16. Tan

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Tan tendit un papier au Roi Perez.

    — Je vous confie cette lettre. Pourriez-vous faire en sorte qu'elle soit remise à ma mère, Ellie ? Elle vit dans le village d'à côté.

    Le Roi prit l'enveloppe et fixa le jeune homme.

    — Je le ferais.

    Il observa Jinah qui montait à bord de la voiture que le Roi leur avait fait préparer.

     — Vous êtes sûrs que cela ira ? Pourquoi ne passeriez-vous pas la nuit ici ? Vous n'êtes arrivés que ce matin.

    — Je ne préfère pas. Je ne veux pas être tenté d'aller voir ma mère.

    En effet, il avait encore ses mensonges en travers de la gorge. Mais il n'avait pourtant pas pu se résoudre à ne lui donner aucune nouvelle. Alors il lui avait écrit une lettre pour lui dire que tout allait bien, et qu'ils avançaient. Il n'avait pas évoqué Nazat ou son père, il lui en parlerait après la quête. Le Roi posa une main sur son épaule.

    — Tâchez d'être prudent, jeune homme. Le futur du Royaume tout entier repose sur cette quête.

    Tan hocha la tête gravement. Ils réussiraient. Dilia était à portée de main et il savait dans quelle région se situait le temple des Prêtresses de Kahara. Il remercia le Roi pour tout et monta à bord du véhicule.

    Il s'installa en face de Jinah et jeta un dernier coup d'œil au château tandis que la voiture démarrait. À l'une des fenêtres, il vit la fille du Roi lui faire un signe de la main. Jinah suivit son regard et demanda :

    — Qui est-ce ?

    — La Princesse. Nous avons sympathisé avant mon départ pour le centre de la Triade.

    Son amie ne répondit pas. Elle tourna la tête vers l'autre fenêtre et observa le paysage défiler.

    Le début du voyage fut long et ennuyeux. De temps à autre, le chauffeur demandait des indications à Tan qui lisait pour la énième fois le journal de Wayen.

    Plongé dans sa lecture, il ne remarqua pas Jinah, qui s'était assise à côté de lui et lisait par-dessus son épaule, du moins jusqu'à ce qu'elle ne pose brusquement son doigt sur l'un des mots.

    Tan lut la phrase qu'elle indiquait :

    — "Cela fait déjà trois mois que le Prince de Mélène, Esteban a disparu."

   — Esteban était le fils aîné du Roi Orderic, petit frère d'Aédé. Quand j'étais enfant, ma mère me racontait les légendes de la Triade. Celle d'Aédé en faisait partie. Mais elle me disait toujours la même chose : "le Roi avait deux fils cadets pour assurer sa descendance et devenir Rois à leur tour. Mais rien n'était plus important que son « miracle », son Aédé."

    — Je ne comprends pas. A vrai dire, je ne savais même pas qu'il avait eu deux fils.

    Jinah hocha la tête.

    — Il y avait Aédé, puis deux ans plus jeune, Esteban, enfin avec quatre d'écart, Daynis, le plus petit. On n'en entend jamais parler pour la simple et bonne raison qu'aux yeux du Roi Orderic, et donc de son peuple, ses deux fils n'étaient rien de plus qu'une poussière sur sa route et celle de sa fille. Esteban a disparu un jour, deux ans avant sa sœur, mais personne ne l'a jamais su, excepté les domestiques du château. Aussi, au fil des années, d'autres l'ont su, mais cela n'a jamais fait autant polémique que la disparition d'Aédé.

    — Comment le sais-tu alors ?

    — C'est compliqué, mais l'un des petits cousins éloignés du père de ma mère a épousé l'une des descendantes d'un domestique du château de Mélène.

La Légende d'AédéTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon