34. Jinah

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Jinah courrait à en perdre haleine à travers le labyrinthe. De la lumière rouge à l'opposé d'elle lui confirmait qu'Aédé s'attaquait à Tan plutôt qu'à elle. Elle espérait de tout son cœur qu'il aille bien. Elle devait lui faire confiance. Tant qu'Aédé s'en prendrait à lui, cela voudrait dire qu'il était toujours en vie.

    Mettant de côté ses craintes, elle continua de courir à la recherche de la seule personne à sa connaissance capable de les aider dans ces lieux. Son plan n'était pas compliqué ni même très fiable. Tout reposait sur leur faculté à comprendre. Il en avait toujours été ainsi, la logique et la compréhension avaient toujours été mises à profit dans cette quête.

    Alors qu'elle courrait, quelque chose sur sa gauche attira son attention. La statue de Nayan. Jinah s'arrêta puis bifurqua vers elle. C'était son unique point de repère dans le dédale de murs mouvants.

    La statue était toujours la même. La magie d'Aédé n'avait peut-être aucun pouvoir sur elle. Jinah se réjouit intérieurement. Malgré la puissance de la Princesse Maudite, il y aurait toujours quelqu'un pour les guider. Elle s'arrêta juste devant l'homme de pierre et l'observa un instant. Elle espérait vraiment avoir vu juste. Tout semblait cohérent dans sa tête. Peut-être avait-elle tort, elle n'en avait pas la moindre idée. Mais elle se devait d'essayer.

    — Très bien, Grand Roi Nayan. J'espère que vous saurez vous montrer coopératif.

    Elle ferma les yeux et s'imagina comment était le temple à l'origine. Les trois étages, la statue au centre du hall. Le tombeau juste en dessous. Les escaliers sur sa gauche. Les colonnes à droite. Le dallage blanc et gris. Les grandes fenêtres ouvertes. Tout était clair dans sa tête. La main de Nayan était inconsciemment dirigée vers un point sur la droite. Un temple digne de ce nom comportait forcément des pièces secrètes, des lieux presque inaccessibles dans lesquels le Roi devait forcément cacher des choses importantes. Et Aédé avait certainement su en profiter.

    Faisant fi du labyrinthe qu'elle pouvait voir en ouvrant les yeux, elle conserva les yeux clos et tenta d'avancer dans la direction indiquée par la main du Roi. D'abord inquiète de rencontrer des murs, Jinah s'aperçut qu'elle pouvait avancer facilement sans bûcher sur de quelconques obstacles.

    Elle se dirigea lentement vers un recoin du temple caché par l'ombre des murs et des colonnes. Une fois arrivée, elle ouvrit les yeux et observa le mur à la recherche d'une ouverture. Avec un petit cri de victoire elle trouva une encoche entre deux blocs de pierres. Elle passa ses doigts dedans et sentit une petite poignée. Elle tira de toutes ses forces et lentement le mur pivota sur lui-même, découvrant petit à petit une pièce à peine plus grande qu'un placard à balais. Il y faisait tellement sombre que Jinah mit un temps à s'habituer à l'obscurité.

    — Qui êtes-vous ? demanda une voix rauque au fond de la pièce. Keria ?

    Jinah fit un pas en avant et se présenta.

    — Euh... non. Je suis sa fille...

    — Elena ? la coupa-t-il.

    — Non, je m'appelle Jinah.

    La jeune fille discerna un mouvement contre le mur avant qu'une silhouette ne s'avance vers elle. L'homme, qui la dépassait d'une tête, était maintenant visible dans le peu de lumière qui pouvait pénétrer la minuscule salle. Jinah le reconnut alors. Il ressemblait à Tan mais en plus âgé.

    — Où est la sorcière ? la questionna-t-il en jetant un coup d'œil dehors.

    Jinah plissa le nez. L'homme sentait l'enfermé et la moisissure. Il ne devait pas se laver très souvent. Ses cheveux bruns ondulés étaient gras et sales et lui tombaient jusqu'aux épaules. Ses vêtements étaient couverts de crasse et déchirés.

La Légende d'AédéWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu