mère. Cela fait un moment que je t'ai demandé de me passer cette serviette.

    Jinah secoua la tête et tendit le torchon à sa mère afin qu'elle puisse essuyer la vaisselle. Il fallait vraiment qu'elle enferme toutes ses pensées dans un coin de sa tête et qu'elle se concentre sur le reste.

    — Tu as l'air dans les nuages, je me trompe ?

    — C'est juste que, je dois prendre une grande décision à propos de la quête et que je ne sais toujours pas quoi faire, soupira Jinah.

    Sa mère posa l'assiette qu'elle était en train d'essuyer et regarda sa fille. Elle posa ensuite sa main sur son épaule et la regarda dans les yeux.

    — Peu importe ta décision, ce sera la bonne j'en suis certaine. De quoi s'agit-il ?

    — J'hésite à rester ici.

    Keria s'adossa au plan de travail de la cuisine à côté de sa fille. 

    — C'est une question difficile. Pose le pour et le contre. Pourquoi vouloir rester ici ?

    — Je ne crois même pas à toutes ces histoires. Pour moi Aédé est morte et les pierres non rien de magique. Et même si c'était le cas, Féria a disparu. On ne sait pas où chercher. Et j'ai failli laisser ma vie dans ce marécage. Je ne veux pas repartir. 

    — Je compte cinq raisons. Et pourquoi voudrais-tu repartir ?

    — Je ne peux pas abandonner Tan.

    C'était sa seule raison. Bien sûr malgré tout, cela lui plairait de savoir le fin mot de l'histoire. Mais elle ne voulait pas continuer plus que ça, excepté pour aider Tan à accomplir la quête. Elle remarqua que sa mère l'observait et se sentit rougir.

    — Tu devrais continuer.

    — Mais ça ne fait qu'une seule raison ! s'offusqua la jeune fille horriblement gênée. Il y a plus d'arguments en faveur que je reste ici ! 

    Sa mère lui prit les mains et lui fit un léger sourire.

    — Je pense que cet argument a plus de valeur que les cinq autres, et je suis sûre que tu le sais aussi.

    Jinah baissa les yeux, gênée. En effet elle le savait. Elle devait continuer. 


    Après avoir aidé sa mère à ranger la vaisselle, Jinah sortit dans leur petit jardin pour rendre visite à ses trois oiseaux. Trop occupée à les admirer elle n'entendit pas Tan approcher, avec Adaèl dans les bras.

    — Je crois que ton neveu m'aime bien, rit-il. Il ne veut pas me lâcher. Ce sont tes oiseaux ? 

    Elle hocha la tête et lui expliqua tout ce qu'elle savait dessus. Elle lui raconta comment son père lui avait obtenu le premier, dans un festival lorsqu'elle avait cinq ans. Tan fut étonné d'apprendre qu'elle l'avait depuis si longtemps ce qui la fit rire. Ils parlèrent ainsi de façon détendue de leurs passe-temps favori. Comme elle s'y attendait, celui de Tan était de lire des livres sur le mythe d'Aédé. Elle aurait aimé que cela soit autre chose. En fait, elle en avait assez d'Aédé. Il n'avait que ce nom là à la bouche. Elle décida d'oublier ça et profita seulement de ce moment.

La Légende d'AédéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant